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Mia

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Les sirènes d'alarme hurlent toujours autour de nous. Je parie que mon très cher père n'y est pas pour rien dans cette nouvelle épreuve se présentant à nous. Le problème maintenant, est que nous sommes enfermés dans cette salle d'entraînement, et qu'une désagréable odeur de fumée commence à remonter à nos narines.

Pliée en deux sous mon rire hystérique, je remarque à peine que la porte s'ouvre, et qu'une silhouette en émerge, à contre-jour. Les larmes aux yeux, le souffle court, je ne vois pas Lou se calmer, ni son visage changer.

Non, je ne vois rien de tout ça. Jusqu'à ce qu'une voix, qu'une apostrophe ne résonne par-dessus les sons aiguës des alarmes. Un « maman » étouffé, une marque d'affection au milieu du chaos ambiant. Alors seulement, je reviens à moi m'essuie les yeux d'un revers de manche, et entreprend de rejoindre Lou, déjà parti en courant en direction des portes désormais ouvertes de la salle.

  • Lou ?

Il ne m'entend pas, trop occupé à courir en direction de la silhouette commençant à mieux se dessiner dans mon esprit brumeux.

  • Lou !

Je trébuche en avançant, ma vision amoindrie par les lumières me heurtant les rétines, mais parviens tout de même à rejoindre mon ami d'enfance, chaleureusement pressé entre les bras d'une Gloria tendue par l'adrénaline.

  • Gloria... ?
  • Mia, dis aux autres de nous suivre, on se tire d'ici.
  • Mais com...
  • On a pas le temps, dépêchez-vous.

Je ne comprends pas ce qui se passe. Cependant, portée par la voix de cette femme m'ayant inspirée au même titre que ma vraie mère durant toute mon enfance, je me retourne face au groupe de Reborn étant resté en arrière, pour m'époumoner :

  • ON SE TIRE !

Si au départ personne ne réagis, je vois bien vite Jelena me soutenir dans ma demande en répétant mes mots avec une voix plus forte, plus pressante. Et cette fois-ci, personne ne bronche : dans un mouvement de groupe hallucinant, les corps se mettent en mouvement, les cerveaux s'échauffent, la liberté redevient visible, alléchante, elle nous attire.

Je bondis à la suite de Gloria et Lou dans la lumière de cette fin d'après-midi baignant la base militaire. Les sirènes résonnent toujours, bien que les lumières aient été remplacés par plusieurs troupes de militaire s'agitant un peu partout autour de nous.

Autour du terrain d'entraînement, du bâtiment administratif c'est la folie. Des gens se battent, des balles fusent, et un instant j'ai l'impression que c'est moi qui me retrouve sur le champs de bataille, au détriment de Léo et Elio.

  • Interceptez-les !

L'ordre, hurlé par un surveillant en chef non loin de nous me glace le sang, mais avant même que ses sbires n'aient eu le temps de nous rejoindre, Gloria nous entraîne au travers de la base, comme si elle y avait toujours vécue. Malgré ma course effrénée, je trouve les quelques secondes me suffisant à saisir une arme à feu abandonnée au sol, pour la glisser à ma ceinture. Elle pourra toujours servir.

Et nous voilà tous, à courir au travers du brouillard de fumée créé par les armes s'épuisant à tirer, par les fumées anesthésiantes balancées par Reborn pour tenter de retenir les assaillants.

  • Gloria, qu'est-ce...
  • Du moment que tu as passé un pacte avec Redhead, tu as été pistée. On attendait juste le bon moment.
  • Pardon ? Le bon moment pour quoi ?

Plus choquée que je ne l'aurais du par cette nouvelle je ralentis le pas avant d'être pousser en avant par une Jelena survoltée. Alexia et Jeremy derrière elles, traînent un peu, se couvrant les yeux des mains. Le brouillard ambiant brûle les yeux, fait déborder des larmes, nous empêche de bien circuler dans notre environnement. D'un geste rageur, je m'essuie les yeux et repousse en arrière quelques mèches de cheveux obstruant ma vision déjà largement réduite.

  • Tous les Reborn étaient dans cette salle ?
  • La majorité oui. Les autres sont dévoués corps et âmes à Nodem, ils ne te suivront pas, lui répond Lou en courant à sa hauteur.
  • Ok, on fait un crochet par le bâtiment administratif récupérer Sophie et Hector, et on se casse.

Hector ? Mon père ?

Ne cherchant plus tellement à comprendre, je me contente de courir, tout en distribuant quelques coups de pied au passage afin de distancer les quelques surveillants se dressant sur notre passage. Jelena et Jeremy m'imitent, jouant des poings et des pieds pour rendre notre progression plus rapide et plus sûre.

Les hommes se battant, j'en reconnais certains : des membres de Redhead, mais également d'autres gangs réputés dont nous nous étions déjà occupés Elio et moi. Depuis quand l'esprit d'équipe est-il de rigueur dans le milieu de la pègre et du trafic ?

Voyant mon air confus, Gloria laisse un rire lui échapper, se contentant de me répondre d'une simple phrase, courte mais efficace.

  • Javier avait des contacts.

Non mais je rêve. C'est ça son explication ?

Je secoue la tête, peu convaincue par cette simple affirmation, tout en accélérant la course : le bâtiment administratif est droit devant.

Aux côtés de Jeremy, je prends de l'élan, pour enfoncer la porte à coup d'épaule. Un horrible craquement retenti au moment même où la porte cède, mais également où mon épaule se déboîte.

  • Aïe, putain !
  • Un problème Mia ? s'alarme Jelena en me rejoignant.
  • Non, juste mon épaule qui est plus habituer à servir de bélier.

Elle m'offre un sourire fatigué, avant d'enjamber le cadavre de la porte métallique qui nous a libéré l'accès à la chaufferie du bâtiment administratif. Emprunter cette entrée nous a demandé un détour mais au moins, la sécurité y était moindre. Nous avons à peine bousculer quelques surveillants et autre soldats de bas étage pour y accéder, un jeu d'enfant.

Gloria, un peu en retrait, est en train de parler à Lou dans un brouhaha d'exclamations affectives auxquelles il s'efforce de répondre par de minces sourires peu enclin à avoir ce genre de discussion en pleine fuite.

  • Gloria, sans vouloir être désagréable, on aura le temps plus tard, je marmonne.
  • Oui, bien sûr, s'excuse t-elle prestement en s'éloignant de Lou pour me rejoindre. Tu connais le chemin pour atteindre les quartiers principaux ?
  • Pas vraiment. … pas du tout en fait. Ce bâtiment nous était interdit.
  • On va faire au feeling, pas de problème !

Son assurance me soulage, en cet instant ou la perspective de s'en sortir en un seul morceau semble s'éloigner avec les secondes s'écoulant.

Rapidement, notre groupe s'organise ; Gloria et moi ouvrons le peloton, Jeremy et d'autres Reborn le ferment, tandis qu'en son centre son réunis nos forces de frappe les plus minimes.

Mon pas accordé à celui de la meilleure amie de ma mère, je me permets de lui glisser une œillade interrogative, sourcils froncés.

  • Mon père... ?
  • De notre côté depuis le début. Il nous fallait cependant un moyen d'entrer dans ce complexe.

Un hochement de t^te semble lui suffire pour tout accord, et j'ai juste le temps de discerner deux silhouettes au bout du couloir qu'une balle me transperce l'épaule. À quelques centimètres, c'était mon cou qui était touché.

Ne faisant guère attention à la blessure ouverte, je bondis en avant, déploie l'arme ramassée en dehors du bâtiment, pour la braquer sur nos agresseurs.

  • En deux ans de service, j'ai jamais raté ma cible, je grince en ajustant mon tir.

Je m'apprête à tirer, mais n'ai que le temps de voir nos deux assaillants s'écrouler au sol, pour découvrir le sourire goguenard de Juan, son arme fumante au bout du bras.

  • Aller le club du troisième âge, on accélère le pas.

Sa voix résonne dans ce long couloir comme un écho rassurant, salvateur, et je m'empresse de rallonger mes foulées pour le rejoindre.

  • Je te croyais mort, je lui lance en m'arrêtant à sa hauteur.
  • Je te croyais assez maligne pour capter le subterfuge. Dépêchez-vous, les autres nous attendent là-bas. Et, ils sont en train de donner une méchante raclée aux mecs de Nodem.
  • Attends, on a un problème...
  • De type ?
  • De type nanobombe dans la nuque.

Juan hausse un sourcil, avant de sortir une sorte de scanner portatif de l'intérieur de sa veste. L'allumant sous mes yeux incrédules, il me fait me retourner d'un geste presque sec, avant que je ne sente l'appareil glisser le long de ma peau.

Ça pique légèrement, le froid de l'appareil en contraste avec la chaleur émanant de mon épiderme. Finalement, une sorte de signal sonore s'élève dans le calme retrouvé du couloir, et dans mon dos, j'entends Juan rire avec moquerie.

  • Tellement grossier de la part de Nodem. Ça risque de piquer un peu.

Je me prépare psychologiquement à sentir la lame du couteau de Juan s'enfoncer dans ma chair pour en sortir le corps étranger, tout en serrant les poings. Mes ongles s'enfoncent dans ma peau, y laissant quelques arcs de lune sanglants, lorsque la déchirure de ma peau m'arrache un geignement.

  • Lou aussi, je murmure lorsque Juan pousse une exclamation victorieuse.

Je me retrouve très vite avec la minuscule carte entre les mains.

  • Je peux la lui retirer par sécurité, mais votre Nodem là, il vous a tous roulé dans la farine. Ce truc c'est juste une carte à propriété chauffante. Il n'y a jamais eu de bombe dans vos nuques. C'était, comment dirais-je, un stratagème pour mieux vous mener en bateau. Néanmoins, le fait qu'il ait eu la présence d'esprit de tout de mêe vous implanter un corps externe dans la nuque, est intelligent. Pour laisser planer la peur.

Mes muscles se bandent, à mesure que e comprends l'étendue du mensonge du patron de Reborn, avant que mes dents n'émettent un grincement déchirant.

Juan, satisfait, essuie distraitement la lame de son couteau sur son jean, avant de reprendre sa route, les mains dans les poches.

Je lui emboîte le pas, non sans avoir sentis la main que Lou a passé dans la mienne. Sans trop de brusquerie, je le tire à ma suite, et le laisse accorder ses foulées sur les miennes.

  • Il nous suffit de sortir, des bus nous attendent dehors, avec des hommes pour les protéger.
  • J'aurais préféré une limousine.
  • Ta gueule Jerem, c'est pas le moment !

Les couloirs étroits laissent peu de place pour se déplacer, mais finalement, au gré de quelques secondes de course infernale au travers du labyrinthe que forme le bâtiment administratif, nous déboulons enfin sur une sorte de grand hall où une bataille féroce se livre. Au milieu de tout ce fiasco, je repère mes parents dos à dos, en train de se battre bec et ongle contre deux molosses armés de perches électriques. Si mon père se défend plutôt bien, ma mère elle semble sur le point de tomber de fatigue. Prenant une grande inspiration, je les rejoins en quelques foulées, avant de repousser l'agresseur de ma mère avec une violence rare : mes facultés augmentées me permettent de l'envoyer voler à l'autre bout de la salle sans aucun problème.

  • Besoin d'un coup de main ? je leur lance en m'approchant.
  • Volontiers, répond ma mère dans un souffle.

D'un coup de pied circulaire, j'envoie le dernier assaillant au sol, avant de me précipiter sur un autre homme en tenue de combat pour lui faire perdre son arme. Je lui brise le bras d'un coup sec, avant de lui tirer une balle das le genoux.

  • Les portes ! s'époumone Andres. Les portes !

La salle, mal éclairée, me laisse tout de même apercevoir une porte vitrée en son fond, le rideau électrique déjà tiré. Pensent-ils réellement qu'un rideau en métal aura raison de notre désir de liberté ?

Jelena, quelques pas devant moi, me devance et s'élance dans cette direction sans un regard en arrière. Sa perspicacité m'étonnera toujours. Du coin de l’œil, je la vois dégainer une arme qu'ella a sûrement ramasser quelque part dans la salle pour tirer sur le boîtier de contrôle, et ainsi enclencher le système d'évacuation. Le rideau lentement, commence à se relever.

La salle est bondée de monde, de cri et de tirs d'armes, et pourtant, j'arrive tout de même à discerner une masse, une ombre s'avançant vers Lou, de dos. Mon ami d'enfance, en train de se battre contre une Reborn confirmée à l'air peu commode, ne semble en aucun cas avoir remarquer le nouvel arrivant se pressant désormais contre lui.

  • Lou ! je m'exclame.

Le rideau est presque remonté.

Mes jambes, protées par l'adrénaline et la peur, tentent de me pousser jusqu'à lui, mais alors qu'il se retourne dans ma direction, son adversaire sors de sa ceinture une sorte de bombe lacrymogène, que mon ami n'a pas le temps d'esquiver. La fumée part, et malgré la distance, je le vois se noyer dedans, imagine ses voies respiratoires s'en remplir. Le jet de produit ne dure que quelques secondes, et pourtant, le temps que je le rejoigne, il est à terre, se tient la tête à deux mains crispées en suffoquant.

  • Lou !

À nouveau prise de violentes pulsions vengeresses, j'élimine l'agresseur de Lou d'une balle dans le cou, avant de me pencher en avant pour redresser mon ami. Voyant sa peine à se tenir debout, je décide de le porter du mieux que je peux jusqu'à la sortie, que Jelena s'efforce de tenir ouverte malgré les différents hommes s'entêtant à la repousser loin du boîtier de contrôle.

  • Dans les bus !

J'acquiesce, à la direction de Juan, avant de passer la porte dans une glissade contrôlée, après qu'une soldat ne m'ait tiré dans la jambe.

La salle se vide, ne laissant derrière notre passage qu'un amas de soldats et Reborn blessés, ne pouvant plus se batte, ne pouvant plus nous suivre. Ma mère est déjà dans le bus lorsque je passe les portes du bus, et réceptionne le corps désormais inerte de Lou, tombé dans l'inconscience durant notre trajet du hall jusqu'au bus.

  • Tout le monde est là ?
  • Non, attendez, je m'exclame en avisant le bus. Il nous manque...

Je suis coupée dans ma phrase par un coup de feu, suivi de près par la masse sombre du corps de Jelena s'écroulant au sol, un impact de balle entre les yeux. De là où je me trouve, je distingue mal son expression, mais parvient totalement à capter la petite auréole carmine commençant doucement à se former autour de son visage. Ses cheveux se sont éparpillés au sol, créant une sorte de forme abstraite de mèches commençant à baigner dans le criard.

Mon cœur cogne plus rapidement dans ma poitrine, mais avant que je n'ai pu esquisser le moindre geste pour tenter de la rejoindre, les portes du bus se referment, et on me ceinture à la taille pour m'empêcher de bouger. Je rue, tente de griffer les bras passés autour de moi, tout en sentant les larmes me monter aux yeux.

  • Sois raisonnable, me hurle ma mère par-dessus le brouhaha ambiant.

Je tente de hurler, de l'appeler, encore et encore, mais n'ai le temps que d'apercevoir Nodem, une arme au poings, me faisant signe par l'encadrement de la porte que nous venons de franchir. Ma barrière lâche, et les larmes commencent à dévaler mes joues, sans que je ne puisse les arrêter, les bras de mon père toujours autour de moi.

Jelena...

… n'est plus.

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