Réfugiés
Pour que l'oreille taise enfin le bruit des armes
Et ne l'entende plus quand le silence crie ;
Que vos pires souvenirs s'adoucissent de larmes
Et que ne tremblent plus vos mains jointes qui prient ;
Pouvoir sortir des murs sans tressaillir sans cesse,
En toute liberté, marcher, rêver, dormir,
Sans que la mort vous guette, vous tâlonne et vous presse,
Sans plus souffrir toujours de la peur de souffrir ;
Arracher de vos cœurs les racines terribles
De l'épouvante folle et qui toujours repousse,
Telle un chiendent maudit dont les filets étouffent
Toute fleur, tout espoir et toute joie sensible ;
Jeter sur le papier ces serpents qui dévorent
Qui torturent le cœur et hantent jusqu'au corps ;
Pouvoir le dire enfin et que les autres sachent,
Appliquer, sur la plaie, la braise d'une voix
Pour la cautériser, en aplanir la trace,
Et pour que l'avenir grand ouvert n'oublie pas.
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