Le 11 novembre ?
Une journée de commémoration, nécessaire, indispensable pour justifier,- excuser ? - l’horreur vécue par certains, la douleur insondable de certaines. On ne pouvait pas faire moins à une époque où honneur et patrie avaient été érigés au porte-drapeau, la propagande était plus facile, plus directe et l’on pouvait trouver dans ces mots, dans une stèle et parfois une église, du réconfort face à l’absurde. Mais de nos jours ? La propagande existe toujours, elle est démultipliée, diffuse de tous les côtés mais ne cache pas la réalité : la plupart des gens ne veulent pas de guerre. Or il faut des soldats. Tout comme on ne peut pas être un pays vendeur d’armes et se réclamer pacifique - les armes de dissuasion sont en fait aussi létales que celles d’agression - on ne peut pas vouloir faire la guerre sans hommes à tuer, sans villes à détruire.
Alors que se déroule à nos portes une guerre qui nous semble la première vraie depuis longtemps, oublieux que nous sommes des réalités extérieures à l’Europe, des mausolées élctroniques fleurissent sur les réseaux sociaux. C’est donc un besoin.
Alors, oui, certainement que s’il m’avait fallu laisser des proches dans une guerre, le moins que j’aurais attendu soit une pierre et une cérémonie. Cela me parait stupide mais qui suis-je pour savoir ce qui panse une telle plaie ? De ceci découle qu’avec le temps et la disparition des proches, une seule date, serait suffisante, mais de quoi parler ce jour-là ? Je voudrais que la cérémonie exalte la paix mais ce serait incohérent, comme affirmer haut et fort que la mort de soldats n’avait pas de sens. C’est une spirale infernale. Je prèfère alors laisser ce jour-là à ceux qui l’ont vécu, le souvenir de la fin d’un cauchemar, l’espoir d’avoir terrassé le démon. Mais déjà, dans leurs bureaux, des stratèges fous tracent des lignes rouges et expliquent doctement pourquoi il faut intervenir.
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