Chapitre 4
Je parcourais la ville en marchant tranquillement. On n’entendait pas un bruit. Les rues au niveau du sol étaient totalement désertes. Les métros aériens étaient à l'arrêt. Il n'y avait pas un seul passant autour de moi. On aurait dit une ville fantôme quand ils disaient dans le temps. Pour une ville verticale avec une population de 10 millions d'habitants, c'était vraiment irréel. Parce que rien de tout ce que je voyais n'était réel. J'étais dans mon programme de réalité virtuelle. Ca faisait du bien de pouvoir échapper à la foule grouillante habituelle qu'on trouvait quotidiennement à Oreley, même si cela n'était que pour une courte durée.
La modélisation de la ville était limitée, aujourd'hui je me baladais dans le quartier central. Enfin je me baladais... c'était vite dit. J'étais là pour assurer la sécurité de nos données. Et pour ça, je plongeais en immersion dans les serveurs pour vérifier que tout se passait correctement. Tout le monde ne pouvait pas dire qu'il avait un travail aussi cool que le mien à mon avis ! Je continuai à avancer en ouvrant l'oeil. En passant devant une vitre, je contemplai mon reflet. Même si c'était pour mon travail, je n'avais pas chargé mon apparence dans le programme. Déformation professionnelle quant à la sécurité de mes données biométriques. Cheveux rouges, grands yeux jaunes et quelques étincelles électriques parcourant le corps : mon avatar avait un look qui ne passait pas inaperçu. Tout le contraire de mon véritable corps. J'étais plutôt dans la norme. J'avais une corpulence moyenne, un visage fin avec des yeux marrons. Mon style vestimentaire était simple et sans ostentation pour me fondre dans la masse. Ma seule excentricité était une mèche violette dans ma chevelure noire.
Je m'approchai d'une banque, il y avait un détail qui m'avait intriguée au fur et à mesure que je m'avançai. Je n'aurais pas su dire quoi mais j'avais comme l'impression qu'il fallait que je l'examine d'un peu plus près. Je rentrai à l'intérieur du bâtiment. En actions extérieures, c'est comme si j'ouvrais les dossiers que la branche Conglomérat Digital possédait sur cette banque en particulier. Je ne vis rien de particulier à ce niveau là en examinant nos propres bases de données. Mais qu'est ce qui avait attiré mon attention alors ? Je ressortis du bâtiment et en fis le tour. J'examinai de plus près la structure. Je faillis ne pas le voir. C'était quasi imperceptible. Il y avait une faille dans un mur de la banque. Quelqu'un avait installé une porte dérobée pour accéder au système numérique de la banque depuis l'extérieur. J'ignorai si je l'aurai vu si j'avais travaillé de manière classique. Mais là, en réalité virtuelle, on voyait quelques pixels qui n'étaient pas à leur place. Je balisai ma position grâce à plusieurs étincelles électriques émises par mon personnage. Je me mis alors à enquêter plus profondément. Mais la porte que j'avais trouvé était impossible à ouvrir. Elle était très bien sécurisée. J'allais devoir y passer un sacré bout de temps.
Quelqu'un toucha mon épaule. Ma vraie épaule. Je vérifiai une nouvelle fois que j'avais bien balisé la porte et je me déconnectai du programme de réalité virtuelle. Je clignai plusieurs fois des yeux et regardai Pox, mon collègue qui avait attiré mon attention.
- Hey, K, tu continues à travailler comme ça ? m'interrogea t-il.
- C'est pour ça que tu me déranges ? J'avais découvert une back-door ! soupirai-je.
- Tu as codé toi même l'environnem... Hein ? Une back-door ? Où ça ? s'exclama-t-il.
- Castle Bank, quartier central. On devrait s'y intéresser.
- Tu l'as dit, y'a plein de crédits qui transitent par cette banque. Nos paies notamment. Je n'aimerai pas qu'elle soit compromise et qu'on nous accuse d'avoir raté ça !
- Alors, au boulot, j'ai marqué l'endroit exact.
Je pianotai sur mon bras pour relancer le programme de réalité virtuelle et fermai les yeux pour y replonger. A côté, j'entendais vaguement les doigts de Pox virevolter sur son clavier.
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