Chapitre X 1/3

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Ce matin, Alice s’entraîne au centre équestre. J’ai préféré la laisser en tête à tête avec sa monture. Je sais que pour elle c’est un moment privilégié et même si j'ai remarqué une déception silencieuse lorsque je lui ai dit que je ne l'accompagnerai pas, elle était quelque part heureuse de se retrouver seule avec « Voie-Lactée ».

J’en ai profité aussi pour avertir Marion que je ferai un passage éclair seul, en fin d’après-midi pour prendre un verre au bord de la piscine.

Marion m’a répondu qu’elle était ravie.

J’ai conscience qu’il me faudra un zeste de dextérité pour éviter de me faire piéger. Pas question de tromper Alice. Je suis trop bien avec elle. Je revois dans les dunes sa petite frimousse penchée sur mes lèvres ce matin quand je me suis réveillé aux premières lueurs du jour. Ce baiser au goût salé. Son sourire magnifique de petite fille amoureuse. Ses doigts qui effleuraient toutes les parties de mon visage. Son corps tout chaud qui est venu s’étirer langoureusement sur le mien. Son sexe si près de mon sexe qu’il s’en est fallu d’un rien pour que ces deux-là fusionnent à nouveau. Sa poitrine sur mon torse imberbe. J’avais conscience qu’elle ne souhaitait pas autre chose que ce simple contact matinal et nous sommes restés un long moment l’un sur l’autre, profitant de chaque instant, de chaque caresse, de chaque sourire.

Avec les premiers rayons du soleil, elle s’est retournée pudiquement pour mettre son chandail. J’ai admiré l'espace d'un instant la courbe de son dos, celle de ses fesses posées dans sa petite culotte qu’elle a enfin récupérée.

- °° -

Je sors me promener en ville. Ça me rafraîchira les idées et j’ai dans la tête un projet bien précis.

En remontant la rue la plus commerçante de la station, j’ai repéré une petite boutique de lingerie en haut, sur la droite. Franchir la porte de ce genre de magasin , pour le jeune homme que je suis, c’est toujours un peu compliqué d’autant que les vendeuses sont généralement super mignonnes, ce qui entre nous ne gâche rien. Et lorsqu’elles présentent leurs modèles, il faut arriver à se projeter en s’aidant de ce qu’on a à portée de main ; la vendeuse. Pour le cas présent, j’ai bien conscience que c’est affligeant mais après tout je ne suis qu’un homme, donc j’assume.

Je prends mon courage à deux mains, le masque sur la figure. Je franchis le seuil.

- Bonjour

- Bonjour monsieur, je peux vous aider ?

- Oui, je cherche … Euh

Je n’ai pas de chance. Toutes les vendeuses sont occupées et j’ai donc droit à la patronne petite, bien en chair et pour me projeter, ça ne va pas le faire.

- Je voudrai … un string.

Le mot est lâché. Je suis le seul représentant de la gente masculine dans la boutique et je sens que j’attire les regards. Bizarrement, c’est le silence. Généralement j’ai plutôt un certain aplomb mais là, j’ai le sentiment de fondre à vue d’œil, de passer pour l’alcoolo du coin tellement je dois être rouge écarlate ou à minima, le pervers de la station. J’ai chaud et en même temps la situation m’amuse. Je reprends le contrôle de mes émotions et j’explique à la patronne que je veux faire un cadeau original, plutôt string voire tanga, quelque chose de très beau pour une jeune femme tout aussi belle.

Compréhensive, elle m’amène dans le rayon des ensembles. Je lui explique que je ne veux que le bas et pas le haut. Je lis dans son regard qu’elle me prend maintenant pour le radin du quartier. Et heureusement, une vendeuse se libère.

- Tu peux t’occuper de monsieur ?

Elle me plante là, le regard impassible. Probablement que je ne suis pas suffisamment intéressant pour elle.

- Bonjour, je m’appelle Johanna. Que puis-je faire pour vous ?

Et je recommence mon histoire avec un peu plus d’aplomb et cette fois-ci plus aucun souci pour me projeter ; Johanna a un petit cul presque aussi mignon qu’Alice. Elle me présente plusieurs modèles. Je lui explique que côté morphologie, elle a les mêmes atouts que ma bien aimée et c’est elle qui rougit maintenant. Finalement, je sors du magasin avec deux strings, un rose, un vert pâle - ma couleur fétiche - et un tanga blanc tout en dentelle.

Côté discrétion, le sac en papier est à l’effigie du magasin et vu la taille, impossible de louper cette publicité aussi clinquante qu'affriolante et il faudrait être idiot pour ne pas en deviner le contenu.

Toutes les femmes que je croise me dévisage avec un regard particulier. Peut mieux faire pour descendre la rue piétonne gorgée de monde de la station touristique.

- °° -

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