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Corentin dut le forcer à enfiler un minislip. Les attouchements sur le sexe devaient toujours se faire au travers d’un tissu. Cela marquait une limite infranchissable. Lucas opina. Puis Corentin se glissa un petit plug.

— C’est quoi ?

— Un plug ! Comme ça, aucun doigt ne peut me pénétrer. Autre limite infranchissable.

— Tu m’en passes un ?

— Non ! Ce n’est pas pour toi. Tu as un minislip, cela revient au même.

— Corentin, j’en ai marre que tu m’empêches de découvrir certains trucs.

— Tu as le temps ! Je te promets de tout te montrer !, répondit-il, déjà certain de ne pas respecter son engagement.

La salle était vide. Fred les salua. Quand Valentin partit servir les premiers clients, Corentin le regarda. Il était vraiment d’une beauté parfaite. Il semblait évident qu’il était un homme à homme. Et si, après tout, il était foncièrement gay et qu’il l’ignorait… Était-ce seulement possible ? Lui l’avait toujours su. Ses amis avec lesquels il avait parlé de ça l’avaient su à la puberté au plus tard. Aucun n’ignorait son orientation à dix-sept ans ! Son esprit oscillait entre une envie débordante et un inconscient lui refusant une liaison amoureuse avec ce jeune éphèbe. Sa raison courait entre ses deux pôles, tentant une réconciliation impossible.

— Alex, tu es sacrément amoureux de Valentin ! Cela fait plusieurs années qu’on se connait et je ne t’ai jamais vu comme ça !

— C’est vrai qu’il me retourne le cœur. Mais ce n’est pas un gay. Il n’est pas pour moi !

— Qu’est-ce que tu en sais ? Moi, je dis que c’est possible. J’en ferais bien mon affaire.

— Pas touche !

— Je sais, Alex ! Mais tu ne vas pas tenir la soirée comme ça ! Il arrive, mais dès qu’il sera occupé, je t’offre une petite libération rapide. Tu sais que tu m’as toujours tenté !

Corentin n’en revenait pas. Ils avaient joué à ce jeu plusieurs fois, des soirs d’ennui devant une salle quasi vide. L’amusement était de le faire à la sauvette, sans se faire découvrir, même si cela n’aurait eu aucune importance. Fred était un actif. Se proposer ainsi était une offre incroyablement amicale.

Dès que Lucas fut reparti, Corentin se faufila dans le bar. Fred était toujours nu sous son grand tablier. Seuls les initiés connaissaient ce détail, invisible dans la pénombre.

— De temps en temps, se faire enfiler, c’est plutôt agréable ! Tu m’étonnes toujours, Alex !

— Pourquoi ?

— Tu es un vrai mec, alors que tu le parais si peu !

— C’est le drame de ma vie. Maintenant, je m’en fous et je joue avec !

— Je te prendrais bien…

— Fred, tu m’as déjà dragué ! On s’aime bien, on aime bien un petit coup de temps en temps, mais tu sais bien que non…

— Je sais ! Tu es bon, Alex ! Mais dis-moi, tu étais avec moi, ou tu regardais ton amoureux ?

— Pourquoi ?

— Parce que j’ai senti une certaine ardeur…

— Tu as raison ! Il me fait tellement envie, alors qu’il est intouchable pour moi.

— Alex, tu es foutu ! rigola Fred, avant de reprendre :

— Tu lui as dit pour Ludo ? Tu lui as dit de se méfier ? Il est pire que les autres, il est totalement innocent, non ?

— Totalement. J’ai trop peur pour lui. Je lui ai dit pour Ludo. Je lui ai même dit de ne plus venir ici.

— Et alors ?

— Il aime se faire admirer, aduler, caresser des yeux et des mains. C’est comme s’il venait de découvrir qu’il a un charme fou. Je ne sais pas d’où il vient ! C’est une énigme complète !

— Une belle énigme que tu vas résoudre !

— Je veux surtout le préserver de tout !

Ce soir-là, il y eut peu de clients. Joe passa les voir tandis qu’ils se changeaient.

— Valentin, merci d’être venu remplacer Kevin. Alex a dû t’expliquer le planning. Moi, je ne m’en occupe pas. Vous le gérez entre vous.

— Alex m’a expliqué comment faire.

— Je t’ai regardé. Franchement, j’ai eu un doute quand je t’ai dit oui. J’avais peur que tu ne tiennes pas le coup. Tu restes avec nous ?

— Oui ! Après, c’est bizarre, mais finalement, ce n’est pas désagréable ! Vous m’embauchez définitivement ?

— Embaucher… Tu fais partie de l’équipe, quoi. Je préviendrai les autres. Je préfère que tu fasses encore les semaines pendant une quinzaine de jours, puis un dimanche soir et enfin les weekends. Arrange-toi aussi pour tourner avec tous les autres. Il faut que vous vous connaissiez bien.

Une fois Joe partit, Lucas demanda à Corentin si Joe était gay.

— Je ne crois pas. Tu as vu, il nous a vus à poil et il avait l’air de s’en foutre. Pour lui, c’est business-business. Il vend nos culs, il est correct. Le reste…

— Pourtant, hier, il m’a bien tripoté !

— Simple vérification ! Comme un marchand de bestiaux qui vérifie la marchandise.

— Trop gentille, la comparaison !

— Lucas ! Ouvre les yeux ! Nous ne sommes que de la marchandise, des objets sexuels pour les clients.

— Tu as sans doute raison…

Lucas s’approcha du planning.

— Tout est pris sur les trois prochaines semaines !

Sa déception faisait peine à voir

— Non. On a bouché les trous après le départ de Ludo. Tu te mets où tu veux. Les autres se libèreront. À moins qu’ils aient envie de faire ta connaissance !

— Mais, nous deux, on ne pourra plus travailler ensemble avant longtemps…

Sa tristesse retourna le cœur de Corentin.

— Non ! Mais tu verras, ils sont tous sympas.

— Corentin…

— Si tu veux, on pourra se recroiser ici. Tu peux venir dans les vestiaires faire leur connaissance quand tu veux, même aller te montrer en salle un quart d’heure.

— Corentin, ce n’est pas de cela que je te parle…

— Lucas, je t’ai vu retourner plusieurs fois à la même table, ce soir, sans raison. Le mec te plaisait ? Tu te frottais à lui pour l’exciter.

— Non ! Enfin un peu. Je voulais…

— Tu voulais faire ce que tu m’avais vu faire : te mettre sur ses genoux, l’embrasser pendant qu’il te caresse par en dessous.

— Oui !

— Et ?

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