Chapitre 30

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Louise poussa un immense soupir de soulagement en sortant du méchanicus de Victor. La guerre venait de prendre une autre tournure, une bonne tournure. Désormais avec les réserves d’éther de leur côté, ils affrontaient avec armes égales l’empire. Du moins, pour l’instant. Les derniers jours loin de Val Éthéré avaient été intenses pour eux, mais désormais ils pouvaient souffler un instant, avant que les combats ne reprennent de plus belle. La guerre était loin d’être finie, et la victoire ne leur avait donné qu’une brève accalmie. Jamais Victor n’aurait cru que le froid glacial de la ville lui procurait une telle chaleur, celle de revenir chez lui. Et pourtant, il était tellement content de rentrer. Il espérait désormais avoir des nouvelles d’Elanor et de Guillaume. Il sortit à son tour du méchanicus, et il inspira un grand coup pour remplir ses poumons d’air frais. Il sentit deux bras l’enlacer doucement. Louise enfouit sa tête dans la veste de Victor qui répondit doucement à son étreinte. Tous les deux étaient plus que soulagés de se retrouver loin de la guerre, ensemble. Un petit instant de calme et de répits.

« Louise ! »

Elle se détacha de Victor aussitôt en entendant son nom. Puis elle se tourna. Emma courrait vers elle soulevant au passage de la neige. En la voyant arrivée, Victor sentit son cœur se compresser. Il avait un étrange et inquiétant pressentiment. Et le visage paniqué d’Emma ne l’aida pas à faire disparaitre ce sentiment.

« Je t’ai envoyé des messages, tu ne les as pas reçus ?

— Non, je n’ai rien reçu là bas, répondit Louise en secouant la tête, que se passe-t-il ?

— C’est ta mère. »

Le temps se stoppa autour d’eux. Louise ne demanda pas d’explications, puis elle fonça en courant chez sa mère. Emma regarda Victor. Son visage en disait long sur la situation. Victor lui demanda alors que ce qu’il se passait, pendant que tous les deux suivaient Louise. Emma soupira longuement en secouant son visage.

« L’état de Violena a soudainement empiré. Je ne comprends pas pourquoi. Elle allait tellement mieux. C’est incompréhensible... »

Une rechute soudaine et au pire moment. Victor poussa la porte de la maison de Violena. Louise était déjà à l’intérieur. La chaleur de la maison fit rougir les pommettes de Victor. L’âtre dans la maison brûlait d’un feu ardent qui réchauffait sans peine l’atmosphère. Au fond, sur le canapé du salon, Violena était allongée. Recouverte d’une petite couverture en laine, elle était à moitié consciente. Ses yeux étaient mis clos, et ses longs cheveux noirs étaient collés sur son visage par sa sueur. La lumière orangée produite par le feu éclairait doucement sa belle peau pâle et lui donnait des couleurs qu’elle n’avait déjà plus. Victor n’osait pas faire un pas de plus, il voyait Louise qui était agenouillée près de sa mère. Un silence de plomb régnait dans la salle qui était parfois entrecoupée de la respiration haletante de Violena, ou des bûches qui craquaient dans le feu.

« Louise. »

La voix de Violena était faible, mais elle parvenait aux oreilles de Victor. Il n’osait plus bouger. Il ne savait même pas s’il avait le droit d’être là.

Putain, ce n’est pas vrai…

« J’étais sûre que tu reviendrais, en un seul morceau.

— Je suis désolée, maman, s’excusa Louise. Emma m’a envoyé un message, mais je ne l’ai pas reçu, avec la guerre et tout le reste… Si j’avais su...

— Oh, tu n’as pas à t’excuser, je comprends. »

Elle s’interrompit pour laisser une toux grasse sortir de son corps. Victor observait de loin la scène en secouant doucement sa tête. Il savait ce qui était en train de se passer. À sa grande dam. D’un revers de la main, Violena essuya un peu de sang qui coulait du coin de sa bouche. Puis elle poussa un long soupir de fatigue.

« Alors, reprit-elle d’une voix faible. J’ai cru comprendre que la bataille est gagnée… Bien joué.

— Oui, pour l’instant on a les puits. Mais il nous reste beaucoup à faire. Eos ripostera. »

La voix de Louise était éteinte. Elle répondait machinalement aux questions de Violena, mais le cœur n’y était plus. Elle avait, elle aussi, compris que sa mère n’en avait plus pour très longtemps. Elle avait le regard fixé sur ses chaussures, n’osant pas regarder les yeux de sa mère. Les mains de Louise jouaient nerveusement avec son haut, se crispant à intervalle régulier contre le tissu rouge.

« J’ai eu vent de tes exploits… »

Louise releva la tête pour regarder sa mère.

« Je sais que tu n’approuves pas vraiment ce que je fais, soupira Louise. J’imagine que tu auras préféré que je sois chanteuse comme toi. Je serais loin du danger. Loin de tout ça. Je suis désolée de te décevoir. De ne pas être une fille parfaite.

— Oh Louise… je ferais une bien mauvaise mère si je te le disais. »

La main tremblotante de Violena vint attraper celle de Louise.

« Est-ce que c’est vraiment ce que tu veux faire ?

— Je ne veux pas faire la guerre, maman. Je te mentirais si je te disais que je veux le faire. J’ai toujours aimé les méchanicus, mais je ne veux pas m’en servir comme une arme… Mais… avec Eos… »

Louise secoua doucement sa tête.

« Je ne peux pas rester à ne rien faire. Vu ce que je sais, et ce dont je suis capable, je me dois de faire quelque chose. C’est mon devoir.

— Tu parles comme ton père, il serait fier de toi, tu sais ?

— Tu crois ?

— Je suis sûre… Il a toujours été très fier que tu t’intéresses à la mécanique. Il t’a toujours trouvé très doué. »

Violena se releva un peu. Cela parut un effort surhumain du point de vue de Victor, tellement son visage était fatigué et marqué par la douleur. Une fois son effort terminé. Elle prit un instant pour reprendre sa respiration.

« Louise, ce n’est qu’une bataille. Le plus dur est sûrement à venir. Eos répondra, avec force.

— Je sais. Et nous serons prêts. »

La voix de Louise ne présentait soudainement aucun doute ni aucun tremblement. Elle regardait droit dans les yeux sa mère qui lui répondait par un doux sourire.

« Je me souviens encore de toi, petite qui courrait dans les jambes de ton père pour l’imiter. Pour réparer les méchanicus. Tu voulais devenir comme Wright et inventer quelque chose d’incroyable… Et regarde-toi… Ma petite fille est devenue une immense femme. Je t’aime Louise. Je suis contente que les gens se soient enfin rendu compte de ta valeur, Louise. Ne lâche rien.

— Oui. Tu verras, tu seras fière de moi.

— Je le suis déjà, chérie. Je suis tellement fière de toi. »

Victor voyait au loin les yeux de Louise qui ne pouvaient plus contenir ses larmes. Elle se mordait la lèvre à intervalles réguliers alors que sa voix vibrait de plus en plus :

« Ne me laisse pas, maman. N’abandonne pas, tu peux encore te battre et guérir. Tu étais supposée aller mieux ici !

— Louise… Parfois, on ne peut rien faire. Il faut simplement accepter que les gens partent. Même si c’est dur. Même si on ne le veut pas. Il faut l’accepter. Dans le cas contraire, on se détruit. Notre colère et notre chagrin nous consument.

— Je ne sais pas si je pourrais…

— Tu pourras. Je le sais que tu es forte… Ne t’en fais pas pour moi. Je n’ai aucun regret. J’ai été pleinement heureuse. Je rejoins ton père… Mais toi… Tu seras seule ici… N’abandonne pas… »

Violena toussa encore une fois, plus violemment que les précédentes. Louise soupira alors, et détourna le regard, ne voulant pas voir sa mère ainsi, c’était visiblement trop dur pour elle. Toute sa confiance et son assurance venaient de s’évaporer alors qu’elle répondait d’une voix faible à sa mère :

« Je protégerais nos cités. Je te le jure… »

Elle sentit de nouveau la main de sa mère qui caressait sa joue en silence. Puis elle la sentit glisser le long de sa peau pour tomber lourdement sur le matelas. Louise la regarda alors, et la vit inconsciente. Ses yeux clos lui donnaient un air paisible, presque endormi. Seul un filet de sang qui partait du coin de sa bouche lui rappelait que c’était la maladie qui faisait œuvre. Louise le leva d’un bond, et posa ses mains sur les épaules de sa mère et la secoua doucement :

« Maman ? Maman ! »

Aucune réponse. Le corps de sa mère se laissait faire sans opposer aucune résistance. Victor regardait de loin l’agitation qui commençait à naitre en Louise, et Emma. Il ne savait pas quoi faire, et se contenta de rester en arrière. Mais au fond de lui, il savait que c’était déjà trop tard, Violena avait rendu son dernier souffle. Mais sa fille ne voulait pas accepter l’affreuse vérité. Les minutes qui suivirent furent un douloureux et pénible défilé de personnes, notamment de médecin qui tenta vainement de la sauver. Et de Louise qui hurlait à sa mère de revenir à elle. Au final, leur verdict tomba comme un couperet sur le coup de Louise. Sa mère avait perdu son combat contre la maladie. Après un bref regain d’énergie et une période de rémission, ses poumons avaient fini par lâcher pour de bon. Son absence laissait un chagrin inconsolable chez Louise, qui n’arrivait pas à l’accepter. Elle s’était emmurée dans un silence de plomb concernant l’événement, et ne parlait plus que de la guerre. Rien n’avait d’importance. Il n’y avait que la guerre.

Et Victor était là, à la regarder, sans pouvoir trouver le bon mot, le bon geste pour atténuer sa douleur. Bien au contraire, la voir comme cela était dur pour lui, et lui rappeler sans cesse que depuis des mois, le jeune homme ment pour préserver Louise, et qu’il continuait de mentir. De passer sous silence la mort de Basile, la présence de Guillaume. Il devait changer ça.

Il faut que ça cesse. Je dois lui dire la vérité.

Cette idée ne cessait de hanter Victor. Il n’en pouvait plus. Depuis plusieurs jours, il voyait Louise complètement éteinte. Elle se donnait corps et âme dans les préparations de la guerre. Elle donnait tout ce qu’elle pouvait pour améliorer les méchanicus et faire les nouveaux plans des machines. Grâce à la bataille, elle avait acquis une notoriété, et sa parole n’était plus remise en cause désormais. Victor savait que ce n’était pas vraiment le moment opportun pour parler à Louise de Guillaume. Mais il ne pouvait plus retenir ce secret. Il ne savait pas comment il s’était retrouvé dans cette situation, au pied du mur. Il avait si souvent esquivé la question pour n’affronter ce moment qu’il avait désormais l’impression de lui mentir constamment. Chaque mot dans sa bouche qui lui était adressé était amer. Il devait lui parler.

Victor inspira un grand coup. Ce n'était vraiment pas évident pour lui de parler de ça, mais il sentait que c'était le moment. Il ne pouvait plus garder ça pour lui. Il devait lui dire la vérité. Il avait réussi à accaparer Louise quelques instants. Elle pouvait enfin se reposer après la victoire de Sham’ra, mais la milice lui en demander beaucoup, et comme à chaque fois, elle n’osait pas dire non. Ce soir-là, un étrange calme régnait en dépit de la guerre qui se déroulait plus loin. C’était comme si la guerre et le temps s’étaient suspendus le temps du deuil. La mort de Violena était encore dans tous les esprits, et surtout celui de sa fille. Victor savait pertinemment qu’elle était plus qu’effondrée par tout ça. Mais c’était pour cette raison qu’il ne pouvait plus cacher la vérité. Elle avait le droit de tout savoir.

« Louise, je dois te dire un truc, ce n'est pas facile du tout. »

Elle croisa les bras et haussa un sourcil. Son visage était fatigué et tiré. Elle ne souriait même pas en présence de Victor :

« Je t'écoute.

— Voilà… »

Bon sang, c'est dur.

« Je connais Guillaume Hunter. C'est un très bon ami. »

Son cœur battait à toute allure. Il avait affreusement peur de la réaction de Louise. Et il avait raison. Son visage se ferma à la suite de cette révélation et son regard s'embrassa de rage. Ce n’était plus la même personne et sa voix, glaciale, était pareille à un couperet :

« Dis-moi que c'est une blague.

— Louise…

— C'était lui sur le bateau, pas vrai ? »

Victor hocha doucement la tête.

« Comment j'ai pu être aussi conne…

— Louise, écoute.

— Non, je ne veux pas t'écouter ! Tu m'as menti ! Pierre m'avait prévenu. Il m'avait dit que tu me mentais, que tu connaissais Guillaume. Et moi, conne comme je suis, je t'ai défendu. Je lui ai dit que jamais tu n’oserais me mentir. Pas après tout ce qu'on avait vécu. Pas après tout ce que j’ai fait pour toi ! »

Sa voix était un mélange de colère et de déception, et chaque mot était un coup envoyé dans le cœur de Victor :

« Mais tu l'as fait. Tu m'as menti !

— Louise ! J'étais amnésique !

— Et depuis combien de temps la mémoire t'est revenue ? »

Il ne répondit pas.

« Je vois… Donc tu m’as sciemment caché la vérité.

— Louise, Guillaume a changé. Laisse-lui une chance.

— Une chance ? Il doit être en prison. Et c'est tout ! Il a tué Connor !

— C'était un accident !

— Tu étais là ? Tu as vu ce qu’il s’est passé ? Parce que moi, oui ! J’ai tout vu ! J’ai vu Connor et Guillaume se battre jusqu’à ce que l’un finisse broyé par un méchanicus ! Et, j’ai vu Guillaume s’enfuir comme un lâche juste après.

— Il avait peur. Mais il a compris son erreur, et il est revenu pour la réparer.

— Réparé ? On parle d’un mort, Victor. Peu importe ce que cet abruti veut faire, rien ne fera revenir Connor.

— Mais il peut au moins être jugé ! Louise, essaye de comprendre, supplia Victor.

— Il aurait dû être jugé avant ! Mais il a préféré fuir, bien aidé par son riche de père. C’est fou comme c’est facile d’échapper à la justice quand on est puissant…

— Louise, s’il te plait, comprends-moi.

— La seule chose que je comprends, Victor, c’est que l’homme que j’aime m’a menti depuis le début. Et qu’il est un proche ami de celui qui a tué mon fiancé. De celui qui a passé des années à me pourrir la vie. C’est tout ce que je comprends.

— Je voulais t’en parler, crois-moi ! Mais c’était trop… Trop dur. Quand j’ai retrouvé mes souvenirs et que j’ai compris que Guillaume était celui qui t’avait du mal, j’ai paniqué ! Totalement ! Je ne savais pas quoi faire, Guillaume m’avait dit de prendre mes distances avec toi, mais c’était trop dur.

— Prendre tes distances avec moi ? »

Elle lâcha un rire pincé et se mordit la lèvre :

« Tu ne comprends pas hein ? reprit-elle. Guillaume est un enfoiré égoïste. Il veut tout avoir, et quand il ne l’a pas, il détruit… Et regarde, il n’a pas changé ! Pourquoi il n’a rien dit lorsque je l’ai vu ? Pourquoi il n’a pas cherché à faire amende honorable maintenant qu’il est ici ? Parce qu’il s’en fout ! Il se cache derrière toi en attendant que tu fasses son sale boulot. Et tu le fais ! Tu es là à essayer de laver son sale honneur.

— Ce n’est pas vrai.

— Ah oui ? Tu fais quoi là ? Tu lui mâches le travail, car il est incapable de prendre des responsabilités. C’est un couard qui préfère se cacher.

— Guillaume est mon ami ! On a vécu beaucoup de choses ensemble, je lui fais confiance.

— Tu es complètement aveuglé par lui.

— Et toi, tu écoutes bien Pierre.

— Ne commence pas, soupira Louise. Pierre est bien plus qu’un ami, c’est comme un frère pour moi ! Tout ce qui voulait c’était me protéger. Me mettre en garde contre toi. Et il avait raison. Tu me mens.

— Je n’ai pas voulu cette situation, Louise ! Tu ne vois pas ce que Pierre est ? C’est… C’est un traitre ! Il est du côté d’Eos comme Sybile, je le sais, je l'ai vu ! Ils ont même embrigadé Basile dans leur folie ! J’ai du.. J’ai du… »

Victor passa sa main sur son visage incapable de finir sa phrase. Louise était horrifiée par ce qu’elle venait d’entendre.

« Tu… Tu as fait quoi ?

— Basile était du côté de l’Empire durant la bataille… Je suis désolé…

— Tu me mens, encore.

— Bon sang Louise ! Je ne te mens pas ! C’est la vérité ! Pierre et Sybile ne sont pas ceux que tu crois !

— Comment puis-je te croire maintenant ? Hein ? Comment ? Qu’est-ce qui me dit que tu me dis la vérité ? Que tu ne complotes pas pour te sortir de la situation ? Que tu ne manigances rien avec Guillaume ?

— Louise, je t’aime ! Tu sais très bien que je ne pourrais pas te faire du mal.

— Mais tu l’as fait. »

Louise soupira longuement. Et pendant quelques minutes, il n’eut rien d’autre qu’un long silence pensant entre eux. Un silence que Victor avait peur de briser. Il pensait que chaque mot de plus allait faire empirer la situation. Il n’était pas en colère, loin de là. Au fond de lui, il comprenait la réaction de Louise. Il ne pouvait pas espérer une meilleure réaction après lui avoir menti depuis longtemps. Il le savait. Il aurait aimé remonter le temps à partir de ce moment-là, pour ne pas lui mentir. Mais c’était trop tard. Et pour ne rien arranger, Pierre avait visiblement préparé le terrain et lui avait révélé la vérité, ajoutant un peu plus de colère en Louise.

« Je crois qu’on a terminé, lâcha sèchement Louise. »

Elle commença à partir lorsque Victor lui attrapa doucement le poignet. Elle ne résista pas et s’arrêta. Mais son regard froid transperça le cœur de Victor. Il avait rarement vu un tel regard chez elle.

« Je t’en prie, Louise. Ne m’oblige pas à choisir entre Guillaume et toi.

— Je ne le ferais pas. Tu as déjà fait ton choix. »

Elle se dégagea de l’emprise de Victor. Le regard froid de Louise laissa peu à peu la place à quelques larmes :

« Tu as fait tout seul ton choix, Victor. J’ai passé tellement de temps à te défendre face à Pierre, pour me rendre compte qu’il avait raison… C’est fini. Je ne veux plus te voir. »

Non… Non…

Victor déglutit et secoua la tête. Alors, c’est comme ça que leur histoire se terminait. Un mensonge qui avait duré trop longtemps attisait par les paroles perfides de Pierre et voilà. Tout s’arrêter maintenant. C’était comme si tout s’effondrait autour de Victor. Il avait tout perdu en un instant. Il n’avait plus de nouvelles de Guillaume, et désormais il perdait Louise.

« Je t’en prie, Louise, supplia Victor.

— Je n’ai pas le temps pour ça. J’ai une guerre à gagner. »

Sur ces mots durs, elle s’éloigna de lui sans lui adresser un autre regard. Il la regarda partir alors qu’elle fit un bref geste de la main pour essuyer sans doute les larmes qui coulaient. C’était pareil pour Victor. Il sentait les larmes qui coulaient sur ses joues et sa gorge se nouait. Il avait du mal à réaliser ce qu’il se passait.

C’est vraiment fini…

Ses remords ne faisaient que grandir alors qu’il repassait dans sa tête toutes ses erreurs jusque-là. Il s’en voulait tellement. Il était en colère contre lui. Il aurait dû, dès le début, faire confiance à Louise, mais il avait laissé ses doutes prendre le dessus. Et maintenant, il se retrouvait seul, sans rien ni personne. Seul avec ses regrets, ses doutes et ses questions. Seul, sans plus aucune raison de se battre.

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