Chapitre 6
La ville de Thorgard se remettait tout doucement de l’attaque de la veille. Les rues étaient encore calme, et les traces de combats étaient encore visiblement un peu partout dans les rues. Seul le temps pourrait effacer ses traces, et en attendant, les habitants tentaient de reprendre leur quotidien. L’attaque avait causé de sérieux dommages à la ville et à certains bâtiments, et malheureusement des victimes étaient a déploré, majoritairement des civils pris dans les combats. En sachant cela, Victor était parti voir si Violena VanDyke était en bonne santé. Il fut soulagé d’apprendre qu’elle n’avait rien et le soulagement fut partagé par Violena à son sujet. Il leur raconta alors comment il s’était au retrouver au milieu du combat face aux assaillants.
« Tu as vraiment combattu avec ton mécha? demanda surprise Violena.
— Il fallait agir. Et je ne m’en suis pas trop mal sortit. Même si il n’était pas prévu pour le combat.
— Tu as déjà piloter ? questionna Emma.
— Un peu. Auparavant.»
Alors que Victor était perdu dans ses souvenirs sur le Condor, la porte de l’appartement s’ouvrit avec fracas, faisant sursauter de peur le jeune homme qui s’était affalé sur une chaise. Louise apparut dans l’embrasement de la porte complètement essoufflée et les cheveux en bataille. Elle avait manifestement courut et monté les escaliers aussi vite que possible. Elle prit un instant pour reprendre son souffle et balaya l’appartement du regard. Un sourire commença à apparaître sur son visage :
«Vous allez tous bien, quel soulagement.
— Louise ? Mais que fais tu ici? Tu n’es pas à Neokorr? demanda Violena.
— J’ai eu la nouvelle ce matin concernant l’attaque. J’ai sauté dans le premier train.
— On va bien, répondit sa mère, aucun dégâts, et Victor s’est même permis de jouer aux héros.»
Louise posa un regard interrogatif sur Victor. Ce dernier sentit la gêne qui lui colorait doucement les joues.
«N’exagérons rien, lâcha Victor en riant, je ne suis pas un héros.
— Qu’est ce que tu as fais ?
— Je me suis battu. Avec mon mécha.»
Louise fit les gros yeux en regardant Victor. Il déglutit de peur, craignant une réaction explosive de la jeune femme. Il fit quelques pas vers elle avec un grand sourire pour la calmer.
« Avant que tu dises quoi que ce soit, intervint Victor, sache que ça c’est très bien passé et que le méchanicus va très bien.
— L’état du méchanicus, je m’en contrefiche. C’est pour toi que je m’inquiète.
— Je vais bien, regarde. Aucune blessure.»
Louise le regarda de haut en bas pour s’assurer qu’il n’avait aucune tâche de sang, ni aucun coupure sur lui. Lorsqu’elle se rendit compte qu’il avait raison. Elle croisa les bras et continua malgré tout de le regarder avec un regard réprobateur.
« Qui a attaqué ?
— On ne sait pas, répondit Victor, il n’avait aucun signe distinctif, et pour l’instant la milice n’a rien dit de plus.
— Thorgard est vraiment entrain de devenir dangereuse, soupira Louise. Maman, tu ne peux pas rester ici.
— Louise, répondit Violena, je n’ai pas beaucoup de choix.
— Emma, s’il te plaît, dit quelque chose, supplia Louise.
— Écoutez, je pense qu’on a tous besoin de repos, intervint d’une voix calme Emma. Avec cette attaque on est tous sur les nerfs. On se repose et on avisera après de ce qu’on peut faire.»
Louise soupira longuement et replaça une longue mèche de ses cheveux derrière son oreille. La demande de Louise avait jeté un froid glacial dans l’appartement qui mit aussitôt mal à l’aise. De plus, il voyait l’agacement de Louise et il savait qu’elle avait envie de repartir dans cette discussion houleuse dans l’espoir de convaincre sa mère. Alors, pour couper court à tout autre problème, il décida d’aller vers la porte et tira doucement Louise par le bras :
« Viens, faut que je te montre un truc.»
Louise fut étonnée mais elle se laissa faire et ressortit de l’appartement pour laisser seuls sa mère et Emma. Elle descendit les marches pour arriver devant l’immeuble. Victor la prit doucement pour l’emmener vers son méchanicus. Il tendit son bras vers la machine et s’exclama enjoué :
«Tada ! Il a pas mal changé pas vrai? »
Louise s’approcha de la machine et commença à l’inspecter sous le regard de Victor. Elle ne put s’empêcher de regarder chaque amélioration, chaque changement de pièce avec assiduité et sérieux. Victor était presque stressé à l’idée de savoir ce qu’elle en pensait.
«Pas mal, lâcha-t-elle en souriant, ce n’est plus vraiment une épave. Il est presque décent.
— Décent ? Tu abuses un peu.
— J’ignore chez qui tu es allé, mais sache que l’évacuation de fumée est montée à l’envers.»
Victor se précipita pour voir ce que Louise pointait du doigt. Il regarda le tuyau en question de fond en comble mais ne semblait pas voir de malfaçon. En tout cas, lui n’en voyait. Il se retourna alors vers Louise qui affichait un sourire amusé. Il comprit alors :
« Tu te moques de moi?
— Peut être un peu. Mais c’était trop tentant.
— Ce n’est pas drôle, j’ai beaucoup travaillé pour le mettre dans cet état.
— Je sais, et il est très beau. Raison de plus pour ne pas te battre avec.
— Louise…
— Victor, crois moi. Se battre avec un méchanicus n’a rien d’amusant. C’est extrêmement dangereux, et je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose.
— Écoute, je dois te dire quelque chose.»
Elle haussa un sourcil et eut un petit mouvement de recul craignant visiblement ce que Victor allait lui dire. Il voulait lui dire qu’il se souvenait de quelques bribes de son passé, notamment de lui entant que soldat Eosien. Mais il avait peur. À tel point qu’il avait un incroyable noeud à l’estomac et que son rythme cardiaque battait des records. Voyant que Victor ne disait plus un mot, Louise brisa le silence :
« Oui? Je t’écoute.
— Je… Comment dire… je me souviens de certaines choses de mon passée.
— Et?
— Je crois que je suis un ancien soldat d’Eos. Et je crois que j’ai déserté.»
Le visage de Louise décomposa. Elle ne s’attendait pas à cette nouvelle. Victor ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Il savait que l’empire n’avait pas bonne presse dans cette région. Mais il n’était pas seulement un citoyen de l’Empire. Il était un soldat. Ce qui aux yeux de Louise devait être bien pire. Elle baissa d’ailleurs son regard évitant celui de Victor et se contenta d’un murmure :
«Oh, je vois. Je me doutais que tu étais de l’Empire…»
Elle soupira puis continua d’esquiver le regard du jeune homme. La situation désagréable était presque un crève coeur pour le jeune homme. Peut être aurait il du garder le silence sur son passé.
« Je suis désolé, murmure Victor, j’imagine facilement que je viens de descendre dans ton estime. Rien de surprenant. J’ai sans doute tuer des gens. Je ne dois pas être vraiment le même homme en réalité.
— Je doute que tu aies changé de comportement. Je veux dire… Tu as sans doute une bonne raison de les avoir rejoint. Et puis maintenant, tu es ici. Tu as déserté.
— Je suppose. Mais imagine une seconde. En réalité je pourrais être un homme horrible, cruel, et ne pas en avoir conscience car je ne me souviens de rien.»
Depuis qu’il avait retrouvé certains souvenirs, il n’avait que cette idée en tête. Et si il était en réalité tout ce qu’il détestait mais qu’il n’en avait juste pas conscience. Et une fois que ses souvenirs seraient de retour, il redeviendrait cette personne. Cette perspective le terrifiait et pourtant Louise ne semblait pas croire en cette théorie une seule seconde. Elle réfuta vivement de la tête :
« On ne change pas de personnalité comme ça Victor. Je suis sûre que tu es une bonne personne. Peu importe ton passé. Au final, on fait tous des mauvais choix dans la vie.
— J’espère que tu as raison.»
Elle posa délicatement sa main sur l’épaule de Victor:
« Fais moi confiance, murmura-t-elle, tu es quelqu’un de bien.»
Elle réussit à lui faire décrocher un petit sourire:
« Que vas tu faire maintenant? demanda-t-il, tu repars?
— Je devrais, on a d’importantes répétitions.»
Elle passa ses mains dans ses cheveux puis elle étira ses bras au dessus de sa tête poussant un soupire de satisfaction une fois l’étirement fini. Elle avait du courir partout pour être ici. Elle avait enfin le droit à un peu de repos et de calme. Et Victor remarqua alors son visage fatigué et ses traits tirés qu’il n’avait pas vu jusque là. Oui, elle devait être exténué.
« Mais je suis fatiguée. Je devrais me reposer et repartir demain.
— Je te conduirais à la gare.»
Louise lui adressa un grand sourire et ne manqua pas de le remercier. Victor la laissa alors se reposer le reste de la journée et rentra à son hôtel pour s’affaler dans son lit. Le lendemain, lorsque les premiers rayons du soleil vinrent le réveiller, il sauta en dehors de son lit avec une incroyable décharge d’énergie. Il se sentait particulièrement de bonne humeur aujourd’hui. Il se précipita dehors pour prendre les commandes de son méchanicus et, comme il l’avait promis, il passa chercher Louise pour l’emmener à la gare. Elle était incroyablement rayonnante ce matin-là, un large sourire était ancré sur son visage. Elle était visiblement heureuse de savoir que rien n’était arrivé à sa famille ou bien à Victor. Comme elle le disait, elle pouvait repartir tranquillement pour Neokorr et se concentrer à nouveau sur ses répétitions.
Cependant, ces plans furent contrarié. En arrivant à la gare, le duo constata amèrement qu’une foule compacte se trouver dans le hall de gare et ce malgré l’heure matinale.
« Je n’aime pas ça, siffla Louise entre ses dents.»
Elle se fraya un chemin à travers la foule se faufilant avec sa mince carrure. Elle tenait doucement Victor par la main et l’obligea malgré lui à la suivre, même s’il était bien moins facile pour lui de passer au milieu des gens. Ils arrivèrent vers le chef de gare qui n’en finissait plus de beugler encore et encore la même information :
« Aucun train ne partira de Thorgard aujourd’hui, mesdames et messieurs. Je suis désolé.
— Que se passe-t-il? demanda Louise inquiète.
— Les voies ferrées ont été coupés suite à une attaque, révéla le chef de la gare. Les trains ne peuvent plus partir d’ici. Je suis désolé.»
Louise s’éloigna de la foule, toujours en tirant doucement Victor. Le pauvre chef de gare était assailli de toutes parts par différentes questions venant de voyageurs en colère et il valait mieux s’éloigner s’ils voulaient s’entendre discuter.
«Quel enfer, soupira Louise. Impossible de quitter la ville.
— Décidément, tu crois que c’est les même qui ont attaqué ?
— Sans doute. Ils ont complètement coupée la ville. Bordel, mais qu’est ce qu’il se passe en ce moment avec toutes ces attaques?
— Il n’y a plus aucun moyen de quitter la ville ?
— Si. Il existe un moyen. Il faut traverser le désert. Normalement des caravanes de méchanicus partent tous les jours de Thorgard.
— Alors essayons. Si c’est le seul moyen de quitter la ville.»
Louise ne semblait vraiment pas enchantée par l’idée de traverser le désert. Elle commença à réfléchir à se balançant sur ses pieds d’avant en arrière. Son regard s’est fixé sur le sol froid de la gare alors qu’elle commençait visiblement à peser le pour et le contre de cette solution. Finalement, elle accepta de se rendre en bordure de la ville avec Victor afin de voir si elle pouvait bénéficier d'une caravane pour se rendre à Neokorr. Elel n’avait pas d’autre choix.
L'entrée du désert se trouvait au nord de la ville. Une immense muraille avait été creusée dans un des cols des montagnes du nord. Ce point de passage était l'un des plus gardés aux alentours de la ville. De nombreux mechanicus de la milice étaient présents. Cependant, Louise remarqua que leur nombre avait augmenté suite aux dernières attaques. Les méchanicus n'étaient pas les seuls à se trouver ici. Une foule compacte de personnes tentaient de rejoindre la grande ville en voulant franchir le désert :
«On est pas les seuls à avoir eu cette idée, constata amèrement Victor.»
Il comprit tout de suite que les choses allaient se compliquer. Les personnes s'agglutinaient autour de la porte qui était lourdement gardé par les gardes qui pour l'instant ne semblaient pas décider à laisser passer quelques personnes. Victor s'approcha d'un des murs de la muraille où était placardé un nombre incroyable d'affiche où l'on pouvait lire le même message :
POUR DES RAISONS DE SÉCURITÉ, SEULS LES CARAVANES SONT AUTORISÉES À QUITTER LA ZONE. MERCI DE VOTRE COMPRÉHENSION.
«Il semblerait que seuls les caravanes accompagnés de la milice peuvent partir, soupira Louise. ça va être compliqué.
— On peut essayer de voir avec certaines caravanes. On peut marchander des les accompagnés, et ils nous laissent passer.
— Tu veux franchir le désert avec moi?
— Je ne vais pas te laisser seule.
— Je ne peux pas te demander ça Victor, c'est dangereux.
— Raison de plus. Et puis, je n'ai pas grand chose à faire dans le coin. Autant voyager.»
Victor ne mentait pas. Cela ne lui posait aucun problème de quitter Thorgrad pour Neokorr, bien au contraire. peut être qu'en voyageant dans les différentes Cités Libres, il allait trouver la raison de sa venue ici. Un souvenir enfouie allait peut être revenir soudainement En tout cas il l'espérait vivement. Et puis, il ne pouvait pas laisser Louise dans la panade. Pas après qu'elle l'ait aidé plusieurs fois. C'était la moindre des choses qu'il pouvait faire. Il voyait qu'elle désapprouvait vivement. Il connaissait maintenant très bien ce regard. Mais elle n'insista pas lorsqu'elle vit la détermination de Victor. Ensemble, ils cherchèrent une caravane qui pourrait accepter de les transporter. Louise était une bonne négociatrice car au bout de quelques dizaines de minutes elle parvint à trouver un convoi qui était près à les accepter sous réserve que le mechanicus de Victor participe à leur protection. Même si Louise trouvait que c'était une mauvaise idée, le jeune homme avait tout de suite accepté. Il savait pertinemment qu'il ne serait pas seul à assurer leur protection. Et puis, il était très excité à l'idée de partir en voyage à travers le désert. Il se sentait comme un explorateur, et il adorait ça. C'était encore plus excitant que de fouiller des ruines.
Il regarda émerveillé la caravane de machines qui commençait à se mettre en marche. Leurs méchanicus n'avaient rien à voir avec le sien. Ils étaient sur quatre pattes comme des animaux avec sur leur dos l'habitacle qui permettait de diriger le mécha. Derrière l'habitacle, une immense plaque de métal était chargé de différents colis et victuailles pour la ville présente dans le désert : Sham'ra.
Victor appris par le responsable de la caravane que la ville ne disposait d'aucune gare, juste d'un port qui se situait bien loin de la ville. Les seules vivres que pouvaient recevoir la ville venait des caravanes qui effectuaient les trajets de Neokorr ou Thorgard vers leur ville. Une fois le chargement livré, ces même caravanes repartaient chargés d'éther raffiné pour les autres Cités Libres. Selon le responsable, le voyage était dangereux en raison des différents groupes criminels qui avaient pris place dans le désert et qui attaquaient les caravanes, notamment pour récupérer le précieux liquide vert. C'était pour cette raison que chaque caravane était protégée. Malgré tout ça, Victor n'avait pas peur, loin de là. Il avait hâte de voir ce que le désert renfermé, et surtout de voir la ville de Neokorr, soit disant la plus grande de toutes les cités. C'est alors que le convoi se mit en route pour un long et pénible voyage sous la chaleur écrasante du désert de Sham'ra.
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