C’était un jour de grand vent. Sans doute ce jour là aurais-je dû rester chez moi. La météo l’avait bien précisé : « Des rafales entre 90 km\h et 100 sont attendues au cours de l’après midi. » Oui mais moi j’avais envie de bouger et de ne pas rester enfermé dans mon appartement. Alors je suis sorti me dégourdir les jambes.

La rue était calme, seul le vent sifflait. Les nuages semblaient pressés, poussés par ce temps. Au sol, quelques détritus était poussés par le vent : poussières, feuilles mortes et des emballages jetés négligemment au sol ou échappés d’un sac poubelle.

Un morceau de papier vient sSubitement se coller contre ma cheville. Je ne sais pourquoi mais je l’ai ramassé. D’habitude je me serais contenté de le repousser, là j’ai récupéré une feuille pliée à pleine main. La feuille était un peu élimée sur les bords, sans doute avait-elle été maltraitée par le vent et le temps passé dehors.

Je ne l’ai pas dépliée immédiatement, je savais qu’il y avait un banc pas loin pour prendre le temps de le consulter. C’était idiot car après tout cette feuille était sans doute insignifiante. Que pouvait contenir d’intéressant une feuille jetée dans la rue ou une poubelle ? Mais quelque chose en moi avait attisé ma curiosité.

Je me suis assis, le vent continuait de s’engouffrer dans mes vêtements apportant un ressenti de frais. D’ailleurs je crois que mon visage avait pris une teinte rougeâtre. Visiblement le papier avait été arraché d’un bloc en spirale si l'on en croit les découpes sur le dessus. Le papier était écrits au stylo bille noir d’une main pressé et hésitante, à voir les ratures présentes.

« En ce jour je suis venu. Ou plutôt revenu. Tant d’années ont passées, quinze exactement.
Après ce temps me voilà donc dans cette ville. Je suis un peu perdu dans ma tête. Il y a trois jours, par hasard, j’ai appris la disparition de ton pére. J’avais Occulté le passé pour construire le futur. Mais brusquement, tout m’est revenu au visage. Je respectais profondément cet homme dont je fut apprenti dans ma jeunesse et je voulais du fond du cœur lui rendre hommage.

Et puis, revenu entre les murs de la ville, je me suis souvenu de toi, ou plutôt de nous deux. Toi, radieuse, qui restera mon amour de jeunesse, sans doute la plus belle des histoires car la première. J’ai fait ce chemin, et j’ai réalisé que je ne pouvais revenir dans ta vie. Qu’après toute ces années c’était impossible de réapparaître comme cela, même de loin, j’en avais pas le droit.

Mes sincéres condoléances pour ton pére, je ne sais pas si j’aurais le courage de te remettre ces mots mais sache que ce sera ma seul incursion dans ta vie d’aujourd’hui. »

Je suis resté silencieux et j’ai fini par me poser la question si le destinataire avait eu entre ses mains le messages ou non. Mais au vu des ratures j’ai pensé que la lettre avait pu être réécrite au propre. Mais comment en être sûre ? Et puisque j’avais ramassé par hasard ce papier, j’avais envie de faire un geste, que ce message trouves son destinataire. Alors j’ai recherché les avis de décès dans la ville et j’en ai trouvé un qui semblait correspondre à proximité : un artisan retraité dont ce qui semblait être sa seule fille était mentionnée au faire-part. Le nom et l’adresse me parlaients, alors j’ai été mettre le papier dans la boîte aux lettre. J’eu l’impression d’accomplir un devoir tout en me demandant si j’avais eu raison de remettre le papier. Au final, jamais je n’aurais de réponse à ce sujet, j’espérais juste ne pas gâcher de vies.