Chapitre 13 /!\ Scène spicy

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  Les Morganiens envahissaient et détruisaient un nouveau village. La colère déformait les traits de Lara, ses yeux vairons lançaient des éclairs alors qu’elle tranchait la gorge du chef du village. Encore un qui refusait de se soumettre. Encore un qu’ils détruisaient et toujours pas d’Elena en vue. Elle hurla de rage alors que le sang giclait sur son visage. Cela ne s’était pas du tout passé comme elle voulait. Elena s’était enfuie, et ils n’arrivaient pas à remettre la main sur elle. Elena semblait s’être évaporée dans la nature. Lara la cherchait toujours avec ces acolytes, mais ce n’était pas leur mission principale. Ils devaient soumettre un maximum de magiques à leur cause… ou bien les détruire s’ils refusaient. La femme rameuta ses hommes et ils s’en allèrent. Lara regarda l’horizon, réfléchissant à la suite.

— Où devons-nous aller maintenant ma Dame ? demanda un homme qui se tenait droit à ses côtés.

— Au prochain village, trois lieux à l’Est, dit Lara. Ensuite nous nous occuperons des non magiques qui vivent à la frontière. Préparez les hommes, nous partons à l’aube.

— Bien, avez-vous besoin d’autres choses ?

— Non, tu peux disposer, la seule chose dont j’ai besoin, tu ne peux me l’offrir.

L’homme s’éloigna sans un mot de plus. Lara resta un long moment à observer l’horizon. Elle tenait enfin sa vengeance, à quelques poignées de lieux. Demain, elle tenterait à nouveau de soumettre des Merlinois… et si cela ne fonctionnait pas, elle les anéantirait, tout comme les non magiques. Mais avant cela elle prendrait un malin et malsain plaisir à les mettre en esclavage, les parquer comme ils le faisaient avec leur peuple depuis des siècles. Elle allait enfin libérer les siens du joug des sans-magiques. La jeune femme mena son cheval vers le campement et prit une bonne nuit de repos. Le lendemain, elle est les siens partirent au combat et se heurtèrent à une défense bien plus soutenue que ce à quoi ils s’attendaient. Lara plissa les yeux et observa les défenses. Elle inspira et augmenta magiquement sa voix :

— Clan merlinois. Je suis ici pour vous mettre face à un ultimatum. Rendez-vous et soumettez-vous à nous, rejoignez notre cause… Aidez-nous à nous libérer du joug des non magiques ! Prenez les armes et aidez-nous à les détruire, les étouffez comme ils le font avec nous depuis des siècles !

Des cris de joie suivirent les paroles de Lara derrière elle et un large sourire étira ses lèvres. Elle attendit, mais la réponse qu’elle obtint fut une salve de flèches qui se planta devant leurs chevaux.

— Anéantissez-les… Capturer les enfants, nous allons avoir besoin de bras pour les prochaines générations.

Des cris de guerre s’élevèrent des deux côtés avant que la bataille n’éclate. Lara les observa savourant l’instant avec délice. Un chaos sans nom naissait et cela l’emplissait de joie. La bataille fut sanglante et macabre, seuls les enfants furent épargnés. Beaucoup d’entre eux virent leur famille se faire massacrer sous leurs yeux. Les guerriers revenaient avec des enfants hurlants, appelant leurs parents ou proches. Lara observa tout cela d’un regard froid, détaché. Elle n’était pas compatissante envers ses enfants, elle était même indifférente à leur douleur. La perte de son âme-sœur avait fait mourir des morceaux d’elle, la haine la guidait avant tout et toutes personnes se dressant en travers de son chemin devaient mourir. Si cela n’avait tenu qu’à elle, Elena serait morte dès l’instant où elle avait choisi de s’enfuir plutôt que de les rejoindre. Elle l’aura exécutée sans sourciller, mais malheureusement des ordres venus de plus hauts le lui interdisaient. Elle prenait donc son mal en patience, tôt ou tard, il n’aurait plus besoin de cette stupide gamine aux cheveux de lune… et ce jour-là elle payerait pour ne pas s’être soumise à eux. Elle fit sonner le signal du retour, ils n’avaient plus rien à faire ici, tout était détruit de toute manière, autant rentrer au camp. Alors qu’ils marchaient depuis une trentaine de minutes en direction de leur campement, rythme par le bruit des pas des chevaux et les pleurs d’enfants… Des bruits de batailles parvinrent aux oreilles de Lara alors qu’elle marchait en tête. Un cavalier la rattrapa au galop.

— Ma Dame ! cria-t-il, nous sommes attaquées par le flan Ouest !

— Qui ose ?

— Des Merlinois aidés d’autres créatures magiques !

— Protégez nos futures esclaves ! Il est hors de questions que nous les perdions ! la colère déformait ses traits. Ces sales vermines osaient se rebeller et se défendre ?

 L’attaque les avait surpris, et fit son effet : les Morganiens étaient bien trop sûrs d’eux, ils ne pensaient pas que les Merlinois oseraient les attaquer alors qu’ils se déplaçaient et encore moins riposter. C’était d’excellents guerriers, mais ils n’étaient pas belliqueux comme eux. L’attaque éclair fit de lourds dégâts parmi les Morganiens, mais surtout leur permis de liberté la quasi-totalité des enfants qui avaient été capturés. Les autres furent exécutés, les hommes de Lara préférant les tuer plutôt que de les perdre et de s’en faire des ennemis. Lara regarda les Merlinois s’échapper, sans rien pouvoir faire. Elle poussa un hurlement bestial et sauvage. Elle paraissait avoir perdu la raison, une lueur de folie brillait dans son regard qui fit reculer ses généraux. Comment leur chef pouvait-il avoir autant confiance en cette femme ? Elle inspirait de la peur à ses hommes, mais surtout leur faisait peur. Ils suivirent ses ordres à la lettre, sans jamais oser les discuter jusqu’à ce qu’ils retournent à leur campement et lèvent le camp. Elle avait envoyé un corbeau blanc faire son rapport à leur chef. Elle savait qu’il serait furieux, mais pas autant qu’elle. Peu importait le châtiment qui lui ferait subir lorsqu’elle rentrerait enfin chez elle, ce ne serait jamais pire que ce qu’elle était prête à s’infliger.

 Ces attaques n’étaient pas isolées, celles que menaient Lara étaient seulement les plus sanglante et sauvage, mais partout sur les territoires magiques, des Morganiens attaquaient et tentait de soumettre tous ceux qui se tenait à leur portée… Et quand ils le pouvaient il exécutait, gratuitement des non magiques, simplement dus à leur condition : être non magique.

***

 Elena et Sephiro découvraient petit à petit ce qu’il se tramait dans leur monde. Les attaques des Morganiens, leur peuple décimé, massacré peu importe leur espèce ou appartenance magique : s’ils ne rejoignaient pas les Morganiens, ils mourraient. Ceux qui avaient échappé à la mort étaient dans des états qui faisaient hurler intérieurement Elena. Tout ce qu’il se passait était sa faute… Si elle s’était laissé capturer peut-être cela ne serait-il pas arrivé ?

— Ne pense pas que cela est de ton fait, les tensions avec les Morganiens existent depuis des années, tu es juste le prétexte permettant de légitimer leur attaque. Tu n’as rien fait de mal Elena, la rassura Sephiro comme s’il avait suivi le fil de ses pensées.

— Je ne peux pas m’en empêcher… murmure-t-elle, si…

— Avec des « si », on referait le monde Elena, la coupa-t-il.

Il allait continuer lorsqu’un des guerriers qui les accompagnait, Ivan revint le souffle court.

— J’ai trouvé un village où nous pouvons faire une halte, la femme du chef accepte de nous accueillir en échange de notre aide.

— Notre aide ? dit Elena alarmée.

— Ils ont été attaqués il y a quelques jours, ils ont encore beaucoup de blessés et pas assez de soigneurs… Elle nous demande de les aider à soigner les victimes.

— Guide-nous ! dit Elena déterminée sans même consulter le reste du groupe.

Si elle pouvait faire quelque chose, elle le ferait. Elle n’allait pas laisser des personnes mourir en son nom si elle pouvait l’éviter. En quelques minutes, le petit groupe arriva au village. Elena sentit son cœur se serrer en voyant la porte qui pendait sur ses gonds, à demi arraché. L’aspect extérieur du village faisait déjà pitié, mais en entrant… cela ne s’arrangea pas. Les maisons étaient partiellement détruites et une odeur de mort flottait dans l’air. Celle de la maladie aussi, cette odeur âcre qui prenait la gorge… Elena fut prise d’une quinte de toux et s’enveloppa la bouche et le nez dans l’écharpe qui entouraient son cou. Ivan les conduisit directement à la veuve du chef qui les attendait sur ce qui devait être le lieu de rassemblement du village.

— Bonjour… Merci d’avoir accepté… Nous n’avons pas grand-chose à vous offrir, mais votre aide nous sera précieuse.

— Conduisez-moi aux blessés, je vais voir ce que je peux faire, dit Elena,

— Sephiro, ajoute-t-elle en se tournant vers lui, aidez ceux que vous pouvez, mais essayer de réparer la porte du village et les défenses minimales… On ne sait pas qui rôde vraiment dans ces bois…

 Le Gardien hocha la tête, un sentiment de fierté s’emparant de lui. Elle réagissait comme une gardienne, et exploitait les forces qu’elle avait. Sephiro se répartir les tâches avec Ivan, Joshua et Katerina, tandis qu’Elena suivait leur hôte. Elle entra dans le bâtiment, celui-ci semblait avoir subi moins de dégâts que le reste, ou avait été réparée en priorité. Elles marchèrent quelques minutes avant d’entrer dans ce qui devait à l’époque être la salle d’audience. Plusieurs feux étaient allumés, l’ambiance était surchauffée… Et les victimes s’entassaient dans la pièce. Au moment, où elles entrèrent, deux jeunes garçons sortaient portant un brancard recouvert d’un linge blanc. Le regard de la veuve se teinta de tristesse, elle murmura une courte prière avant de dire aux garçons.

— Menez-le avec les autres… Nous les brûlerons tout à l’heure.

Elena ne releva pas, priant à son tour silencieusement. Vu les odeurs qui flottaient dans l’air, brûler les morts était la seule solution qu’ils avaient pour ne pas répandre de maladies plus graves que ce qui sévissait déjà.

— Vous êtes guérisseuse ? demanda la femme.

— Pas officiellement, mais j’ai suffisamment de connaissance pour vous apportez mon aide, guidez-moi vers les plus urgents, je ferais tout ce que je peux.

La femme acquiesça et la guida. Elena passa le reste de sa journée à portée des soins, aider à la régénération, utilisant magie, connaissance des plantes, réalisant sortilèges et remèdes, donnant des recettes de ce qu’il fallait préparer à ceux qui le pouvait. Elle donnait des ordres que chacun suivait sans contester. Elle se rendit rapidement compte que dans tous ceux qui restaient : aucun n’était réellement soigneurs. Elle posa la question,

— Où sont vos soigneurs ? Vos guérisseurs.

— Nombres d’entre eux sont dans ces lits, malades, certains sont morts… lui répondit une jeune fille à qui elle venait d’expliquer comment préparer un remède pour soulager la fièvre.

— Je vois… on va essayer de les soigner pour qu’ils puissent nous aider ensuite d’accord ? Je ferais de mon mieux…

Elena le fit, jusqu’à la tombée de la nuit et plus loin encore. Sephiro et les guerriers les avaient rejoints. Ils avaient réparé la porte du mieux qu’ils pouvaient, mais surtout installé des défenses autour du bâtiment qui les accueillait tous. Ils virent ensuite prêter main-forte aux soigneurs. Certains s’occupant simplement de désinfecter, d’autres aidant au soin. Cette journée-là, il n’y eut aucun mort supplémentaire et l’état des plus touchés sembla se stabiliser.

— Elena, il faut que tu manges quelque chose, lui dit Sephiro en lui tendant un bol de soupe, tu es la seule à avoir suffisamment de connaissances pour les aider, il ne faut pas que tu tombes malade à ton tour.

— Merci, dit-elle, s’accordant enfin un peu de repos après avoir terminé les soins sur une fillette d’environ six ans.

Elle mangea en silence et ils furent rejoints par la veuve qui s’installa près d’eux.

— Merci… infiniment, je me rends compte que je ne me suis même pas présenté… Je suis Laeticia.

— Enchanté, répondirent Elena et Sephiro d’une même voix.

— Je vais vous montrer où vous pouvez vous reposer pour le reste de la nuit une fois que vous aurez terminé… Je ne sais pas comment nous aurions fait sans votre aide.

— Vous étiez sur la bonne voie, la rassura Elena, nous avons juste apporté notre aide.

— Plus que précieuse, je n’ai pas vos connaissances… Vous êtes notre sauveuse mademoiselle, notre village vous en sera éternellement reconnaissant.

Elena se tortilla mal à l’aise face à ses compliments et ne répondit rien. Leur souper terminé, Laeticia les conduisit à de simples paillasses sur lesquels ils s’allongèrent avec plaisir. Ivan, Joshua et Katerina dormaient déjà profondément et le couple ne tarda pas à les rejoindre, épuisé.

 Le groupe fit un arrêt de plusieurs jours. Ils aidèrent du mieux qu’ils purent le village de Laeticia. Les blessés retrouvèrent lentement leur force et au fur et à mesure, le village récupérait ces habitants et un semblant de vie. Sephiro et Ivan avaient été chassés, trouvant quelques proies qui permirent à tous de recouvrer ses forces petit à petit. En quelques jours, les moins malades étaient opérationnels et les plus malades en bonne voie de guérison. La parenthèse fut de courte durée, Elena et les siens devaient repartir. Ils ne pouvaient pas rester au même endroit trop longtemps au risque de se faire repérer et attirer à nouveau l’attention sur eux. Ils prirent donc congé, Elena ayant laissé de nombreuses connaissances et directive aux différentes personnes qui l’avaient aidé pour soigner les blessés. Le guérisseur avait commencé à reprendre des forces, mais il n’était pas encore en état de prodiguer des soins. L’argenté ordonna qu’il reste encore alité au moins une semaine et reçoive quotidiennement les soins durant ce temps et ce jusqu’à guérison complète.

— Elena. Merci, nous vous sommes très reconnaissants pour tout ce que vous avez fait. Je veillerai sur les miens… Merci aux vôtres de nous avoir aidés pour tout… Je suis navrée de ne pas pouvoir vous donner des vivres…, déplora Laeticia.

— Ne le soyez pas. Vous avez besoin de cette nourriture, ne vous inquiétez pas pour nous, répondit Elena en serrant ses mains autour de celle de Laeticia, que les Dieux veillent sur les vôtres.

Ils se quittèrent sur ces mots, Elena espérant sincèrement que son village s’en sortirait. Le groupe prit un portail, n’hésitant plus maintenant à essayer de gagner un maximum de temps, mais ils campèrent et chassèrent durant plusieurs jours, avant qu’un souvenir ne titille Elena. Ils se rapprochaient de plus en plus du territoire qu’ils avaient quitté il y a des mois de cela. Ce n’était pas le même chemin qu’ils avaient emprunté à l’aller. Elle arrêta Sephiro.

— Sephi… je crois que c’est par ici que se trouve la maison de mon enfance…

***

 Sephiro et les guerriers avaient suivi Elena qui reconnaissait avec de plus en plus de certitude l’endroit, au fur et à mesure qu’ils avançaient dans le bois. Elle tourna à gauche d’un immense saule pleureur et l’arbre-maison se révéla à leurs yeux. Le chêne de plus de deux millénaires abritait toujours en son sein la maison de son enfance. Elle avança à pas feutrés dans l’espace dégagé par les branches plus grosses que le torse d’un homme qui se dressait au-dessus de leurs têtes. Elle retrouva facilement l’endroit où se tenait à la base l’escalier permettant d’accéder à sa maison. Les premières marches étaient à présent quelques mètres au-dessus d’eux, l’arbre ayant continué à grandir. Elena posa la main sur le vieux chêne et le sentit vibrer sous ses doigts. Ses yeux se mirent à luire légèrement alors que l’arbre semblait reprendre vie. On avait l’impression qu’il s’ébrouait comme après un profond sommeil. L’arbre se déploya, littéralement, prenant encore plus de place parmi ses congénères alors que les marches manquantes pour accéder apparaissaient comme par enchantement. L’arbre-maison reconnaissait Elena, et lui souhaitait la bienvenue tandis que les vieux sortilèges de ses parents se remettaient en place pour permettre à la propriétaire d’accéder à sa demeure. La jeune femme posa le pied sur la première marche, sans se soucier de ses compagnons. Son cœur débordait d’émotion contenue, elle avait tellement hâte d’ouvrir la porte et de redécouvrir sa maison… !

— Elena ! Attends-nous ! dit Sephiro en emboitant le pas de sa compagne.

Il ressentait tous les sentiments qui traversait la jeune femme, d’une façon diffuse et confuse, mais il les ressentait et était heureux pour elle…. Et pour eux. Cela voulait dire que leur lien se renforçait, que chacun d’eux acceptait de plus en plus l’autre. Elena était à plusieurs marches devant lui, et ils entendaient les trois guerriers qui les accompagnaient les suivre, essayant de se faire le plus discrets possible. La jeune femme se figea sur le pas de la porte, ce qui laissa le temps à Sephiro de la rejoindre.

— Tout va bien ? demanda-t-il inquiet.

— Je… j’ai peur d’ouvrir la porte, dit la jeune femme la gorge nouée, la dernière fois… Ils étaient encore là.

— Tu veux qu’on le fasse ensemble ? proposa-t-il.

Elena resta quelques instants silencieuse, observant la porte avant de finalement acquiescer. Sephiro et elle posèrent leurs mains sur la poignée et abaissèrent la clinche. La porte s’ouvrit sans un bruit, dévoilant une pièce de vie… emplie de poussière, toile d’araignée, mais aussi de souvenirs. Elena entra d’un pas hésitant portant une main à sa bouche retenant un sanglot.

 Tout était comme dans ses souvenirs. Rien n’avait bougé. La table de cuisine, où son père et elle, avaient passé de nombreuses heures à préparer des repas avec plus ou moins de succès. La marmite de sa mère, dans laquelle elle réalisait toujours ses remèdes et potions. Le vieux rocking-chair, sur lequel son père s’asseyait toujours le soir avant de la prendre sur ses genoux pour lui conter une histoire… Une larme roula sur la joue d’Elena et elle prit alors seulement conscience d’à quel point ses parents lui manquaient. Même si tout n’avait pas toujours été facile, tout n’avait pas toujours été tranquille… Elle avait eu une enfance heureuse, avait été aimée plus que tout par ses deux parents… À leur manière certes, mais ils l’avaient aimé. Elle sentit les bras de Sephiro l’entourer et la serrer contre lui.

— Ils me manquent… Ils me manquent tellement, murmura Elena dans un sanglot.

— Je sais…, dit Sephiro la serrant plus encore contre lui alors qu’elle se retournait dans ses bras pour pleurer.

Elena ne sut pas réellement pourquoi elle pleurait : la perte de ses parents, les morts qu’elle avait causés en refusant de se rendre, le terrible secret qu’elle taisait à Sephiro, la lourde prophétie qui pesait sur son existence ? Un mélange de tout cela se répercutait dans les pleurs de la jeune femme qui se laissait aller dans les bras sécurisants de son âme-sœur. Ivan, Joshua et Katerina en les voyant n’étaient pas entrés, laissant au couple un moment d’intimité. Ce voyage était éprouvant pour eux tous, et les nerfs de chacun étaient mis à rude épreuve… Ceux d’Elena plus que n’importe quels autres. Après un moment qui lui parut durer une éternité, la jeune femme arrêta enfin de pleurer. Elle essuya ses yeux, s’excusant auprès de Sephiro.

— Tu n’as pas à t’excuser, tu avais besoin d’extérioriser, cela fait trop longtemps que tu gardes tout pour toi et ignores ce que tu ressens.

— Merci…

— Pourquoi ?

— Être resté à mes côtés malgré tout, d’être toujours là.

— Je serais toujours là pour toi Elena, jusqu’à la mort.

La jeune femme leva la tête vers lui, ses yeux rougis par les larmes, et l’embrassa. Elle se rendit enfin compte de la présence des guerriers sur le pas de sa porte et rouge de honte les invita à entrer.

— Merci, dit Joshua, il commençait à faire froid.

Katerina lui donna un coup de coude dans les côtes lui jetant un regard noir.

— Quoi ? C’est vrai ! se défendit Joshua ce qui fit rire Elena.

 Elle aimait la franchise de ce jeune guerrier, son innocence qu’il avait réussi à conserver malgré la dureté et violence de leur voyage. Ivan posa ses affaires dans un coin avant d’annoncer qu’il sortait récupérer un peu de bois pour le feu, qu’ils se reposeraient mieux avec un peu de chaleur. Elena approuva l’idée et laissa ses compagnons de route s’installer avant de finalement faire le tour de la maison, retrouvant sans encombre sa chambre d’enfants. Elle ouvrit la porte et retrouva pendant un court instant la candeur de son enfance. Son lit de petite fille n’avait pas bougé, ce qui était évident, mais les plantes dont elle avait commencé à prendre soin n’étaient pas mortes, bien au contraire ! Elle avait poussé, recouvrant les murs de lierres, et le baldaquin de son lit de glycine. La plante n’avait plus que ses branches noueuses et quelques feuilles qui avaient résisté au froid de l’hiver. Elle observa sa chambre, retrouvant ses marques et ses souvenirs d’enfance. Des figurines en bois posés sur sa commode, disposés comme lors de son dernier jeu, le dragon portant sur ses ailes la princesse-guerrière qui n’avait aucunement l’intention de se laisser faire par les guerriers de bois qui l’attaquait. Un sourire nostalgique se peignit sur son visage. Ses yeux se mirent à briller lorsqu’elle découvrit sa bibliothèque, emplis de livres. Des contes se battaient pour de la place sur ses étagères avec des romans et livres de magie. Elle se souvint avoir passé des heures et des heures à lire, ranger puis changer à nouveau de place sa bibliothèque au fur et à mesure que ses goûts en lecture évoluaient. Elle effleura du doigt les tranches des livres, un frisson la parcourant au toucher de certains : ils bouillonnaient de magie. Elena en prit un dont l’énergie l’attirait tout particulièrement. Elle l’ouvrit et sourit en découvrant les lignes. Tracés de son écriture hésitante d’enfant, pleine de fautes excepté sur les noms des ingrédients que lui épelaient ses parents. Ces tout premiers grimoires. Elle le lut en diagonale, des remèdes, sorts, potions basiques, mais qui dans son esprit d’enfant lui paraissait si compliqué qu’elle avait décidé de noter chacune des recettes. Cela fut une bonne idée, elle les avait ainsi retenues beaucoup plus vite et aujourd’hui les connaissait par cœur, au grammage près. Elle reposa le grimoire dans la bibliothèque et se retourna découvrant Sephiro adosser au chambranle de la porte qui la regardait avec beaucoup de tendresse.

— Tu es là à m’observer depuis longtemps ?

— Suffisamment pour savoir que tu retrouves plein de souvenirs d’enfance…, répondit le jeune homme en entrant dans la chambre, qu’as-tu retrouvé ?

— Mes jeux et mes premiers livres et grimoires… pas mal de souvenirs…, dit-elle avec nostalgie.

Il l’enlaça avec douceur glissant ses mains sous son haut, caressant la peau nue sous ses doigts du creux de ses reins. Des frissons tout autres que ceux qui la traversaient un instant plus tôt envahirent Elena.

— Sephiro… souffla Elena alors que le désir enflammait lentement mais surement son bas-ventre.

Il savait l’enflammer sans qu’elle n’y puisse rien. Ses caresses, ses baisers avaient le don de la faire fondre, elle se retrouvait totalement à sa merci. Sephiro embrassa le cou gracile de sa compagne, la parcourant de baiser alors qu’il défaisait le lacet de son corsage de voyage. Lentement mais surement, il déshabilla sa compagne, savourant chaque miette de peau qu’il dévoilait. Elle se retrouva en simple tenue d’Ève, brûlante de désir face à lui. Alors qu’il était bien décidé à lui donner du plaisir, Elena le repoussa doucement. Elle avait envie d’entreprendre de l’explorer elle aussi. Elle le caressa lentement, défaisant délicatement les boutons des vêtements de son âme-sœur, dévoilant son corps fuselé et musclé au teint halé. Elle se mordilla la lèvre inférieure et vit avec plaisir l’effet que cela faisait sur son compagnon. Il poussa un grognement alors que les doigts frais et agiles de sa compagne empoignaient son membre bien trop à l’étroit dans son pantalon pour l’en libérer.

— Elena, dit-il ses yeux bleu-gris assombris par le désir.

— Prends-moi… souffle-t-elle avant de s’emparer de sa bouche.

Sephiro ne se fit pas prier, et redoubla d’inventivité pour les conduire à l’extase… peu importait que le lit soit trop petit pour eux deux, c’est épuisé, mais satisfait que le couple s’endormît dans les bras l’un de l’autre.

***

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