Prologue
Les lourds rideau de velours rouges encadraient la pièce, tel un théâtre macabre. L'homme me regardait, un sourire aux lèvres. Cet homme qui m'avait recruté dans la rue, tôt. Cet homme à j'avais promis de garder le silence. Un silence si important à ses yeux qu'il m'avait fait signer un contrat, dont les mots resteraient à jamais gravé dans ma mémoire, tout comme ils étaient gravés à jamais sur le papier.
-"Sefkan... Tu as fait ta promesse. Cette signature en bas de cette feuille n'est pas qu'un simple gribouillis. Elle représente ta vie. "
A ces mots, j'avais tremblé. Je savais dans quoi je m'engageais, j'avais peur ma je le faisais. Parce que ma réussite était là. A chaque fois que je regardais cet homme, je me revoyais derrière les bâtiments sales, contre les murs dégueulasses, une clope au bec, et une cannette de bière à la main. Je me revoyais minable et je me souvenais que c'était lui qui m'avait tiré de là.
Et aujourd'hui c'était la même chose. Il était en face de moi, et me regardait intensément. Je lui ai rendu son regard, et, comme s'il captait mes pensées, il posa un doigt sur ses lèvres, doucement.
Il enleva ses gants de cuir noir luisant après quelques instants. Cet homme était impeccable. Il ne laissait ses empreintes nulle part. Il remit ses cheveux noirs épais et ondulés en arrière et dévêtit son blazer, noir lui aussi. Il s'est penché vers moi, un air plus que sérieux sur la face.
-"Rentrons dans le vif du sujet, Sefkan Stojanovic.
-Allez-y, fis-je, sachant qu'une dinguerie m'attendait.
Il se cala confortablement dans son fauteuil rouge comme les rideaux. Il regarda le plan posé sur la table basse qui nous séparait. Je compris immédiatement son importance.
-"Ca, fit-il en le désignant, c'est le plan de Belgrade. Et ça, c'est le quartier de Novi Beograd. Le quartier le plus grand de la capitale. Tu vois où je veux en venir ? C'est là qu'on va lancer notre attaque. Et tu es la clé de l'opération. "
J'ai sursauté. Comment ça la clé de l'Opération? Je n'avais certainement pas les épaules pour ça. Il continua, comme il savait que j'étais surpris.
-" Comme tu fais partie de la police, et que tu es l'inspecteur divisionnaire du commissariat de Belgrade, c'est sur toi que tout repose. C'est toi qui doit nous donner toutes les infos. "
J'étais en freeze. C'est la première fois qu'on me confie quelque chose d'aussi important au sein du Cercle de la Haine Eternelle.
-"C'est une tâche complexe, car la police de Belgrade est très impliquée. Vous travaillez en collaboration avec le FBI. "
Je me suis levé, mon téléphone portable, soigneusement rangé dans ma poche ayant sonné. C'était mon rappel horaire, c'était l'heure de retourner au travail.
-"Je m'en occupe. "
J'avais répondu simplement, et le Veilleur avait eu un sourire satisfait. J'ai pris l'ascenseur. C'était impressionnant de se trouver au 30ème étage d'un building. Ma Audi a4 break m'attendait sagement sur le parking. Autant d'argent grâce au Veilleur.
Arrivé devant le commissariat, j'ai soufflé. Jouer un double jeu n'était pas si facile, un rien pouvait trahir mes passions. Un mot, un geste, et c'était finito. Je devais faire attention à tout ce qui sortait de ma bouche, sinon... Je finirais comme un traître et le Veilleur me tuerait.
Je passais à l'accueil pour saluer quasiment chacun de mes collègues. On m'appréciait beaucoup. Je suis parti me changer en vitesse, m'attardant sur mon tatouage sur le torse. Il représentait un cercle, avec tout autour, comme une fumée noire qui s'évaporait. Cette fumée, c'était la haine de la vie, c'était la haine du gouvernement, c'était la haine du pays.
Une fois changé, je sorti d'ici. J'étais vêtu d'un pantalon bleu marine cargo et d'un t-shirt noir Nike. J'ai replacé mes cheveux bruns qui me tombaient sur la vision. Je suis passé devant la secrétaire, qui m'a reluqué, comme à son habitude, séduite par le grand sourire blanc que j'arborais. J'ai rejoint Ivan dans le bureau. En ouvrant la porte j'ai été plus que surpris. Il portait la tenue du FBI noire et l'un d'eux était en face de lui. L'inspecteur en chef était également présent. Ils m'ont regardé tous les trois. J'ai senti directement que quelque chose se tramait, en raison de la lourdeur de l'atmosphère.
C'est l'homme du FBI qui a prit la parole en premier. Je me suis adossé au bureau, bras croisés pour écouter ce qu'il avait à me dire.
-"Inspecteur Stojanovic*, j'imagine que vous êtes au courant de l'attentat terroriste ayant eu lieu il y a quelques semaines?
Je lui fis signe de la tête que oui. J'y avait participé, je savais bien d'où elle sortait. Il continua:
-Moi et mes collègues avons réussi à démanteler une partie du réseau. Voici ce que nous savons. "
Il me remit un document de presque 10 pages. A croire que j'avais du temps pour ça, il aurait tout simplement pu m'expliquer en quelques minutes le tout. Pourtant, j'ai quand même pris la peine de feuilleter les pages. Les principales informations me sautèrent aux yeux, faisant perler sur mon front quelques gouttes de sueur, que j'ai tenté d'essuyer discrètement.
On avait été cramés. L'attentat dont m'avait parlé le Veilleur il y avait moins d'une heure était en préparatif depuis déjà quelques temps et il ne m'en avait pas parlé, alors que j'étais son bras droit. Les flics nous avaient repérés.
On causait des incendies, des morts et des blessures depuis plusieurs années, bien que je n'ai rejoint le Cercle de la Haine Eternelle depuis un an. Je savais que la police se doutait de l'existence d'une organisation depuis des mois, mais jamais il n'avaient trouvé la preuve ultime. Mais là c'était prouvé. J'ai froncé les sourcils, regardant plus en détails les informations. Ils ne connaissait ni notre nom, ni nos membres, ni notre QG. A nous d'éviter qu'il les connaisse.
Personne n'avait connaissance de la double vie que je menait. Pas même Ivan, mon cher collègue de bureau, qui était plus devenu un confident qu'un camarade. J'ai sorti le nez de l'encre.
-"Et qu'est- ce que vous attendez de moi exactement ?
-Que tu rejoignes le FBI, que tu espionnes et que tu perquisitionnes. "
Il m'a tutoyé d'un coup, mais ça ne m'a pas dérangé. Et comme un con, je lui ai dit :
-"J'accepte. "
Je m'engageais dans quelques chose de risqué, à l'aveuglette. Comment faire partie du FBI et en même temps du Cercle de la Haine Eternelle. J'allais devoir trahir un des deux. A moins d'être assez astucieux.
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*Les noms Serbes se finissant pas les lettres "ic" se prononce itch.
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