Chapitre 22
Le port de la baie de Lotan était en effervescence. Une foule se pressait sur les quais dans l’espoir d’avoir accès à la prestigieuse fête du prince marchand de la baie, le dirigeant de cette ville. Venir à ce genre de soirée, c’était l’assurance d’avoir accès aux meilleurs mets et boissons de toute la région des Cités Libres. En même temps, quand on contrôle le plus grand port, on a des avantages. C’était la soirée mondaine à ne pas manquer, et Louise avait bien insisté sur le fait de venir bien habillé. Il en valait de sa réputation. Victor l’avait bien compris, et avait décidé de faire quelques achats, déjà pour lui. Mais aussi pour Guillaume et Elanor. Il fallait qu’ils se fondent dans la masse. Même si Elanor avait rouspété longuement pour ne pas porter une robe, mais un costume. Au final, ils avaient tous les trois trouvé des costumes pour la soirée, ils devraient passer inaperçus. Il réajusta sa cravate pour la mettre sous son veston. Elle avait le don de repasser par dessus à chaque fois. Il jeta un coup à sa tenue dans le reflet d’une des vitres d’un des nombreux magasins dans le port. Aucun pli, aucune tâche sur son costume noire. Il passa sa main dans ses cheveux dans l’espoir vain d’aplatir ses épis. Ses cheveux devenaient un peu trop longs et les épis devenaient de plus en plus résistants. Même si d’apparence il était parfait, Victor était incroyablement nerveux. Plus nerveux qu'à un premier rendez-vous. Il ne voulait pas que Louise croise Guillaume, ça serait la catastrophe.
Tout va bien se passer… Elle ne va pas le reconnaître.
Il se fraya un chemin à travers la foule pour se diriger vers l’embarcadère où était amarré le fameux bateau du prince marchand. Un immense bateau fait de plaques de fer assemblées entre elles. À la place des habituelles voiles, d’immenses cheminées, trois pour être exact, s’élevaient dans les airs. C’était par ses immenses tubes que les vapeurs d’éther étaient recrachées quand le bateau fendait les vagues en deux. Mais il ne verrait pas ce spectacle ce soir. Le bateau allait rester à quai. Victor était un peu déçu. Il aurait aimé voir un tel bateau en mouvement. Un bateau propulsé à l’éther, c’était forcément impressionnant. En tout cas bien plus qu’un bateau comme le Condor. Plus il s’approchait, et plus il se rendait compte de l’imposante taille du bateau. Ce n’était pas comparable avec les autres bateaux du port. Il était réellement immense. Il était long, d’après ce que Victor avait entendu, il devait faire pas moins de deux cents mètres de long. En arrivant près du quai, Victor montra son invitation enfin de pouvoir monter sur le bateau. Il regarda émerveillé un peu tout autour de lui. Il y avait un monde fou sur le pont. Tous étaient habillés de leurs plus beaux vêtements. Il chercha du regard Louise parmi le flot de gens.
« Victor ! »
La voix de Louise venait de derrière lui. Il se retourna doucement pour la voir. Elle était absolument magnifique. Elle portait une longue robe bleue qui touchait presque le sol. Elle avait remonté ses cheveux en un chignon qui dégageait son cou pour montrer un pendentif en argent au bout duquel se trouvait une pierre orangée magnifique : un orpiment taillé qui hypnotisait Victor. En réalité, ce n’était pas seulement la pierre qui l’hypnotisait, mais tous chez Louise. De sa tenue à son maquillage, elle était envoûtante. Il se trouva soudainement bien quelconque dans son costume.
« Wow, Louise tu es, souffla Victor. Tu es absolument magnifique. »
La jeune femme rougit et elle se mit à nerveusement jouer avec ses doigts :
« Merci, répondit-elle, tu es très classe.
— Tu m’as dit que c’était tenu correct, j’ai fait un effort pour ne pas être nul à tes côtés.
— Aucun risque. Je suis vraiment contente que tu sois ici. »
Elle jeta un coup d’œil aux alentours, sans doute à la recherche de quelqu’un ou quelque chose :
« Tes amis ne sont pas là ? demanda-t-elle.
— Oh ! Ils vont arriver bientôt. On est juste venu séparément. Merci encore pour les invitations.
— Je t’en prie. Ce n’était pas grand-chose.
— Hey Louise ! »
Elle se retourna pour voir qui l’appelait. Le sourire de Victor s’effaça lorsqu’il vit le groupe d’amis de Louise venir dans leur direction. Il était tous là, même Florian et Pierre. Victor déglutit. Les mots de Guillaume résonnaient dans sa tête. Celui qui voulait sans doute sa mort se trouvait parmi eux. Cette idée lui donna des sueurs froides dans le dos. Ils étaient tous si souriants et d’humeur amicale. Florian s’était même fendu d’un compliment sur le costume de Victor. C’était difficile pour lui d’imaginer qu’au milieu de ses éclats de rire se trouvaient un tueur et un traître en puissance. Et Louise n’en avait aucune idée. L’heure avança, et le groupe décida de prendre congé de Victor, ils avaient encore beaucoup de choses à préparer. Au grand soulagement de Victor, personne n’était resté avec lui. Il avait pris, à sa grande surprise, que Florian jouait aussi ce soir. Et que Pierre avait justement quelques réglages à faire sur son instrument. Tant mieux, pensa Victor. Il préférait rester seul plutôt que d’être avec un potentiel ennemi.
Il passa les minutes suivantes à se balader sur le pont, un verre de vin rouge à la main. Il avait l’impression d’être dans un autre monde, un monde bien différent du sien. Heureusement pour lui, il finit par apercevoir Guillaume et Elanor. Ils étaient enfin arrivés. Il se pressa pour aller à la rencontre :
« Et bin, vous en avez mis du temps, pesta Victor, faut pas vous sentir pressés surtout. »
Elanor se contenta d’un soupir, puis elle mit ses mains dans les poches de son pantalon. Elle devait sans doute être la seule femme en pantalon ce soir. Et bien que tous les regards étaient braqués sur elle, elle ne semblait pas faire attention à ça. Le regard des autres n’avait aucune incidence sur elle. Malgré tout, le costume lui allait étrangement bien, couvrant parfaitement sa morphologie et cachant ses tatouages de contrebandière. Elle en avait profité pour laisser ses longs cheveux bruns en liberté et les laissait bouger au grès des vents.
Guillaume avait lui aussi fait un effort. Il était quasiment méconnaissable. Finis la crasse et les cheveux en pagaille. Il avait coupé un peu ses cheveux qui ne tombaient plus de façon anarchique sur son front. Ils les avaient même brossés et plaqués un peu en arrière pour dégager son visage. Et même s’il avait gardé son cache-œil par décence, il avait taillé finement sa barbe pour ne laisser que quelques centimètres bien soignés.
Heureusement qu’ils étaient beaux, cela avait coûté une fortune à Victor.
« Alors, commença Guillaume, quelles sont les nouvelles ?
— Louise est en train de se préparer. Tout le groupe est là. Ça me stresse. Je la sens mal cette soirée.
— J’ai pris de quoi faire si ça dégénère, assura Elanor.
— On n’amène pas un revolver à une soirée Elanor, siffla Victor.
— Elle a eu raison, intervint Guillaume, voilà notre ami. »
Il fit un geste rapide de la tête pour forcer Victor à regarder derrière lui. Il s’exécuta et son stress augmenta d’un cran lorsqu’il vit Chamberlain. Il était actuellement en pleine discussion avec un homme. L’homme était dans un fauteuil roulant fait de fer. Derrière lui, un immense homme à la carrure imposante se trouvait la et regardait d’un air sévère l’ancien commandant de Victor. Victor ne pouvait pas entendre la discussion, mais il devinait que le contenu était sérieux. L’interlocuteur de Chamberlain, un homme d’un âge avancé, l’écoutait attentivement. Il passait et repassé sa main sur sa barbe grisonnante.
« Qui est l’homme avec Chamberlain ? demanda Victor.
— C’est le prince marchand, expliqua Guillaume, c’est à lui ce bateau.
— Décidément, il bouffe à tous les râteliers celui-là, pesta Elanor.
— On devrait garder un œil sur lui, conseilla Guillaume. »
De la musique se mit à retentir à ce moment-là. Victor se tourna alors vers la scène qui se trouvait bien plus loin, au bout du pont. Les lumières étaient allumées et le groupe avait pris place. Il jeta un coup d’œil à nouveau vers Chamberlain, il n’avait toujours pas remarqué leur présence. Victor soupira longuement :
« Je vais avoir besoin de plus de vin. »
S’il avait écouté d’une oreille distraite le concert, Victor s’était surtout appliqué à boire encore et encore pour faire baisser son taux de stress qui augmentait dangereusement. Et ce, malgré les avertissements de Guillaume et Elanor. Tant pis s’il était malade. De toute façon, il était plus à un vomi près, comme il l’avait souligné. Le seul moment où il avait arrêté de boire, c’était quand Florian était monté sur scène, avec dans ses mains, la guitare crée par Louise. Le morceau qu’il avait joué était incroyable. C’était la première fois qu’il entendait une musique aussi énergique. La mélodie entraînante plus la voix de Louise crée un cocktail explosif qui semblait plaire au public. Les doigts de Florian parcouraient le manche de la guitare à une vitesse vertigineuse électrisant la salle à chaque accord. La voix de Louise, bien que pourtant habituée aux chansons plus calmes, se mariait à la perfection à la musique dictée par le guitariste. Par moment, la voix de Sybile venait renforcer le chant créant une osmose parfaite entre chaque membre du groupe. Chacun se donnait à fond, de Maxime qui tenait le rythme effréné sur sa batterie, à Louise qui donnait tout sur cette chanson. Victor ne l’avait jamais vu comme ça. Elle tenait le microphone sur pied dansant limite avec lui, et ce n’était pas ses chaussures à talon qui allaient l’arrêter. Elle bougeait tellement en rythme que lentement mais sûrement, certains de ses cheveux commençaient à quitter son chignon. Et cela n’avait pas l’air de la gêner. Elle était bien trop heureuse de réaliser cette chanson avec Florian. Victor pouvait le voir au travers des regards qu’ils se lançaient l’un et l’autre, c’était leur moment. Rien d’étonnant, Louise avait du écrire la chanson, Victor pouvait le deviner en entendant les paroles. Une chanson qui parle de tourner le dos au passé pour avancer. De ne plus être aveuglé sans pour autant oublier. Et enfin, trouver sa voie. La chanson termina sur une phrase pleine de sens pour Victor : tout cela commence enfin. Quelle ironie quand on sait que c’est la dernière chanson de Louise avec son groupe. Une chanson qui sonnait comme une libération pour elle, et la promesse d’un futur où elle avance sans ses démons et ses peurs. La clameur du public succéda à ce qui était le point d’orge de leur concert, et de la brève, mais intense carrière de Louise. Elle retomba peu à peu alors que le groupe laissa place à un ensemble de musiciens plus classique venu pour mettre une musique d’ambiance douce, et ne pas gêner les discussions :
« Elle a changé, remarqua Guillaume. Sacrée chanson.
— Florian tente des choses, expliqua Victor, on vient peut-être de voir la naissance d’un autre genre de musique.
— De la musique comme ça, intervint Elanor, j’en veux tous les jours. Ça change des trucs pompeux. »
Victor lâcha un petit rire et porta de nouveau son verre à sa bouche. Chamberlain avait disparu de leur champ de vision avec cette chanson bien trop entraînante. Ça n’inquiétait pas plus que ça Victor, il commençait à ressentir les effets de l’alcool. Pas assez pour rester lucide, heureusement. Sinon, il aurait perdu ses moyens lorsque Louise était revenue vers lui.
« C’était incroyable, lâcha Victor, Florian tient un truc.
— Oui, répondit en souriant Louise, c’était vraiment bien. Je suis contente qu’il ait accepté de la faire ici. »
Louise sembla remarquer enfin la présence de Guillaume et Elanor. Elle commença à dévisager Guillaume d’un air suspect. Craignant une scène, Victor prit les devants :
« Oups, je manque à tous mes devoirs, intervint-il. Je suppose que tu te souviens d’Elanor, voici… »
Il se mit à réfléchir le plus rapidement possible :
« Voici Charles ! Son cousin. »
Guillaume eut un sourire gêné, il était pris de court par l’excuse de Victor :
« Enchanté ! s’exclama-t-il.
— Enchantée, répondit Louise, et bien sûr que je me souviens d’Elanor. Mais… on ne sait pas déjà vu. »
Victor déglutit. Il avala le restant de son verre alors que Guillaume faisait preuve d’un aplomb totalement nouveau :
« Je ne crois pas. Je me serai souvenu si j’avais croisé une si jolie femme. »
Elanor donna un petit coup de coude discret à Guillaume qui n’échappa pas à Victor.
« Arrête un peu, Charles, souffla Elanor. On ne se comporte pas comme ça devant une dame. »
Victor leva les yeux au ciel.
On est foutu avec ces deux-là.
« C’est bon, ria Louise, je ne l’ai pas mal pris. Au contraire.
— Louise, intervint soudainement Victor, as tu quelques minutes ? Je dois te parler. »
Victor sentit les trois regards interrogatifs sur lui. Mais il sentait qu’il devait éloigner Louise de Guillaume pour éviter qu’elle se pose plus de questions. Et puis, c’était le moment idéal pour lui parler un peu de ce qui lui était revenu en mémoire. Louise se contenta d’un hochement de tête pour signifier qu’elle avait du temps à lui accorder. Victor prit sa main et l’amena doucement loin de la foule présente sur le pont et de la musique. Il trouve un coin un peu loin, près d’une des rambardes du bateau. La vue était magnifique, la mer était calme et contrastait grandement avec l’agitation de la fête. Les rayons de la lune venaient se refléter doucement dans un scintillement qui apaisait enfin le stress de Victor. Il sentit la main douce de Louise venir caresser sa joue pour le ramener doucement vers la réalité :
« Est-ce que tu es sûr que ça va ? demanda-t-elle un brin inquiète. Tu sembles vraiment préoccupé.
— Je dois te parler. »
Les mains de Victor s’agrippèrent à la rambarde et son regard se perdit de nouveau dans la mer :
« J’ai retrouvé mes souvenirs, commença Victor.
— Oh… Est ce que c’est le moment où tu me dis que tu as déjà une femme et des enfants de l’autre côté ? »
Victor lâcha un rire sincère puis il secoua la tête pour réfuter. Non, ce n’était rien de tout ça. Il lui expliqua qu’il n’avait personne qui l’attendait à Eos. Il lui releva tout ce qui lui était revenu : son enfance dans l’orphelinat, son enrôlement de force dans l’armée. Et les souvenirs traumatisants qui ont suivi.
« J’étais pas assez bon à l’école, soupira Victor, alors on m’a forcé à rejoindre l’armée.
— Tu n’as jamais essayé de retrouver tes parents ?
— Non, je suis blond aux yeux bleus. Ce n’est pas vraiment le type de physique qu’on trouve à Eos. Mes parents ont dû faire partie d’un des nombreux peuples annexés. »
Il haussa les épaules de fatalité. Il n’avait jamais vraiment ressenti ce besoin jusqu’alors. À quoi cela aurait servi pour lui de savoir la vérité ? Pas grand-chose selon son point de vue.
« Tout ça pour dire, reprit Victor, que je ne suis pas vraiment un type bien. J’ai fait des choses horribles. J’aurais aimé te dire que je suis un héros, que j’ai accompli des choses incroyables, mais c’est faux. Je ne suis rien de tout ça.
— Ça m’importe peu, répondit-elle en haussant les épaules. Je ne suis pas naïve, Victor. Je sais ce qui se passe quand on est dans l’armée. On ne choisit pas l’endroit où l’on va naître. Tu n’avais pas vraiment d’autre choix. Au final, tu as décidé de changer de vie. C’est tout ce que je retiens.
— Il y’a autre chose dont je voulais te parler. »
Louise le regardait avec attention alors qu’il sentait les perles de sueurs coulait sur son front à cause de son stress. Il resserra sa poigne sur la rambarde :
« Lorsque j’ai quitté l’armée, j’ai eu vent des plans de Chamberlain. Il voulait annexer les Cités sous l’ordre de l’Empereur. Un plan long qu’il avait déjà commencé à mettre au plan au moment où je l’ai appris. Sur les plans se trouvait ton nom.
— Je ne sais pas pourquoi l’empire me cherche, avoua Louise. Je te l’ai déjà dit. Je n’ai absolument aucune idée.
— Je sais. Je ne sais pas non plus. Mais je sais que quelqu’un aide Chamberlain, et que c’est Phantom. Et avec ce que tu m’as dit sur son méchanicus, j’ai bien peur que Phantom soit quelqu’un que tu connais. »
Le regard de Louise se perdit au loin. Elle fixait son groupe d’amis qui se trouvait au milieu de la foule. Le visage grave, elle réfuta doucement de sa tête :
« Non, c’est impossible.
— Je sais ce que tu penses, répondit Victor, mais imagines, juste cinq minutes. Ça expliquerait tellement de choses. »
Elle croisa ses bras sous sa poitrine. Son visage avait perdu de son éclat avec les révélations de Victor :
« Tu es sûr que l’Empire va attaquer ? »
Sa voix était teintée d’inquiétude. Victor n’était pas sûr de grand-chose en général. Mais là, il savait qu’il ne se trompait. Ce n’était qu’une question de temps, peut être de jours. Mais il savait que Chamberlain allait attaquer. Sa présence ici voulait tout dire.
« Je suis sûr. Ce n’est qu’une question de temps. »
Louise ne répondit pas. Elle se contenta d’un regard lourd de sens envers Victor. Il comprenait aisément ce qu’elle ressentait. Il aurait pu aussi lui parler de Guillaume et lui dire la vérité. Il n’avait pu s’y résoudre. C’était trop dur pour lui. Il se sentait lâche et menteur, mais c’était trop dur pour lui d’assumer tout ça. Quand tout serait réglé avec Chamberlain, il pourrait lui parler de Guillaume, mais pas avant. Alors que le silence s’installait entre eux, il regarda au loin parmi la foule. Guillaume et Elanor s’étaient mis à danser, au grand étonnement de Victor. Il sourit doucement, visiblement, il était le seul à s’en faire de cette situation. Il tendit sa main vers Louise qui la regarda avec interrogation :
« Voudrais-tu m’accorder une danse ?
— Tu sais danser ? demanda-t-elle amusée.
— Non, mais ce n’est pas grave. »
Louise lâcha un petit rire et prit doucement la main de Victor. Au final, c’était elle qui menait la danse, et Victor se laissait faire. Ça lui allait comme ça. De toute façon, il n’était pas un bon danseur. Et au moins, cette danse leur occupait l’esprit à tous les deux. Chaque pas et chaque mouvement éloignait un peu plus les pensées noires qui venaient les assaillir. Au moins, le reste de la soirée se passa dans l’insouciance, loin de Chamberlain, qui avait disparu, et loin de Phantom.
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