15 (partie 2)

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Mia

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Les cours donnés à Reborn, se basent sur un schéma plutôt classique, et simple à retenir : le matin, théorie, et l'après-midi, combat, renforcement musculaire, simulations. Ce matin notre première journée de classe donc, nous avons suivis des cours de théorie globale sur les Reborn, et notamment notre future mission en tant que telle. J'ai pu apprendre bon nombre de choses, comme la particularité qu’ici, la formation ne concernait pas exclusivement le fait de savoir se battre, non. En réalité, les futurs Reborn sont destinés à devenir ''agent''. Ce qui signifie, que parfois, les missions n'incluent pas de combat. Notre professeure nous a expliqué que par exemple, une mission pouvait simplement consister à s'infiltrer dans une soirée afin de réunir des informations sur une future cible. Comme, et c'est ce qui m'inquiète le plus, nos missions peuvent être des assassinats. Bien sûr, les surveillants et notre professeure ont cru bon de rappeler que nos cibles lors d'assassinat, ne sont que des personnes nuisibles. Mais, leurs définition de ''nuisible'', et la nôtre peuvent varier. De toute façon, en règle générale, je me suis jurée de ne jamais tuer. Mon père tue, en tant que soldat, et je voyais bien, lors de ses permissions, que ses mains couvertes de sang le rendaient malade. Je refuse de devenir comme lui, rongée de l'intérieur par des crimes que l'on m'aurait forcé à commettre. Le problème est de savoir, comment réussir à ne pas se faire assassiner par Reborn, en refusant de tuer pour leur compte.

De toute façon, le moment n'est pas encore venu, je n'en suis qu'à mon premier jour de formation, et celle-ci dure six mois. En somme, tout va bien, pour le moment.

Cette après-midi, nous avons notre premier cours de combat. Notre professeure de théorie, madame Bercelo, nous a expliqué que ce premier cours servirait surtout à délimiter notre force actuelle, afin de savoir comment la développer par la suite.

Assise sur un banc des vestiaires des filles, j'attrape le pantalon de ma tenue de sport que j'ai reçu en même temps que mon uniforme, et grogne en sentant la matière assez râpeuse sur ma peau.

  • T'en fais pas, me lance Alexia, une fille blonde au large sourire. Tu vas t'habituer.
  • Ouais, je vais essayer de me rassurer en me disant ça...
  • Oh allez, fais pas cette tête ! Ça va bien se passer.

Je tourne la tête, dépitée, vers Sarah qui rit à gorge déployée.

Dans la classe, nous sommes dix, dont nous quatre, Jeremy et Sarah, et quatre autres Reborn que j'ai rencontrés ce matin. Trois filles : Alexia, Rachel, et Paulina, et un garçon, Timothy. Ce qui fait que la parité est parfaite. Et à dire vrai, j'ai bien vu que Jeremy et Timothy étaient heureux ce matin, lorsque sont entrés dans la salle, le trio de garçons qui me suivent depuis le début de cet étrange tourmant de ma vie.

  • En quoi consistent les cours physiques ?
  • Cet après-midi, on va revoir vos résultats du test d'hier, et évaluer votre vitesse, puissance,et réflexes. Après, notre professeur verra comment adapter votre entraînement.

Rachel, qui vient de m'adresser la parole, est d'une beauté saisissante. Grande, élancée, la peau brune assortie à de magnifiques yeux dorés, et de courts cheveux noirs en brosse. Elle a une harmonie dans ses courbes que j'ai rarement pu observer jusqu'ici.

  • Dis, la Nouvelle, me lance Paulina, assise non loin de moi. Le blond hyperactif, c'est ton gars ? Non parce que si c'est le cas, dis-lui de se calmer, il saoule à gueuler tout le temps.

Cette fille-là en revanche, ne m'inspire ni confiance, ni sympathie. Elle a un faciès latin, et une attitude assez provocante que je ne trouve pas avenante. De plus, sa pique sur Léo est la première chose qu'elle m'adresse depuis notre rencontre ce matin. Comme quoi, parfois, les premières impressions ne sont pas forcément trompeuses.

  • Léo, je souligne avec mauvaise humeur, est mon meilleur ami. Et si tu as quelque chose à lui dire, dis-le lui toi-même. Je ne suis pas médiatrice.
  • Pas besoin de me parler comme ça. Meilleurs amis, tu m'étonne, vous avez tous les deux lemême caractère de merde.

Je renifle, me redresse, attrape ma bouteille d'eau, et sors en trombe des vestiaires. Et alors que derrière moi, je claque la porte avec colère, j'entends Alexia lui insuffler une remarque salée.

Le gymnase de Reborn, est un grand bâtiment, avec une salle d'entraînement munie d'appareils de musculation, d'un large espace d'affrontement, et d'un sauna, entre les deux vestiaires. De plus, les couleurs claires des murs, couplées aux grandes fenêtres montant jusqu'au plafond, donnent à l'endroit un côté lumineux assez agréable, par rapport au bâtiment des simulations, étouffant tant la lumière n'y pénètre pas.

Dans la salle, je remarque que Lou et Elio sont déjà sortis des vestiaires, et sont en grande discussion avec Timothy.

  • Hey, je lance en m'approchant à grandes enjambées.
  • Oh Mia. Voici Tim.

Lou m'adresse un sourire en désignant le concerné du menton. Il a l'air plutôt jeune, ce garçon. Son visage est encore pubère, avec une barbe naissante et irrégulière, ainsi que de grands yeux enfantins qui me font douter de son âge.

  • Mia, je réponds en lui tendant la main.
  • Enchanté, sourit-il. Tu étais de Liberty toi aussi ?

Sa voix aussi, est jeune. Des hauts et des bas dans ses paroles ne me laissent plus de doutes possibles : si il a quinze ans, c'est le maximum.

  • Tout à fait.
  • Lou m'a expliqué comment vous êtes arrivés ici. C'est... carrément craignos.
  • À qui le dis-tu. Et toi, racontes-nous le triste passé qui t'a fait passé de vie à Reborn ?

Tim se passe une main dans les cheveux, gêné, en émettant un petit rire nerveux. Je vois ses yeux cherchés un point d'appui pour éviter nos regards, et je tente de le rassurer d'un sourire doux. Voyant mon expression, il semble se détendre, et inspire par le nez, avant de répondre.

  • Des cambrioleurs se sont infiltrés chez moi une nuit. Mon père leur est tombé dessus, et je reste encore persuadé aujourd'hui, que si il n'avait pas fait de vague, nous serions encore tous... en vie.

Il marque une pause, avale sa salive, la bouche pâteuse, et se passe la langue sur les lèvres.

  • Pour éliminer toutes traces de leurs passages, ils ont décidé d'éliminer... les témoins. J'ai péris en tentant de protéger mon petit frère. Quand je me suis réveillé à l'hôpital, j'ai appris qu'ils étaient tous morts, et que leurs enterrement avaient déjà eus lieu.

Une boule se forme dans mon ventre, tandis qu'il achève son récit avec un trémolo dans la voix. Cependant, là où j'imaginais déjà devoir le consoler, il se reprend avec une maturité déconcertante, et affiche un sourire fort.

  • Tout ça est derrière moi maintenant. N'est-ce pas ?

Lou, Elio et moi hochons la tête, sans vraiment comprendre comment un drame pareille peut sortir d'une façon aussi naturelle de la bouche d'un gamin de quinze ans. Puis, alors que je m'apprête à le relancer, je sens un bras s'enrouler autour de mes épaules, et le souffle chaud de mon meilleur ami près de mon oreille.

  • Réunion tupperware les nazes ?
  • Léo..., je grommelle en tournant la tête vers lui.
  • Quoi ? vous vous verriez de loin, on a l'impression que vous complotez.

Il ricane, et tourne la tête pour dévisager Tim, un long moment. Puis, il hausse un sourcil, tout en resserrant le bras qu'il a passé autour de mes épaules.

  • T'as quel âge, l'embryon ?
  • Quatorze ans, j'aurais quinze ans en février.
  • ... wouah.

Il me libère enfin, et s'approche de Tim, avant d'être interrompue par l'entrée fracassante d'un homme immense, le crâne rasé, et les yeux cyan plissés dans une expression déterminée.

  • Dix tours de terrain ! brame t-il. Le premier qui s'arrête, ou qui marche, rajoutera deux toursde terrain pour tout le monde. On se bouge !

... notre professeur. Bon.

Je n'en peux déjà plus et pourtant, nous n'en sommes qu'à notre cinquième tour. Ou du moins, j'en suis moi, à mon cinquième tour. Car de ce que j'ai remarqué, Elio et Léo en sont déjà à leur huitième ou neuvième tour, et Jeremy, Sarah et Rachel, ont déjà finis.

Comment font-ils ? Mon corps hurle déjà à la mort, mes muscles refusant de se contracter convenablement, et mon souffle irrégulier m'empêche de reprendre des forces en continuant de courir. Lou me talonne, les joues rouges et les cheveux en désordre ; ses baskets claquent mollement sur le goudron, et j'ai remarqué que ses jambes tremblaient légèrement.

  • J'ai envie de mourir, me lance t-il.
  • Si tu parles, c'est que tu peux encore courir, alors magne-toi ! hurle notre professeur.

Je manque trébucher, mais ne prends pas le temps de ne serait-ce qu'envisager marcher quelques secondes : notre entraîneur, et donc professeur physique, a les yeux rivés sur nous.

  • Oh le blondinet, on discute pas en courant ! Et le rouquin à côté, le cours ne te dérange pas trop j'espère ? Tu es la personnification du mot ''blasé'', change-moi ça !

Ce type n'est pas un marrant, vraiment pas.

Je suis l'une des dernières à terminer mes tours de terrain, et tombe presque de fatigue en passant la ligne d'arrivée. Même Lou a finit avant moi, ce qui me vaut les moqueries largement mérités de Léo. Pas que je considère Lou comme une personne relativement nulle en cardio, mais...

  • Lamentable, me lance l'entraîneur. Je connais des cadavres qui iraient certainement plus vite que toi.
  • Techniquement, je suis un cadavre, je marmonne en reprenant mon souffle.
  • Pardon ?
  • Non, je disais juste que comme on est mort, bah on est d...
  • J'ai très bien compris, merci. Comment tu t'appelles la bleue ?

Je me redresse, tremblante, pour faire face à l'homme, et grimace : il fait vraiment peur.

  • Mia Dos, monsieur.
  • Très bien, Mia Dos. Comme tu sembles être encore pleine d'énergie pour faire des blagues, tu vas être la première à passer. En combat contre moi, afin que je puisse évaluer les dégâts.

Un sourire en coin étire son visage à la peau tannée, et je sens mon estomac faire un looping. Cet homme, est une montagne de muscle. Son petit débardeur blanc ne laisse rien à l'imagination de sa musculature développée à outrance, et qui ne doit sûrement pas être seulement de la gonflette.

  • Ne t'en fais pas, je ne mettrai pas toute ma force.

Il ponctue sa phrase d'un rire, me faisant ainsi comprendre qu'il n'en fera rien, et ne retiendra absolument pas se coups.

Je fais un pas en avant, tandis que les autres s'écartent pour laisser de la place à notre futur affrontement.

  • Vise le cou, me murmure Léo en passant près de moi.

Je hoche la tête dans le vide, et déglutis en me retrouvant face à cet homme, qui doit bien faire deux mètres, pour cent kilos de muscles.

Je vais mourir.

Autour de moi, le reste de la classe a formée un cercle, et je comprends aux visages de Léo, Lou et Elio, qu'au moindre problème, ils n'hésiteront pas à intervenir.

  • Je te laisse porter le premier coup, Dos. Cadeau d'ami. Pas d'interdiction, tout est permis.

Je me mords la lèvre, durement en réfléchissant activement : ma force à moi, est dans mes jambes. Cependant, je ne pourrais pas toucher son cou d'un coup de pied, à moins de le donner en étant préalablement debout sur les mains. Trop risqué, il pourra contrer sans aucun problèmes. La seule solution qu'il me reste, à dire vrai, est de viser les parties délicates, en-dessous de la ceinture.

Je bondis en avant, assez hésitante, et lance ma jambe droite, dans la direction de la zone que je connais douloureuse chez nos homologues masculins. Cependant, avant même que je n'arrive à le toucher, je le vois esquiver, faire un quart de tour, m'attraper par le bras, et me tirer vers lui. Puis, sans vraiment que je ne puisse anticiper, son genou me broie le ventre, et je retombe au sol, à genoux, tordue de douleur.

  • Fumier ! brame Léo.

Notre entraîneur l'ignore, et me relève d'une main, avant de me donner un violent coup de poing en plein visage. Mon nez cède, et une gerbe de sang commence à me couler des narines jusqu'au menton. Je me heurte à nouveau au sol, et décide de fuir, le temps de reprendre mon souffle, ainsi que mes esprits. Mais, alors même que j'esquisse un geste pour tenter de ramper hors de sa portée, son talon s'écrase entre mes reins, et me bloque ainsi dans tous mouvements.

  • Voyez jeunes gens, qu'un combat ne se fait pas dans la précipitation. De plus, que remarque t-on ici ?
  • Elle est faible physiquement, lance Paulina.
  • Tout à fait. Et quelle a été son erreur ?
  • Attaquer sur un point non surprenant.

Je grogne, tandis qu'il me libère, et m'aide à me relever avec une douceur étonnante. Un large sourire étire son visage, et je sens un certain réconfort face à son air désormais chaleureux.

  • T'en fais pas, dans deux mois, tu arriveras à me contrer, me glisse t-il.

Je hoche la tête, assez dubitative quant à cette affirmation, et me dépêche de retrouver Elio, en me pinçant le nez pour tenter de diminuer le flot sanguin s'en écoulant. Mon ami me réceptionne avec un sourire et une main posée sur mon épaule.

  • J'ai été lamentable non ?
  • J'aurais été à ta place, je pense que j'aurais pleuré, répond t-il en souriant à moitié.

Je rigole légèrement, en avisant Léo s'approcher de notre professeur.

  • Mia, c'était du menu fretin. Je vais vous montrer de quoi se chauffent les élèves de Liberty.

Il fait craquer ses doigts tout en adressant un sourire hautain à son adversaire.

Et le combat débute.

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