Nous habitions en mai

- 16.11.2022

Nous habitions en mai, contre les flancs des abris rocheux. Nous habitions en mai.

Printemps finissant, été germant ; au comble des plaisirs, nous vivions heureux. Nous étions Heureux.

Et dans ces landes verdoyantes où la nuit est pour toujours éteinte, nous ne connaissions que le soleil. Nous ne connaissions que le soleil.

Les vitraux de nos ailes étaient jeunes encore, et leurs couleurs nous portaient si loin déjà, par delà les contreforts rocheux. Leurs couleurs nous portaient si loin déjà.

Et sa peau satinée contre moi tapissait de velours la vétusté de notre nid rocheux. Sa peau satinée contre moi tapissait de velours.

Les matins, enivrés par la rosée et le soleil levant, nous semblaient des boules de feu tournant dans nos poitrines. Les matins nous semblaient des boules de feu.

Les soirs, alors que l’on chassait au loin l’ombre vague des nuits, n’étaient qu’une autre éternité de jour. Les soirs n’étaient qu’une autre éternité de jour.

Cheminant de sommeil en sommeil sans jamais s’endormir, nos heures n’étaient dédiées qu’aux plaisirs et qu’à l’amour. Nos heures n’étaient dédiées qu’à l’amour.

Et planant au-dessus des terres, des pleurs et des craintes, portés haut par nos couleurs célestes, nous volions sur la Vie comme la Vie volait contre nous. Nous volions sur la Vie comme la Vie volait contre nous.

Nous habitions en mai, contre les flancs des abris rocheux, mais Il habitait en décembre, au fond de l’épaisse forêt. Nous habitions en mai, mais Il habitait en décembre.

Et l’incandescence de nos joies bavardes étaient connues du monde entier, pas plus tôt ni plus tard que ses pleurs invisibles. L’incandescence de nos joies pendant le Pourpre.