A mon père

Une minute de lecture

La sciure recouvrait ta casquette déteinte

Par le soleil brûlant, lavée et relavée ;

Et pour que tu voies clair à travers tes lunettes,

Je te les nettoyais à l'eau du robinet.

La sciure éteignait également le bleu

De la cotte à bretelles qu'en toutes saisons

Tu portais en disant qu'elle convenait mieux

Au modeste artisan que tous les pantalons.

L'atelier minuscule à large porte blanche

Etait un havre sûr pour l'enfant que j'étais ;

Tu m'appris les secrets, la mesure des planches,

Mortaises et tenons, toupie, fraises d'acier.

L'atelier est désert aujourd'hui ; tes deux mains

Ont hélas quitté l'établi, la perceuse.

Et la poussière est morte qui dort dans les coins

Où elle ensevelit mon insouciance heureuse.

Cependant j'ai gardé ton sourire en mon coeur,

Les mots que tu aimais y résonnent encore ;

Ton amour bien vivant garde contre la peur

Mon épaule fragile et mes lèvres sonores.

Luttant contre le temps je défends ta mémoire

Contre l'ombre oublieuse où la voix se retire ;

Sciure ni copeaux ne sauraient recouvrir

Ni ternir à mes yeux l'éclat de ton regard.

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