Comme les pics sont blancs et beaux,

Et comme la neige qui sommeille sur eux est lointaine,

Pour toujours et à jamais.

Et comme les pics sont blancs et beaux…

Comme les pics sont blancs et beaux quand, sur les bords de falaises en fleurs, l’âme s’en vient à déployer ses ailes,

Dans l’ombre des monuments de jadis…

Des monuments de la terre qui, en innombrables beffrois toisant de leur hauteur les esprits assoupis,

Narguent ceux qui rampent et se repaissent.

Ceux qui rampent et se repaissent,

D’eux-mêmes sont les hérauts du salut des misérables.

Les maîtres des bas offices se jouent des esclaves des hautes besognes,

Et les nuages ne distinguent pas l’eau croupie des flocons altiers.

Comme l’esprit vogue contre les flancs des plus hauts monts,

Et comme les sens s’assoupissent quand le vent pur vient s’appuyer ;

Comme la tentation est palpable…

D’accrocher contre ces roches affleurantes,

L’affleurement capricieux de nos songes besogneux.

Mais quand les joies plus pures,

Contre nos âmes viennent à répondre,

Et que l’onde et l’ombre nous murmurent, dans un soupir infini :

« La sainte odeur des pics est une calomnie !

Si tu veux prier, fais-le en blasphémant,

Et viens contre nous chercher le réconfort,

Pour bâtir en toi un sinistre fort,

Faire bouillir le gruau misérable de tes jours honteux,

Et t’allonger un peu contre la souche pourrie. »

Alors, quand l’onde et l’ombre ont formulé leur office,

Il ne reste plus qu’à regarder…

D’un air nouveau,

Presque étranger,

Qu’à constater, une dernière et nouvelle fois.

Comme les pics sont blancs et beaux…