Trois jours… Trois jours que je suis seule dans cette forêt, qui fait quelques hectares. Je ne sortirais pas rapidement de là à ce rythme. Mon stock de nourriture s’amoindrit, je dois me restreindre pour pouvoir tenir. Aujourd’hui il fait magnifiquement beau. Le soleil traverse le couvert des arbres et donne à ce bois une dimension magique. Je marche, toujours dans la même direction, suivant un sentier, croisant de temps en temps des animaux sauvages. Chaque pas m’éloigne de ma famille, de ma vie, de tout ce que j’ai connu. Je prie pour ne pas croiser la route d’un militaire et pour trouver quelqu’un qui saura m’expliquer ce qu’il se passe…

Je tombe sur un puit. Je pose mon sac et sort mes gourdes pour les remplir. Je pousse le seau, prend la corde et hisse le récipient rempli d’eau jusqu’à moi. En souriant, je plonge mes gourdes dedans et les referme une fois remplies. J’en profite aussi pour boire et me rincer le visage. Les yeux perdus dans la noirceur du puit, je repense à mes amies, Clarissa et Diane, dont je n’ai pas de nouvelles. Je m’inquiète pour elles, j’espère qu’elles vont bien… Un bâillement me fait m’assoir au pied de la petite construction avant de m’assoupir, serrant mon sac à dos contre moi.

Un craquement de branche, mais pas provoqué par un animal. J’ouvre les yeux d’un coup et me lève d’un bond. Je prends le seau en main au cas où j’aurais à me défendre. Je regarde partout autour de moi mais rien. J’ai dû rêver… Je baisse ma garde et me retourne vers le puit. « Je deviens parano avec tout ça … » Une main se posa sur mon épaule, me faisant me retourner et brandir le seau contre cet inconnu. C’était un jeune homme, d’environ 1m70, brun aux yeux bleus.

Il mit ses mains en évidence, face à moi.

- Wow… doucement je ne te veux pas de mal… Je suis pas un militaire… Je suis comme toi…

Je posais mon ‘’arme’’ et le regardais avec méfiance.

- Qui es-tu ? Et tu me veux quoi ?

- Je m’appelle Alec… Je suis une cible, comme toi… Je t’ai vue et je pensais que t’avais besoin d’aide…

Je réalise alors que j’ai peut-être été un peu trop agressive. Je soupire de soulagement.

- Je suis désolée de t’avoir menacée avec un seau… Je suis un peu sur les nerfs en ce moment… Je m’appelle Lia…

- Enchanté… Ça fait combien de temps que t’es dans cette forêt ?

- Trois jours…

- Je vois… Viens avec moi je suis sûr qu’il y a un bâtiment où on peut se cacher plus loin. Tu vas pas rester là…

- Comment je sais que je peux avoir confiance en toi ?

- Tu ne peux pas, dit-il d’une voix joueuse.

Il n’avait pas tort. Je me les gèle toutes les nuits et je ne suis pas en super sécurité au milieu des bois. Il se mit à marcher vers le nord. Nous avancions en silence, à l’affût du moindre bruit suspect. Nous avancions plus profondément dans la forêt lorsque nous avons entendu des voix. Alec me plaqua au sol, se mit sur moi et me fit signe de me taire. Nous étions cachés par les hautes herbes mais nous pouvions voir d’où venaient les voix. Un groupe de militaires lourdement armés, patrouillaient à la recherche de fuyards. J’étais tétanisée. Et cette position ne m’aidait pas à me sentir bien. Alec, que je ne connais que depuis quelques heures, était contre moi, regardant avec inquiétude et méfiance les patrouilleurs. Les voix s’éloignaient peu à peu mais nous ne bougions pas, attendant qu’ils soient assez loin pour reprendre notre route. Alec se releva.

- Désolé de t’avoir sauté dessus… Il ne fallait pas qu’ils nous voient…

- Oh ne t’inquiète pas j’avais compris… Mais qu’est-ce qu’il se passe ?

- Je te raconterai tout une fois à l’abri… Si une patrouille nous entend on est morts...

Oui c’est rassurant ! Nous avons marché encore deux bonnes heures avant d’arriver à un immense portail. La brume autour de nous donnait au lieu un aspect peu rassurant… On ne voyait même pas le bout du chemin…

- Alec… Tu es sûr qu’on y sera en sécurité ? demandais-je

- Malheureusement, on ne peut être sûr de rien en ce moment…