Incipits - Étape 1
Le défi de Jonas m'est apparu comme l'occasion d'amorcer la rédaction d'une histoire qui me trotte dans la tête depuis quelques semaines déjà. Alors d'avance mes excuses d'avoir commis une entorse (deux en réalité) aux règles énoncées.
(J'ai toujours du mal à respecter les règles, c'est un vrai problème!)
La première, d'avoir écrit seulement 4 incipits au lieu des 10
La seconde, chaque incipit est le début d'une seule et même histoire.
Cependant ce défi m'a permis de mettre les premières phrases sur ce qui s'annonce être, sauf perte soudaine d'inspiration, mon prochain récit.
1. Longtemps, mes nuits furent hantées par l'ombre planante d'un oiseau funeste. Majestueuse stature du condor, la tête déplumée, s'agrippant rageusement à mes chairs jusqu'à les transpercer de ses serres acérées. Son bec, formé en crosse, tranchant et crochu, déterminé à extirper les viscères de mon abdomen éventré.
2. C'est un village comme on en voit beaucoup dans ces contrées lointaines. Autrefois hameau, établi dans les plaines aux sols fertiles, là où les montagnes naissent des entrailles capricieuses de la Terre. Un village comme on en croise beaucoup quand on parcourt les routes de la pré-cordillère. Mais si vous prenez le temps d'y faire un arrêt, épongez votre soif au murmure timide des légendes que vous conterons ses habitants. Récit véridique ou folklore local ? À vous de voir, mais de l'avis généralement établi, depuis plusieurs générations, ce village est maudit.
3. À quel moment précis s'est initiée la malédiction ? Tout le monde ne sera pas d'accord avec moi, mais je prends le risque d'en situer l'amorce aux premières heures de cette chaude soirée de janvier, alors que les paysans rentraient des champs, épuisés par une dure journée de labeur, et qu'ils furent témoins, au même titre que les mères préparant leurs enfants au coucher et que les vieillards installés à l'ombre des porches des cours intérieures, de l'imprévisible mouvement des astres. L'éclipse fut le premier signe distinctement visible par tous de la malédiction.
4. Jamais dans les livres d'histoire vous n'entendrez parler de la tragédie qui s'est jouée du destin des hommes à cette époque. Vous aurez de long et ennuyeux récits sur les grands hommes politiques de l'époque. L'avancée des lois sociales, la percée victorieuse du communisme et la chute des grandes bourgeoisies. Jamais les livres d'histoire ne mentionneront les victimes et la manière inhumaine dont la vie leur fut ôtée, jamais ils ne dresseront la chronologie des évènements qui manquèrent de faire basculer le pays, et au-delà de ses frontières, peut-être le monde, dans un état de folie collective causé par l'apparition de ce que certains considèrent encore aujourd'hui comme le Malin sur Terre.
Annotations
Versions