On dit que l’enfer est glacé. Alors ce doit être l’enfer.

Je suis trempé jusqu’à l’os quand j’entre dans la chambre d’hôpital. Dehors, une pluie diluvienne s’abat sur la ville, comme si le ciel s’était décidé à pourrir ma soirée.

Quand je suis arrivé à Larmore-baie, je ne m’attendais pas à tomber amoureux. Dès que je l’ai vu, je n’ai pas réussi à me la sortir de la tête. Aujourd’hui, je l’ai sans doute définitivement perdu, et mon cœur brisé me donne la sensation d’être mort une première fois.

La pluie s’est contentée de me tuer une seconde fois.

L’absence de mon dernier ami se fait ressentir encore plus cette nuit. De lui, il n’y a plus qu’un corps au teint cireux sur un brancard. Le poison a intoxiqué toute son espérance et le sang a balayé ses efforts ; je m’en veux tellement de ne pas avoir réussi à l’aider, de ne pas avoir tenu la promesse que je lui ai donné.

Je me fais l’effet d’un traître, qui l’a lâché au moment où il avait le plus besoin de moi.

Son absence me tue une troisième fois.

Quand mes nerfs lâchent et que je fonds en larme, je sais que j’ai touché le fond. Un cœur en miettes, des espoirs brisés et une âme souillée, c’est tout ce que Larmore-baie m’a apporté.