Chapitre VII

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Seize heures, j’ai mal dormi la nuit dernière. J’ai un gros coup de pompe, les paupières tombent sur l’écran de l’ordinateur. Je décide de rentrer.

Dans mon fort intérieur et au-delà de la fatigue bien réelle, j’ai surtout envie de retrouver Alice.

Sur la route, mon esprit vagabonde. Je n’ai pas pour habitude de vivre une relation de cette intensité et pour cause, c’est la première fois. Je ne me suis jamais senti aussi bien avec une femme et j’ai conscience de l’exceptionnalité de cette situation. J’ai une irrésistible envie d’être avec elle matin, midi et soir et je perçois qu’il faille rester vigilant pour, sous couvert de la passion, ne pas étouffer cet amour juste par égoïsme individuel.

On retrouve le même acharnement chez les journalistes lorsqu’ils tiennent un sujet d'actualité brûlant, ils ne parlent plus que de ça jusqu’à saturation. Dix jours après, ils passent à autre chose. Avec Alice, je n’ai pas du tout envie de passer à autre chose. Et ça tombe bien, les dix jours sont largement dépassés.

Ceci étant, j’ai toujours été d’un naturel plutôt prudent lorsqu’il s’agit de m’engager dans une relation durable. Et bizarrement avec mon amoureuse, je me surprends maintenant à envisager une petite vie tranquille. Dans cette vie bien rangée, il y a des enfants, nos enfants. Je vois aussi une grande maison pour abriter tout ce petit monde et un bout de terrain suffisamment vaste pour que deux chevaux puissent s’y ébattre à souhait.

Je nous vois tous les deux l’hiver sur le canapé, l’un à côté de l’autre près de la cheminée. Je nous vois encore l’été affalés sur le même canapé, Alice allongée sur moi en train de me titiller de son sourire narquois. Je vois Alice passer en petite nuisette sexy, moi qui lui cours derrière pour l’attraper dans l'espoir de lui enlever ce bout de tissu transparent qui agace mes sens. Je vois les yeux d’Alice brillants de bonheur lorsque nous faisons l’amour. Je vois Alice aux sports d’hiver, au supermarché, sous la douche, dans la piscine, aux toilettes où de son petit minois tout effaré elle me lancerait « Veux-tu fermer la porte gros cochon ».

Ces éclairs de vie me font sourire en s’imprimant tour à tour sur mes pupilles. En mon for intérieur, je sais que tout cela est bien prématuré après une rencontre vieille d’à peine quinze jours. J’ai conscience de la fragilité de cet équilibre amoureux qui peut basculer sans crier gare du jour au lendemain. Mais surprenamment, avec Alice, j’ai envie de croire à cet avenir, à cette petite vie familiale qui m’a tant fait défaut.

J’allais emprunter la voie d’accès au parking de la résidence lorsque Alice en sort.

- Déjà rentré ? Je vais au centre équestre. Tu m’accompagnes ?

- Je me gare et j’arrive.

Je suis content, heureux, heureux de la retrouver, heureux de pouvoir être à ses côtés. Je me dis que la vie sans elle serait bien monotone et bien triste.

- Allez, en route. Alice euh attend ! j’ai oublié quelque chose.

- Voilà ce que c’est quand on n’a pas de tête.

- Un bibi, là !

- Où ça là ?

- Sur le nez

- Et tu me fais arrêter pour ça ?

Mon nez est gratifié d'un tout petit bisou.

- Ça suffira ? ajoute-t-elle.

- Non, ici aussi.

- Gourmand. Avec toi demain on y est encore. On verra tout à l’heure. Tu n’es pas assez méritant.

- Je t’aime !

- Bon ! Argument accepté, je m’incline. Allez, viens !

Elle me tend ses lèvres et je m’enivre de son baiser. Dans la voiture avec la ceinture de sécurité, ce n’est pas ce qu’il y a de plus pratique mais on fait avec. Alice démarre et machinalement je pose ma main sur son jean. Elle prend ma main. Elle la serre dans la sienne.

- Tu sais conduire d’une main ?

- Avec toi, j’apprends à faire face à toute les situations, des plus improbables aux plus farfelues.

- °° -

Au centre équestre, Alice sort « Voie-Lactée » de son box.

- Je vais la lâcher dans la carrière. Il n’y a personne en ce moment. Elle pourra se dégourdir les pattes et tu verras, elle batifolera un peu et elle reviendra vite vers moi. Après comme il fait chaud, je la passerai au jet et puis je la brosserai. Elle adore.

Effectivement « Voie-Lactée », une fois lâchée, prend la mesure de sa liberté et s’élance au galop d’un côté à l’autre de la carrière. Elle saute comme un cabri. Quelques ruades en arrière et la voilà revenue.

- Tu vois je te l’avais dit.

Alice reprend mais sa voix est crispée avec une pointe d'angoisse.

- Olivier... Je vais devoir m’absenter, probablement une dizaine de jours. Je ne connais pas encore la date exacte mais ça ne devrait plus tarder.

Elle marque un silence.

- D’habitude quand je peux, je la prends avec moi mais là ça ne sera pas possible. Mon coach m’a promis de s’occuper de ma jument. C’est une fille sérieuse. Je peux compter sur elle. Tu penses que tu pourras venir la voir de temps en temps toi aussi ?

- Venir voir ton coach, oui sans problème Alice, dis-je avec malice.

- Idiot. Tu sais bien que je parle de « Voie-Lactée ».

- Oui, je sais. Tu peux compter sur moi évidemment. Je passerai la voir après le travail en fin de journée. Tu as un imprévu ?

Son regard est étrange. Il fixe un point imaginaire. Elle élude la question. Elle s’est raidie.

- Viens, on va doucher « Voie-Lactée ». Elle adore.

Je lui prends le bras doucement.

- Alice, tout va bien ?

Elle se tourne vers moi. Elle me regarde avec une tristesse inouïe, presque gênée.

- Olivier… Je sais que tu te poses plein de questions. Ce soir, je… je... j’essayerais de t’expliquer… peut-être. Mais pour l’instant je veux seulement profiter de vous deux réunis sans penser à autre chose.

Elle s’est détendue presque soulagée. Elle attache la jument à proximité du point d’eau et avec le jet, elle l’arrose copieusement. Je la regarde faire. Elles prennent toutes les deux presque autant de plaisir. J’aime ce petit bout de femme.

- Tu fais quoi ?

- Ben je vous regarde. C’est plutôt pathétique.

Alice porte un chandail gris. Son jean recouvre ses fesses aux courbes magistrales. J’aime regarder ses formes si sensuelles. « Voie-Lactée » s’ébroue et Alice se retrouve trempée des pieds à la tête. Elle rit, moi aussi. Elle se tourne vers moi.

- Je suis toute mouillée dit-elle avec humour. Tu viens m’aider à la brosser ?

- Tu es sûre que c’est une bonne idée ?

- Allez viens. Tu ne risques plus rien.

Alice prend un malin plaisir à me regarder. Je suis gauche. Je ne sais pas trop comment m’y prendre. Elle me montre. J’essaye de perfectionner la technique. J’y arrive. Enfin presque. Dans l’exercice, ce qui me ravi le plus, c’est le contact rapproché avec mon amoureuse, le frôlement de nos corps presque innocents dans une attirance irrésistible, le bien-être qui opère par magie, la sérénité affolante de sa simple présence, si proche, si sensuelle, terre nourricière de tous les désirs.

- Ton premier cours. Tu ne te débrouilles pas mal. Je n’irai pas jusqu’à dire que tu es doué mais…

- Oh toi la petite ingénue, tu ne perds rien pour attendre.

Je la prends par les hanches et je la soulève. Cinquante kilos toute mouillée.

Je laisse Alice glisser doucement tout contre mon torse. Son chandail dans le frottement de nos corps s’enroule sur lui-même, découvrant son nombril. Alice promptement remet en place le vêtement.

Trop occupé à profiter de son odeur parfumée, je n’ai pas remarqué la précipitation de son geste lorsque mes lèvres se sont emparées des siennes avec délices.

- On rentre ?

- °° -

Le chemin du retour est particulier.

- Alice !

- Chut, ne dis rien s’il te plaît, pas avant que nous soyons arrivés. Je peux compter sur toi ?

- Oui , évidemment !

J’ai conscience que quelque chose d‘important se prépare et que ce quelque chose sera probablement décisif dans notre relation. Alice est concentrée non pas sur la conduite mais juste sur elle-même. Elle est déterminée. Je devine que mille pensées l’assaillent, qu’elle se demande par où commencer et comment elle va bâtir ce qu’elle a à me dire. Son regard est posé droit devant elle. Elle évite le mien de peur de libérer ses émotions.

Je suis inquiet, très inquiet. Je me demande ce qu’elle peut avoir de si important à révéler. Je cherche des indices mais je n’en trouve pas. Ai-je été assez réceptif ? Ai-je été suffisamment attentif ? Ai-je raté un point essentiel ? Je comprends que c’est grave, peut-être même très grave mais je suis incapable de mesurer. Je pressens qu’à l’issue, nos chemins peuvent prendre des directions opposées ou bien au contraire s’unir ensemble pour mieux se renforcer.

Dans le parking, Alice ferme sa voiture. Je lui tends ma main. Elle prend la mienne. Elle la serre très fort. L’intensité est surprenante mais elle me fait chaud au cœur. Alice est d’une dignité remarquable. Pourtant elle est nerveuse, elle tremble légèrement. L’émotion est bien réelle. Elle est palpable de mon côté aussi.

Dans l’ascenseur, ses yeux n’ont jamais été aussi beaux. Un abîme vertigineux dans lequel je ne demande qu’à sombrer. Elle sourit d’un sourire si triste que j’en frisonne encore en écrivant ces lignes. Elle sent que moi aussi je suis crispé, que je m’interroge. Je la prends dans mes bras. Elle pose sa tête chaude sur mon épaule. Ma main passe dans ses cheveux longs. J’appuie sur le bouton du deuxième étage.

- °° -

Arrivé dans son appartement, Alice me fait asseoir sur le canapé. Elle me rejoint, sa main dans la mienne. Elle prend son souffle. Sa voix est calme, presque apaisée.

- Olivier, il va me falloir du courage, beaucoup de courage. Ce que j’ai à dire n’est pas facile. Alors je veux que tu m’écoutes, que tu me laisses parler sans m’interrompre sinon je crains de ne pas trouver la force d’aller au bout.

Elle continue :

- Je ne veux ni ta pitié ni ta compassion. Je ne supporterai pas. Pour moi, tu es quelqu’un de merveilleux, d’attentionné, de formidable. Tu représentes tout ce qu’une femme normalement constituée puisse rêver un jour de rencontrer. Olivier, tu ne le sais pas encore mais je ne suis pas normalement constituée et la femme que je suis a peur de ne pas être en mesure de donner en toute normalité ce que tu peux attendre d’une relation amoureuse. J’ai très peur aussi que tu t’éloignes de moi mais je comprendrais. J’accepterais s’il le faut.

Elle marque un temps d’arrêt puis elle reprend.

- Voilà... il y a deux ans, on m’a diagnostiqué un cancer... Mes deux seins ont été touchés. J’ai suivi un traitement et au final, il a fallu se résigner à enlever les tumeurs. C’est ce qu’on appelle en langage médical une tumorectomie. Cette opération déforme la plastique de la poitrine. Déformer, le mot est faible. Elle mutile en fait la féminité. Moi qui avais de si jolis seins, je me suis retrouvée après l’opération avec des formes disgracieuses et des volumes différents, inesthétiques au possible. Même s’il existe des techniques de substitution, mon compagnon de l’époque n’a pas supporté ou c’est moi qui n’a pas accepté son regard. Je crois qu’il y avait un peu des deux.

Alice reprend.

- Massacrée dans ma féminité, j’ai relevé la tête mais je n’arrive toujours pas à me convaincre que ce corps, c'est le mien. Je n’ose même pas imaginer un instant le regard des autres. Depuis cette opération, je n’ai plus rencontré personne, jusqu’au jour où tu as débarqué. Là, je ne sais pas pourquoi. Tu m’as plu tout de suite. J’ai craqué devant ta gentillesse, ton charme, ta tendresse, ton humour, ton romantisme, ton amour tout ce qui fait qu’un homme puisse être si attentionné envers une femme. Et lorsque je suis avec toi, j’oublie mon handicap mais j’ai dû veiller à ce que tes mains ne soient pas trop baladeuses. Pour autant, il n’en demeure pas moins que nue, physiquement, je reste une monstruosité. Heureusement, ça ne se voit pas. Je peux dissimuler le peu qu’il me reste sous mes vêtements, parfois sous un soutien-gorge de réparation en attendant mieux. Ça me permet au moins de pouvoir afficher une fausse féminité. Je n’aurai pas pu te cacher encore bien longtemps mon état. Je vois bien que tu me désires et c’est normal puisque moi aussi je meurs d’envie de te faire l’amour. J’ai envie de sentir tes mains sur mon corps mais je me sens incapable de les accepter. Je ne suis pas prête et je ne sais même pas si je le serais un jour. Pourtant, avec toi, je me suis surprise à imaginer que si nous n’étions pas trop pressés, cela pouvait être possible. J’avais besoin de temps mais ... le temps va manquer.

Alice s'arrête un instant, reprend son souffle et continue

- Les derniers examens ne sont pas bons. Je vais devoir passer cette fois-ci par un traitement plus lourd, peut-être une chimiothérapie, puis une chirurgie totale. Le protocole n’est pas encore tout à fait arrêté. Au final, ce n’est peut-être pas plus mal mais cela veut dire aussi que je ne vais plus pouvoir cacher mon état. Je vais perdre mes cheveux, mes cils, mes sourcils. Outre l'apparence physique dégradée, ça signifie encore qu’il va falloir que je consacre toute mon énergie à me battre contre ce qui me ronge de l'intérieur. Et dans ce combat, je ne suis pas certaine que tu puisses ou même que tu veuilles y trouver ta place. Voilà Olivier. Tu sais tout ou presque maintenant. Il était pour moi hors de question que tu t'aperçoives de quelque chose par toi-même. Il fallait que je trouve le courage de t'en parler avant d’aller plus loin dans notre relation. Pour moi, pour toi, pour nous c'est très important.

- Tu as fini ?

- Oui, c’est tout… Non, une dernière chose. Il faut garder en mémoire qu’un combat, ça se gagne mais ça se perd aussi...

- °° -

Les mots prononcés par Alice résonnent dans ma tête comme des coups de marteau. J’imagine sa solitude et sa souffrance, enfin j’essaye, mais je suis probablement à dix mille lieux de la réalité. La douleur psychologique est intense, j’en suis convaincu. Ses mains sont moites, par anxiété, par angoisse et probablement par stress. Les miennes ne valent guère mieux. Pourtant Alice est vaillante, soulagée de son fardeau. Son regard est posé sur le mien. Il est doux, sérieux, loin bien loin d’implorer, presque stoïque, résigné aussi.

Je prends subitement conscience de l’énormité de l’enjeu. Ici, il ne s’agit plus d’un jeu de séduction. Et même si, je n’ai jamais joué, je n’ai jamais fait semblant, je prends conscience que de ma réaction, de mon comportement, des jours difficiles qui s’annoncent, ma réponse se doit d’être parfaitement claire. J’ai compris que si je dois soutenir Alice dans son combat, il ne sera plus question de reculer, de faire marche arrière. Je n’ai pas le droit à l’erreur. C’est maintenant que je dois valider tout l’amour que j’ai pour elle.

J’ignore complètement les répercussions de son traitement. La durée, l’impact physique et moral, les périodes compliquées, celles où elle reprendra confiance ; ma façon d’intervenir si tant et plus je le pouvais, de l’accompagner dans la gestion de son combat, de continuer à lui donner le même amour que celui que j’éprouve en ce moment, avec la même force, la même intensité, le même désir et le même plaisir.

Je glisse mon bras sur son épaule sous ses longs cheveux libérés et je l’attire vers moi. Elle se laisse faire sans résistance aucune. Elle semble frêle, presque fragile avec ses grands yeux innocents qui me dévisagent.

- Je t’aime Alice. J’admire ton courage. J‘admire ta force. J’admire la femme que tu es et quand je dis j’admire, ce n’est pas tout à fait vrai, c’est bien plus fort que ça. Je t’aime comme je n’ai jamais aimé. J'ai été séduit à un point que tu n’imagines même pas et ce n’est pas une tumeur qui va changer quoi que ce soit. Elle va assurément compliquer notre quotidien et toi plus moi, tous les deux on sera plus fort devant l'adversité.

- Ça te va comme réponse ? J’espère que tu n’imaginais pas une seule seconde que j’allais m’enfuir en courant ? Mais attends, je n’ai pas terminé.

Je continue.

- Alice... si je suis maladroit, si je commets des erreurs, n’hésite pas à me le faire remarquer. Je veux aussi te dire que le plus important à mes yeux, ce n’est pas la plastique de ton corps. Je t’ai aimé sans même les avoir vus alors, même en les voyant il faudrait être stupide pour t’aimer différemment.

Nos fronts sont l’un contre l’autre, mon nez touche son nez. Des larmes courent sur ses joues en silence. Alice pleure en même temps qu’elle sourit. Elle me prend la tête dans ses mains. Elle m’enlace. Elle m’embrasse de milles petits baisers. C’est bon, trop bon. Mon corps est connecté au sien dans une liaison si forte que la parole devient futile. Les émotions s'expriment par les sens. Il suffit de les écouter, de les laisser prendre possession de nos lèvres avides, de nos doigts caressants, de nos mains endiablées. La langue d’Alice tout contre la mienne est délicieuse, conquérante, chipie, adorable de sensualité. Elle rit maintenant. Elle est trop belle. Elle me pousse sur le canapé et elle se jette sur moi. J’allais protester mais un doigt sur les lèvres, Alice me fait signe de ne rien dire, de ne pas rompre la synergie sensuelle de nos corps. Elle pose sa tête dans mon cou. Elle reste un long moment dans cette position, un doigt qui court dans mes cheveux, qui caresse l’une ou l'autre de mes oreilles. Je sens son cœur battre ou c’est peut-être le mien. La chaleur d’Alice m’envahit et j’adore. Je ferme les yeux pour mieux savourer ce moment d’exception. Je n’ai jamais été aussi près de son corps. A travers les vêtements, je perçois le contact de ses jambes effilées sur mes jambes, de son pubis collé au plus près de mon sexe, de son ventre posé sur le mien, de sa respiration qui se synchronise à la mienne pour ne faire qu’un seul souffle. Je perçois à peine le contact de ses seins contre mon torse. Mais, ce qui me rend fou de bonheur, c’est bien la chaleur de sa tête blottie contre mon épaule qui de temps en temps sort de sa douce torpeur pour me baiser tendrement l’oreille, le cou et tout ce qui gravite à proximité.

- Tu pleures encore ?

- Oui. Je suis trop heureuse. J’ai besoin d’évacuer. J’ai eu peur. J’ai eu si peur de te perdre. Tu restes dormir ce soir ? j’ai envie. Juste dormir... tu comprends ?

- Juste dormir ? Oui, je comprends. Mais je veux m’endormir ton corps tout contre le mien comme maintenant d’accord ? Et interdiction de se plaindre si je ronfle.

- Moi aussi ça m’arrive de ronfler mais c’est surtout quand j’ai bu plus que d’habitude.

- Alors, interdiction de picoler ce soir. A l’eau. Allez viens. On va préparer le repas.

- °°° -

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