Chapitre 7

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Après deux semaines à suivre Olliver Zuid comme son ombre et même plus près, j’avais appris quasiment tout ce qu’il y avait à savoir de sa vie. Sa femme, ses enfants, sa maîtresse, ses horaires de boulot, ses trajets et ses routines. C’est confortable une routine. Et ça rend les gens faciles à suivre. Ils deviennent très perturbés quand quelque chose vient chambouler leurs petites habitudes. Lorsque c’est un événement anodin, les gens vont vite se remettre mais lorsque c’est provoqué, prolongé et progressif comme quelqu’un qui vous suit et vous envoie des multiples photos de vous avec des menaces de mort, ce n’est pas la même chose. Les gens deviennent paranoïaques, anxieux et suspicieux. Un cocktail des plus charmants.

Zuid avait espéré me berner en arrivant de plus en plus tôt et en restant très tard à la banque mais ça n’avait pas marché. Ou alors il se sentait plus en sécurité à l’intérieur du bâtiment. Il était bien sécurisé et c’était normal pour une banque de cette importance. Des masses de crédits passaient par cette banque et elle se trouvait dans la partie la plus riche du quartier le plus aisé de la ville. Ce qui veut dire que j’étais filmé par des milliers de caméras quand je suivais Zuid dans le quartier Central. Il fallait que je sois extrêmement prudent pour ne pas attirer l’attention sur les enregistrements s’ils étaient visionnés par la police après la mort de Zuid. Car il allait bientôt devoir mourir. Mon employeur m’avait accordé à peine trois semaines pour exécuter le contrat et l’échéance arrivait à son terme dans trois jours. J’allais donc devoir sérieusement commencer à réfléchir au meilleur endroit pour en finir avec Zuid. Le tuer au sein même du coeur bancaire et administratif d’Oreley était le meilleur moyen pour avoir les flics sur le dos. Je réfléchis une minute avant de prendre la décision de l’abattre sur le trajet pour aller chez sa maîtresse dans le quartier Ouest. La surveillance serait plus normale dans ce coin là. Je pris la journée pour aller faire du repérage sur la route que prenait Zuid pour aller voir sa conquête. Après être sorti du métro aérien, il n’avait pas trop le choix, il devait suivre une rue piétonne principale, toute autre route l’aurait éloigné des bras de sa donzelle. Une fois à l’entrée de son quartier, il arrivait à un carrefour où plusieurs rues et ruelles s’offraient à lui. D’ordinaire il prenait le chemin le plus court mais depuis que je le surveillais, il faisait régulièrement des petites feintes en choisissant un chemin différent à chaque fois. Il espérait sans doute me perdre. Comme il me fallait une position en hauteur avec un bon angle de vue, les ruelles du quartier de la maîtresse étaient exclues. Surtout si je l’attendais dans une et qu’il passait inopinément par l’autre. Je choisis alors de me poster dans la rue principale pour ne pas risquer de le rater. Je retournai sur mes pas pour descendre lentement la rue et observer sa disposition. Je pris garde de regarder régulièrement les vitrines holographiques des commerces pour donner l’impression que je faisais du lèche-vitrine. Mais j’enregistrais dans mon esprit la disposition des buildings de la rue, les fenêtres qui étaient à la bonne hauteur pour mon tir et les bâtiments qui semblaient plus faciles d’accès que les autres. Grâce à ma lentille de prise de photos, je pus aussi garder une trace de tout ça pour y réfléchir durant les deux prochains jours avant de tout mettre en place pour finir le boulot le troisième jour. Une fois satisfait, je pus tranquillement rentrer chez moi.

Deux jours ça passait vite. Comme d’habitude, je suivis Zuid et lui fis parvenir des photos récentes pour continuer à faire monter sa psychose. C’était étonnant qu’il arrive encore à sortir de chez lui pour aller travailler. Avant lui, d’autres avaient été complètement tétanisés dans leur appartement et refusaient d’en sortir quand ils avaient eu affaire à moi. Il n’avait peut-être pas le choix à cause de son boulot à la banque. Le jour prévu arriva finalement. Je pris ma malette avec mon fusil démonté et partis vers le quartier Ouest à l’heure où Zuid allait chez sa maîtresse. Je m'introduis dans le bâtiment résidentiel où j’avais repéré un appartement en travaux. Je montai mon fusil et me plaçai devant la fenêtre. Quand je repérais ma cible, je visais avec précaution. J’avais opté pour une sorte de balles particulières, je ne voulais pas déclencher une chasse à l’homme en explosant la cervelle d’un homme en pleine rue. C’était une espèce de fléchette remplie de poison, à effet intermédiaire. Je tirai sans bruit dans le cou de Zuid de l’autre côté de la rue. J’étais déçu de le voir continuer à marcher mais il n’allait mourir que dans deux heures, probablement dans les bras de son amante. Je démontais mon arme et ressortis tranquillement du bâtiment.

Je sirotais un café quand l’ambulance se gara devant moi.

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