Épistolaire
Tu m'écrivais souvent au dix-sept rue Florence,
Où m'avait exilée la fortune railleuse ;
Ce pays de Pagnol, ce rêve de vacances,
M'avait accueillie moi, perdue et malheureuse.
Papa était parti depuis un an déjà,
Et je t'avais laissée, seule et le cœur en peine,
Dans notre maison triste où ne résonnait pas
D'autre espoir que celui des vacances prochaines.
Tu me causais des pluies de la fin de l'automne,
Tu me causais du froid du début de l'hiver,
Des filles de ma sœur, de son "petit bonhomme"
Que tu gardais souvent pour des journées entières.
Tu me parlais des chats, Mounemie et Tichoux,
De leur sortie nocturne et de leurs tendres siestes,
Des nombreuses portées de lapereaux tout doux
Qui naissaient au clapier dans la litière épaisse.
Tu te rendais ici, tu te rendais là-bas,
Pour aller voir Fanny, Josette ou bien la Jeanne ;
Tu jardinais souvent, ne te ménageais pas,
Pour tenir bon surtout, debout sous les rafales...
Je te relis maman, et tes modestes phrases,
Me ramènent pensive au cœur de ce passé.
Quelle année difficile et que d'amères larmes
Confiées à la patience éperdue du papier !
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