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Il préférait les filles fines, un peu intellectuelles, avec lesquelles on pouvait parler et pas uniquement se bécoter. Comme Marie. Six mois qu’ils étaient ensemble. Ils s’entendaient bien, échangeaient de petits gestes prudes. Elle avait une petite poitrine, un joli sourire et des yeux accueillants.
— Tu as compris que tu vas attirer les regards de ces hommes ? S’ils ne peuvent pas te toucher, ça va pas le faire ! Approche !
Toujours en sous-vêtement, Lucas se dirigea vers Joe, assis à son bureau. Ce dernier lui saisit la main tout en la caressant du pouce. Immobile, Lucas sentit la main de Joe lui caresser la cuisse, puis l’intérieur de celle-ci. Elle se dirigea vers ses fesses, tantôt les effleurant, tantôt les palpant avec rudesse. Elle se promena sur son ventre, ses tétons.
— Putain, c’est vrai que tu n’es pas pédé ! Tu restes mou !
Sa main descendit sur son boxer, caressant son sexe au travers du tissu.
— Retire ça !
Cela devenait scabreux. Jamais il ne s’était dénudé devant un homme. Peut-être enfant, devant le médecin ? Les vestiaires, c’était différent. Même quand ils chahutaient sous la douche. Lucas voulut refuser. Il n’avait pas à accepter une telle demande. Pourtant, il fit glisser son boxer, mu par une force qui le poussait à poursuivre, à aller jusqu’au bout. De quoi, il ne savait pas, mais il devait y aller.
Joe lui prit son phallus et commença de petites frictions, alternant avec des caresses sur ses testicules. Lucas ne put contrôler son déploiement. Lui-même évitait de se le faire à cause d’un trouble qui venait avec le plaisir.
— Enfin ! Avec ta petite amie, c’est aussi laborieux ?
— Bien sûr que non ! Je…. monte vite !
En fait, lors de ses expériences féminines, c’était un peu laborieux. Avec Murielle, il était allé jusqu’au bout. Avec les autres, il n’était pas très motivé. Depuis qu’il était avec Marie, ils s’étaient simplement embrassés. Souvent. Mais elle refusait les mains exploratrices. Il n’était pas non plus très demandeur. Autant ses petits seins lui avaient plu, autant le bas ne le tentait guère, n’osant explorer les anfractuosités. N’empêche que leurs lèvres collées finissaient par lui provoquer une érection, surtout depuis qu’elle lui caressait les fesses en même temps. C’était cela qui était irrésistible. La main se faisait plus ferme, plus exploratrice. Il avait du mal avec le fait que ce soit une main d’homme, car les sensations étaient autrement fortes que celles prodiguées par les mimines de ses copines.
Pourquoi ce souvenir lointain lui revint-il alors qu’il durcissait ? Il avait dix, non onze ans, puisque c’était déjà au collège. Cette classe de mer… ce garçon qui s’était introduit dans sa douche et qui l’avait embrassé sur la bouche tout en lui tenant le sexe. Cela avait duré une seconde. Ensuite, il avait été surpris du gonflement de son sexe. Le premier !
Son sexe était maintenant raide.
— J’ai bien fait de vérifier. Vraiment beau et parfait, mais ça ne va pas le faire. Si tu ne réponds pas plus vite, les clients vont être déçus et croire qu’ils t’ont mal stimulé. Dommage ! Tu peux te rhabiller !
— Bonsoir, monsieur Joe ! Ah, désolé de vous avoir dérangés. Je ne savais pas que vous étiez occupé. C’est le remplaçant de Ludovic ?
— Bonsoir, Alex. Je l’espérais, mais je me suis trompé. Ça va pas le faire. C’est une erreur.
— Une bien belle erreur, d’après ce que je vois !
Lucas était gêné de son état, de ces deux hommes qui parlaient de lui comme d’un objet. Il regarda le nouvel entré.
Un homme ou une femme ? Un corps frêle, mais que l’on sentait solide, de petite taille, un visage minuscule perdu dans des boucles sombres en accroche-cœur, traits fins. Mais un sourire d’une gentillesse infinie. Le genre de personne dont on a envie d’en faire un ou une amie. Les yeux noirs vous scrutaient, laissant percevoir une grande profondeur. Ce mélange de contrastes était attirant, car accueillant, vous laissant une place et vous offrant de la générosité. Lucas l’avait pris pour une fille, une jolie fille, mais sa voix grave et modulée ne laissait aucun doute, contrairement à ses joues lisses, sans la moindre barbe.
— Ce garçon est parfait, mais il est anormal : ce n’est pas un pédé !
— Dommage ! Ça ne se commande pas ! Mais on peut solliciter…
— C’est ce que j’ai fait. La réponse est trop lente.
— Monsieur Joe, vous me laissez voir avec lui ? On peut essayer ce soir ? De toute façon, il faut bien quelqu’un !
— Tu crois, Alex ? Et toi, euh… Lucas, tu es prêt à essayer ? À accepter des caresses sexuelles faites par des hommes ?
Lucas était perdu, ne sachant plus ce qu’il était venu chercher. Ses yeux rencontrèrent ceux de Alex. Il bascula aussitôt.
— Pourquoi ne pas essayer ? Je crois que ça va aller !
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