Chapitre 6
Quelque chose ne tournait pas rond. Lorsque j’avais trouvé la backdoor, j’avais eu une espèce de pressentiment voire même un malaise. J’étais persuadée que ce n’était pas un accès comme les autres. Pox et moi, nous avions passé le reste de la journée à essayer de la craquer, de l’ouvrir, de voir qui l’avait mise là ou encore quelles données les hackers pouvaient retirer de la banque. Sans succès. Nous avions combiné nos méthodes de travail classique et en réalité virtuelle et rien n’avait abouti. Nous avions fait notre rapport avec nos analyses inquiétantes de la situation à notre patron pour le tenir informé.
Cela faisait une semaine. Nous n’avions pas eu de nouvelles. Rien. Nada. Alors qu’une banque majeure de la ville, dans le quartier où transitait le plus de crédits, était compromise. Il me fallait des informations. J’envoyai un message à Pox et nous nous retrouvâmes devant le bureau d’Andersmith.
- Vas-y, toque, c’est ton idée K.
- Quoi t’es anxieux de le voir ? soupirai-je. On est pas des gamins.
Il me regarda avec insistance alors je n’allais pas avoir le choix. Je pris une grande inspiration et toquai à la porte du bureau.
- Entrez ! cria une voix à l’intérieur.
- Bonjour boss !
- Ah, Pox Hartjen et Kaylin Castiglione. Que voulez-vous ? nous salua Andersmith.
- C’est à propos de la backdoor sur laquelle on a travaillé la semaine dernière. Celle de la Castle Bank à Central… dis-je sans trop savoir comment poser ma question.
- Oui je m’en souviens. répondit-il, le regard un peu fuyant.
- Où ça en est justement ? Tu nous as retiré l’affaire y’a une semaine après seulement une journée de travail. Sans nous vanter, on est compétents…
- Voire très compétents. osa m’interrompre Pox alors qu’il ne voulait pas parler.
- Mais en une journée de boulot, on aurait pas pu la craquer.
Andersmith eut une réaction de gêne : il regarda de chaque côté, s’étira, se gratta la tempe avant de nous regarder à nouveau. Oui, quelque chose ne tournait définitivement pas rond.
- J’aurai bien voulu vous laisser le temps de l’étudier, de remonter la piste à la personne qui l’avait installée. Je vous aurais bien donné une ou deux paires de bras supplémentaires pour vous aider mais dès que le rapport est entré dans le système, j’ai reçu l’ordre de tout arrêter et de faire suivre à une autre division du Conglomérat.
- Mais on est la branche de Sécurité Digitale du Conglomérat ! intervint Pox.
- C’est aussi ce que j’ai répondu, et que le dossier était déjà géré par nos meilleurs éléments...
Il continua pour nous expliquer qu’il s’était battu contre son propre supérieur mais qu’il n’avait rien pu faire. Nous étions partagés entre les éloges reçus par Andersmith et l’incompréhension de nous faire retirer le dossier. On retourna alors à notre bureau songeurs et interloqués. Je fermai la porte et m’assis à côté de Pox. Nous réfléchîmes intensément en silence. Pox me regarda avant de déclarer en chuchotant :
- On est d’accord pour dire que y’a un truc bizarre là dessous ?
- C’est sûr ! Pour faire pression comme ça sur Andersmith et la branche Sécurité Digitale du Conglomérat… Ca ne peut venir que de plus haut… avançai-je.
- Merde… La Direction Générale du Conglomérat tu crois ? Sur quoi on est tombés… se lamenta Pox.
- Qu’est ce qu’on fait ? chuchotai-je. Soit on la ferme et on oublie tout, soit on enquête discrètement mais ça pourrait être risqué si on se fait choper. On plaisante pas avec la DGC.
- Ma chère Kaylin, il paraît qu’on est les meilleurs de la Sécurité Digitale, quel comble si on se faisait attraper… déclara Pox avec un petit sourire.
- C’est parti ! répondis-je en souriant à mon tour.
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