J'ai longtemps espéré
- 12.06.2023
J’ai longtemps espéré la tranquillité.
C’est idiot ce qu’espère l’enfance…
C’est idiot un enfant qui souffre
Qui attend… et qui s’attend.
Les premiers pleurs sont toujours les plus beaux.
Par tranquillité, on entend durcissement,
ou arrêt de la cause de la souffrance.
C’est idiot ce qu’espère l’enfance…
Les premiers maux sont toujours les plus doux.
J’ai longtemps attendu que la douleur cesse,
douleur sans cause et sans objet,
souffrance comme un souffle.
Existence maladive.
Le pire dans l’espérance, c’est d’être le seul à espérer.
Tout comme la maladie a ce quelque chose d’insupportable parce qu’elle est réclusion,
sauvegarde du devoir d’exister.
Tranquillité — maladie dont on soustrait l’existence.
Le pire dans la tranquillité, c’est que lorsqu’elle finit par survenir,
elle s’évapore si vite qu’on doute qu’elle ne soit jamais advenue.
Tout comme on doute d’avoir jamais été malade une fois les maux éradiqués.
L’oubli est le vin que l’on boit dès le berceau.
Je me rappelle avoir attendu que d’autres attendent avec moi.
Je me souviens m’être attendu à ce que d’autres s’attendent à quelque chose.
Entendu que quelqu’un devrait s’occuper des causes.
J’ai longtemps espéré qu’on oublie tous ensemble.
Que les causes soient oubliées…
Que les maux et les miasmes ne furent jamais...
Que de l’existence on puisse enfin douter.
Tranquillité, je t’ai si longtemps espéré.
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