Prologue: Le Tournoi de la Garde
Je souris, les yeux rivés sur les bateaux dans le ciel. Arpenteur, arbre en fleur, suspend toi à l'ether... chante une petite voix au fond de ma tête, en souvenir d'un des refrains de mon enfance. L'annonceur, sur l'estrade, lui, marque un silence. Il laisse courir son regard sur la foule un instant, en orateur experimenté. Son monocle et sa pipe de verre bleu lui donne un air loufoque, mais la dure fermeté du ton de sa voix apporte un contraste étonnant à cette allure déjantée.
"... Richesse, puissance et pouvoir. Immortalité, gloire et savoir. Chaque homme rêve de l'un de ces feux follets, et ce songe le brûle, dans la nuit. Influence, santé, intelligence, charme, beauté.... Fées volantes dont chaque âme rêve de se saisir: Le vainqueur du tournoi les attraperas toutes, le vainqueur du tournoi ne feras qu'un avec les brasiers. Le vainqueur de ce tournoi...
Il ne termine pas phrase autrement que par un regard entendu.
"... Réjouissez vous donc... Car le prix de ce tournoi est l'attrape-fée que le feu de votre ambition vous a poussé à venir chercher ici. La Douzième armure d'or vivant. Dans 10 jours, le prix tant convoité seras peut-être entre les mains de l'un d'entre vous..."
Je suis alors distrait par les paroles d'un des participants placés devant moi:
"Tu parles, marmonne-t-il à son camarade. C'est le seizième tournoi en seize ans, et personne n'a jamais réussi à passer la dernière manche... à se demande si elle existe, cette foutue armure..."
Son ami acquiesce, et leur défaitisme me fait grimacer. Je me remet à écouter l'annonceur.
"... Obtiendra cette place. C'est une place sacrée que celle de "Garde impérial". Depuis des siècles, les 11 gardes impériaux sont la manifestation physique du pouvoir de l'Impératrice. 11 hommes, chacun aussi puissant que 10 armées: Depuis des siècles, ils ont bien défendus l'honneur de leur souveraine. Et pourtant, aujourd'hui, l'impératrice a besoin d'un douzième garde."
Il marque à nouveau une pause.
"Puisse ce douzième garde être l'un d'entre vous. Bien. Nous allons maintenant vous faire entrer sur l'île. D'autres consignes vous seront données demain; Votre premier défi, cependant, le voici. Formez des equipes de trois personnes, et regroupez vous près des passeurs-de-brume..."
Je lance un regard enjoué vers les navires. En voilà, de beaux arpenteurs! Assez anciens, certes, mais majestueux. Je sais reconnaitre un chef d'oeuvre de construction nebulonautique quand j'en vois un! Leurs voiles claquent sous le vent chaud de la place, et quelques mouettes piaillent dans les replis du crépuscule. Les participants rejoignent tous les navires dans un joyeux brouhaha, et moi je m'arrête un peu pour comtempler la scène. Ils sont des centaines à se déverser dans les dix caravelles qui flottent au dessus de la place, et certains n'ont clairement jamais arpenté la brume. Ce sont de vieilles caravelles, mais elles les impressionnent. Malgré le fait que plusieurs d'entre eux soient des énergumènes, des vrais boucheries sur pattes, tous couverts d'épées et de haches de guerre en tout genre, je m'amuse de les voir s'exclamer de stupéfaction alors qu'il grimpe sur les passeurs-de-brume.
Moi, j'ai toujours vécu dans les brumes, alors les bateaux dans le ciel, ça me surprend plus trop. La Brume fais partie de ma vie: j'y pêchais déjà, enfant. Pourtant, je trouve toujours que c'est un spectacle d'un charme indéfinissable.
Je dis "charme indéfinissable", c'est parce que je n'ai pas les mots. Je ne suis pas, moi, un très beau parleur, ni un poète. Mais j'aime vivre, et comme tout ceux qui aiment vivre, je trouve souvent que je n'ai pas assez de mots pour décrire cet amour de la vie que je ressens tout au fond de moi. Alors je vais essayer, tant bien que mal, de peindre le tableau de ces navires planant au dessus des hautes tours de la capitale, couché sur les bras de brume, et puis leur aura de majesté, et la curieuse impression de vie qui se dégage des participants grimpant aux cordages dans un désordre infini, mais je sais que je vais pas y arriver. Donc je dirais juste que c'est un spectacle d'un charme indéfinissable: ça me gêneras moins, si vous le voulez bien.
Je souris. Mon grand-père disait que le Dixième Style arrivait, que je n'aurais jamais la chance de quitter la soute. Et bien, la fin du monde n'est pas encore arrivée, et le monde est magnifique, en dehors de la soute. Alors qu'il ne reste presque plus personne sur la place, je me décide enfin à rejoindre les cordages, et je ne peux pas m'empêcher de sourire. Quelle histoire... je suis vraiment en train de participer au tournoi de la garde, moi...?
Je n'ai, je crois, aucune chance de réussir. Je ne sais pas me battre, et je ne connais pas mon Style. Mais cette histoire est la mienne, et, aussi petite soit-elle, il ne tient qu'à moi de la raconter.
Les 9 Styles
Neufs peuples d'élémentaires créérent neufs styles, et ces styles firent des hommes les maîtres de la nature. Lorsque les arts furent scellés, il fut annoncé qu'ils dureraient pour l'éternité, mais que l'éternité prendrait fin à l'Avénement du Dixième Style.
Des siècles durant, le Dixième Style fut donc un synonyme d'apocalypse. On l'invoquait pour maudire, on s'en protégeait par des prières; Les agitateurs de foule menaçaient le peuple pour leur impiété, et les prévenaient contre l'Avénement.
Recemment, toutefois, le Dixième Style n'est plus du tout perçu de la même manière par les élémentaires. Plus personne n'en parle, mais ce n'est pas parce qu'il a été oublié.
Il y a 16 ans, le Dixième Style est apparu quelque part dans l'Empire.
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