Chapitre XVIII 5/5
La lune s’est levée. Il est deux heures trente du matin, je suis réveillé. Alice s’est enroulée contre moi, un bras sous l’oreiller, l’autre sur mon torse. Je tente de me dégager tout en douceur. Elle lève la tête.
- Quelle heure il est ? Demande t’elle d’une voix endormie.
- Il est l’heure de ma relève. Dors mon cœur.
- Je m’habille dans la semi obscurité de la chambre et je rejoins l’écurie.
- Julie ?
- Ah c’est toi ? Tu m’as fait peur. Tu es en avance.
- Tu fais quoi avec la pelle ?
- J’ai entendu du bruit alors je me suis méfiée.
- Ah oui, sympa. J'aurais pu me prendre un coup de pelle ?
- En sachant que c'est toi, je n'aurais pas tapé trop fort. Je suis contente que tu sois venu en avance. Je commençais à trouver le temps long et puis j’ai peur toute seule dans la nuit.
- Ben rigolote, fallait pas te proposer !
- C’est toi le rigolo. Mis à part nous deux, les autres concourent demain, alors ça n’aurait pas été sympa de les associer.
- On aurait peut-être pu demander à Richard de prendre un quart d’une heure ou deux ?
- Je lui ai demandé.
- Et ?
- Ben non. Il m’a trouvé une excuse. Après débrouille-toi. C’est quand même vachement sympa ce que tu fais, parce que toi non plus tu n’étais pas obligé. Tu pouvais rester avec Alice.
- Quelques heures de sommeil en moins, ce n’est pas si dramatique et puis vaut mieux ça que de retrouver des chevaux martyrisés ou estropiés.
- Vous avez fait un de ces ramdams tous les deux en début de soirée.
- Ah ?
- Les murs, c’est du papier à cigarette. On entend tout, même quand vous chuchotiez, pour te dire. Clémence est venue me trouver pour que j’aille vous dire de calmer le jeu. Elle a la chambre de l’autre côté. Tu t’es fait une réputation mon ami, je ne t‘en cause même pas. Elle a vraiment beaucoup de chance Alice. Vous êtes super tous les deux. Bon, aller, je vais me coucher. Tu peux m’accompagner jusqu’à l’hôtel ? J’ai peur dans le noir.
- Pas de soucis Julie.
- Allez viens, suis-moi.
On sort de la stalle et on emprunte le petit sentier qui mène à la porte de l’hôtel.
- Voilà, maintenant tu es en sécurité. Bonne nuit Julie.
- Bonne nuit Olivier. Je ... je peux avoir un bisou d’amitié ?
- Approche !
Comme sur la plage je dépose un baiser léger sur son front.
- Merci Olivier. Tu es trop comme mec. J’adore.
- Et mon bisou d’amitié à moi ?
- Excuse-moi, j'allais partir sans. Baisse-toi, tu es trop grand. Je te l’ai déjà dit. Surveille bien l’écurie. Je te fais confiance. Je suis fatiguée, je vais dormir à mon tour. A demain.
- A demain Julie.
-°°-
Une heure plus tard, je perçois un bruit de pas, la porte de l'écurie laisse passer un rayon de lune et replonge dans l'obscurité. Les battements de mon cœur se sont accélérés. Je suis aux aguets, inquiet.
- Olivier ?
- Euh ... Clémence ?
- Oui c'est moi. Tu es où ?
- Qu'est-ce que tu fais ici. Tu m'as fait une de ses trouilles...
- Je n'arrivais pas à dormir. J'ai pensé à toi, tout seul avec les chevaux. Tout va bien ?
- Oui, c'est calme.
- Je vais te tenir compagnie. Tu me fais une petite place ?
Je me pousse un peu et Clémence vient s'asseoir dans le foin, juste à côté de moi.
- On a passé une bonne soirée hier. J'étais contente d'être à côté de toi. Tu m'as bien fait rire.
Elle pose sa tête sur mon épaule.
- Déjà fatiguée ?
- Non, j'ai envie d'un gros câlin. Tu veux bien ? je n’ai pas de culotte moi aussi.
Pour une invitation directe, c'est une invitation directe. Et si j'ai envie subitement d'une partie de jambes en l'air, c'est le moment à ne pas rater. Mais je ne connais pas cette femme issue d'un milieu social à qui tout est permis. Et surtout, je n'ai aucunement envie de la sauter. Je comprends qu'elle s'est excitée toute seule pendant nos élucubrations de fin de soirée avec Alice.
Je repousse calmement la tête de Clémence.
- J'aime Alice Clémence.
- Qu'est-ce que tu lui trouves ? Elle n’a rien pour elle. Elle n’est même pas belle. Pas de seins, pas de cul et avec son sourire niais, elle est incapable de tenir une discussion intelligente.
- Je ne partage pas ta vision des choses. Rentre te recoucher Clémence.
- Baise-moi Olivier. Là tout de suite. J’ai envie d'une queue dans ma chatte, dans mon cul. Prends-moi comme une chienne. Je ferai tout ce que tu voudras. Elle n'en saura rien.
- Je crois que tu ne m'as pas bien compris Clémence. Je ne te baiserai pas. J'aime trop Alice. Rentre te coucher, s'il te plaît.
- Hé bien reste avec ton Alice, pauvre con.
Sur ce, elle se lève et elle sort de l'écurie en claquant la porte.
- °° -
Je pense à ma petite chérie, seule dans son lit qui dort en toute innocence, confiante dans notre relation sans jamais s'imaginer qu'elle aurait pu se ternir cette nuit. Je pense à Clémence, alliance au doigt, en mal de sexe qui a dû laisser dans le Nord un époux peut-être tout aussi confiant. Je pense à Julie qui est partie se coucher seule et qui n'imaginait pas sa nuit autrement.
Je repense à mon amoureuse qui au petit matin va chevaucher "Voie-Lactée" pour aller cueillir sa destinée. Je sais que le compte à rebours est déjà bien avancé. On est maintenant à J-2.
- °°° -
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