La descente aux Enfers (Part 2)
— Ha Roberto ! Rentre mon garçon.
— Merci Monsieur, je suis toujours étonné que vous m’appréciez. Je n’ai jamais eu vraiment le temps d’aborder le sujet avec tous ces secousses.
— On fait tous des erreurs, et quand je t’ai vu avec ta dégaine de Rambo, ta chemise à col relevé, tu m’avais l’air pas assez sérieux pour ma fille. Or, je me suis trompé malgré les arguments de Marta en ta faveur. Tu tiens à elle et ton honnête sur ta vie passée ainsi que tes envies futur, m’a convaincu. Et puis, malgré les fans girls à tes pieds, tu restes auprès d’elle. Je dirais même que je suis plus inquiet pour toi que pour elle.
— Comment ça ?
— Comment tu peux être amoureux d’une fille impulsive, imprévisible, actrice et également talentueuse ?
— Je ne sais pas, j’avoue que je me pose aussi ces questions. C’est sans doute parce que je lui ressemble.
On rit de bon cœur et je salue sa femme qui vient aussi m’accueillir.
— Tu restes manger avec nous ? Ou tu l’emmène faire un tour ?
— Je n’en aucune idée, tout dépendra d’elle. Elle a dit quelque chose depuis son retour ? Elle est où ?
Elle se décale pour me la montrer avec désespoir. Je ne l’ai pas remarqué mais effectivement son état est inquiétant. Assise dans son fauteuil, elle fait des cercles ou montre quelque chose de ses doigts en marmonnant des mots devant la vitre.
— Elle est comme ça depuis.. ?
— Une heure…Quand on est rentré pour dix heure, elle a voulu s’installer dans son fauteuil et se taire. On a tenté de lui proposer des activités même simples comme faire les magasins. Mais rien, elle m’a même répondu « Je suis paralyser, je ne réponds de rien au chat ».
— Je l’ai rassurer qu’elle pouvait rester en fauteuil si elle est fatiguée mais là non plus, silence radio continue le père
— Et on t’a appelé conclut sa femme
— Je vois, je vais essayer de lui faire changer les idées. Au fait, Adela m’a tout raconté. Vous voulez que je tente de comprendre ses gestes ?
— Si tu veux, ça ne coûte rien de tenter. Tout va si vite, à son réveil, elle allait bien…
— En apparence ma chérie, en apparence. Bien, je vais continuer l’empaillage.
Il me tapote l’épaule avec un maigre sourire et s’en va. Sa femme me sourit également et va annoncer ma venue à sa fille. Marta a stoppé ses gestes et se mordille l’index avant de toucher sa cicatrice. Sa mère lui baise la tempe avant de se tourner vers moi qui me suis approcher :
— Je te laisse avec elle.
— Merci, au fait, je mange ici, si c’est toujours prévu ?
— Oui, pas de problème, je vais préparer le repas. En général, je prévois pour cinq personnes pour avoir des restes. J’espère qu’elle va manger un peu, hein ma puce ?
Aucune réponse après une dernière tendresse puis elle nous laisse. Je décide de prendre une chaise et de m’assoir à côté. Elle arrête ses gestes pour me regarder avec air de chien battu et de caresser ma barbe. Je l’embrasse et elle détourne le regard pour l’horizon. Je rattrape sa main pour l’embrasser et la serrer contre moi.
— Comment tu vas ma belle ?
— ….
— Tu penses à quoi ?
— Mes rêves…
— Tu en as parler à ta famille ?
— J’ai peur…
— Peur de quoi ?
Elle commence à pleurer et j’embrasse le coin de ses lèvres avant de sécher ses larmes.
— Peur de quoi ?
— De…on m’a dit que j’étais folle !
— Tu as eu récemment pendant deux jours de sortes de délires. Tu t’en souviens ?
— Non…
— Pourquoi tu arrives à parler de ça avec moi là facilement mais pas ta famille ?
— ….
— Marta ?
— Je…je…je ne sais pas…confiance peut être, j’ai tellement de choses à réapprendre, je ne sais pas où aller, où je suis…je réussi à parler correctement mais j’ai peur de l’enfer…et le chat ? Il n’a pas neuf vies lui ? Moi ? Et pourquoi pas être comme lui ! Je suis, j’étais enfin je…qui me possède ?! Mon esprit ? Le cœur mais plus le mien ?! Marta ?! Elle est où ?! Morte !! Et le chat aussi ! Et Eva aussi ! Et moi ? Je suis, non, je ne suis pas ! Je ne suis plus !
Ses questions l’agitent et je tourne son fauteuil pour l’enlacer. La première fois qu’elle se livre autant…
— Chut ma belle. Je suis là comme ta famille. C’est bien en tout cas, que tu prennes conscience des choses et on te l’a promis, on va t’aider à te retrouver. Mais aussi à te construire à nouveau. C’est normal d’avoir peur mais tout va bien. Et puis, tu peux aussi en parler et c’est mieux à un médecin.
— Non …
Elle me repousse pour se calmer. Je la force à me regarder.
— Seul un médecin peut t’aider.
— Je ne veux pas être interner !
— Tu n’iras.
— C’est vrai ?
— Je l’espère en tout cas…
— Et le chat ?
— Tu parles souvent du chat, pourquoi ?
— Quel chat ?
— Tu cites souvent le chat dans tes phrases… tu n’as pas remarqué ?
— Non…
— Tu vas y arriver à parler de tes peurs à ta famille ?
— Je…ne sais pas… la gestapo va me torturer et on va me droguer ! Puis me tirer une balle…
— Mais non, personne ne va te tuer. Et si on te poses des questions c’est pour t’aider à formuler tes angoisses et mieux t’accompagner. Tu comprends ?
— Je l’ai tuer !
— Tuer qui ?!
— Le blond…
— Je sais de qui tu parles et il est encore en prison.
— Je veux le voir alors !
— Marta, je ne penses pas que ce soit une bonne idée… après tout ce que tu as traversé.
Elle se détourne de moi pour mordiller à nouveau son index. Je l’observe quelques minutes puis je me lève pour en discuter avec sa mère.
— Je reviens ma belle. Je vais voir avec tes parents pour le voir.
— Couteau.
— Non. Tuer c’est interdit, c’est mal. Et de toute façon, en visite, tu n’as pas le droit d’avoir des armes.
— Pipi….
— On se retrouve dans la cuisine ?
— Oui…
Je la suis jusqu’à que nos chemins se séparent. Sa mère l’a regarde un peu rassuré surtout que après que je lui ai confier notre échange.
— Je ne sais pas effectivement si c’est une bonne idée qu’elle lui parle mais aussi, il faut voir si Alvaro, lui, accepte. Surtout pour se dire quoi ?
— J’ai peur qu’elle se mette en colère et c’est normal. On fait quoi alors ?
— Je pense appeler la prison pour demander l’avis d’Alvaro et de son avocat. Normalement les victimes n’ont pas le droit de visite.. Ensuite, on avisera et puis sans doute qu’elle aura oublié qu’elle voulait le voir.
— Oui faut espérer.
— Vous voulez manger dehors ou dedans ?
— Je pense que dehors c’est mieux. Il fait beau et Marta prendra un peu l’air.
— Bien, je te laisse là chercher, je vais mettre la table et appeler mon mari.
— C’est déjà prêt ?
— On prendra l’apéritif.
Sur un signe de tête, je vais retrouver ma copine dans sa chambre. Elle a enlever son haut et joue avec sa cicatrice sur le torse.
— Tu es magnifique ma belle. Une vrai survivante !
— Tu crois ?
Je m’assois à côté d’elle pour l’embrasser, elle me repousse un peu. J’en profite pour lui rendre son haut :
— Je t’aime.
— Je sais… mais je n’arrive pas à savoir si je t’aime aussi…
— Ça va venir. En tout cas, rhabille toi, on mange dehors.
— Je n’ai pas froid.
— Marta, tu n’as va pas rester comme ça.
— Pourquoi ?
— Car personne n’est à moitié torse nu ou en culotte. C’est aussi une question de culture. On reste habillé. Les seuls moments où c’est autorisé d’être nus c’est à la douche ou dans le soir pour dormir. Quoi que, un pyjama fait aussi l’affaire voir un caleçon. Tu comprends ?
— Oui… enfin… non
— C’est aussi pour éviter de tomber malade. Et l’intimité reste justement caché. Sauf en couple.
— Oui…
— Oui quoi ?
— J’ai froid…
— Bé d’où l’utilité de remettre ton haut.
— Et le blond ?
— Tu y tiens à le voir ?
— Peut être…
— Ta mère va voir avec lui. Sans doute qu’il veux aussi te voir. Bon, on va prendre l’apéritif, tu t’habilles ?
— Oui…
Une fois rhabiller, elle choisit son déambulateur et décide pour sa première fois, de raconter un peu le même discours qu’avec moi sur ses peurs. Ses parents lui rassurent qu’ils seront toujours là pour elle.
Enfin, après manger, pendant l’appel de sa mère à la prison, on décide de marcher dans la forêt avec Elfi. À son retour, elle se repose et je rentre à l’école quand sa sœur revient.
La semaine sera calme mais la tempête couve et l’orage Marta risque encore de faire des ravages… surtout chez elle-même.
Enfin, tout ça après son rendez-vous sans accros avec Alvaro accompagné de sa mère. Des projets un peu flous, qu’elle nous explique bout à bout avec interrogations et troubles alimentaires.
Des projets qu’on adhérent malgré ses doutes .
Elle est placé depuis une semaine dans un centre pour anorexie. Certes mineur… et pour au moins deux mois.
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