Poupées
Je collectionne les poupées. Il y en a partout dans ma chambre, des étagères entières remplies de petites bonnes femmes en porcelaine appuyées les unes contre les autres.
En sortant de mon lit, j'ai le sentiment étrange de rêver, une presque-lucidité qu'il faut saisir tout de suite avant qu'elle ne s'évapore. Je m'approche des demoiselles en robe victorienne qui chuchotent entre elles. Elles me laissent pousser doucement les mèches de cheveux qui leur cachent le visage pour essayer de les reconnaître. Il y en a tant qu'il est difficile de se souvenir de chacune, surtout dans le brouillard d'instabilité qu'ont ces rêves presque lucides, anomalies qui inquiètent le cerveau et contre lesquelles il veut se défendre.
Enfin, elles se poussent pour révéler l'une de leurs camarades, cachée derrière le premier rang, le visage dans les mains. Celle-là ne se laisse pas faire quand je lui demande d'écarter ses cheveux, alors j'attends, les bras croisés, jusqu'à ce que les autres lui demandent de coopérer.
Elle ne m'est pas aussi familière que ses voisines, mais je me dis que je dois simplement l'avoir oubliée, puisqu'elle a l'habitude de se cacher. Je remercie les poupées de leur aide, et je vais prendre mon petit déjeuner, certaine maintenant que je ne rêve pas.
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