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Quand il rouvrit les yeux, ce fut pour découvrir le plus beau spectacle du monde, les yeux aimants de Corentin.
— Alors, c’est l’acteur ou le mec qui a ressenti quelque chose ?
— C’est ça, faire l’amour entre hommes ?
— Non ! C’est juste du plaisir masculin ! Je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup d’hétéros qui connaissent l’orgasme prostatique ! Ou qui accepte quelque chose dans le cul pour le ressentir !
— Il y a encore mieux ?
— Oui. Viens, j’ai envie de sortir maintenant. Il fait beau.
Dans la rue, sans y penser, Lucas saisit la main de Corentin. Ce dernier avait une tenue unisexe et ils pouvaient déambuler sans attirer les regards désapprobateurs des bien pensants.
— Corentin, je ne comprends pas pourquoi Sébastien n’est pas intervenu ?
— Petit puceau innocent, acteur génial, tu avais enflammé toute la salle. Tu sais, Jean-Eu n’a fait que ce que tout le monde rêvait de faire. Tu étais allé trop loin. Sébastien attendait son tour. Tu semblais attendre cela.
— Oui, c’est un peu vrai, maintenant que tu le dis. J’avais envie d’être le désir de tous. J’ai vraiment déconné !
— Oui ! Mais Jean-Eu aussi ! Et puis il t’a piqué ton fric.
— J’avais dit que je le donnerais…
— N’empêche !
— Tu veux qu’on aille le récupérer ? On se paie un bon resto après !
— C’est ça ! Freluquet et Freluquette vont aller casser la gueule au méchant !
— Chiche !
— Remarque… ce soir, c’est encore Kevin, avec Ben et Blanchette. Eux, ils sont réglos ! Mais laisse tomber. Tu n’es pas un méchant et tu ne sais pas te battre. Je ne peux pas t’aider !
— Ce n’est pas pour le fric, mais pour le principe !
— Lucas, tu es en train de faire une nouvelle connerie !
— J’aime ! Sinon, on n’avance pas !
Ils étaient arrivés au Club.
— Salut, Matthieu, salut Loïc !
— Salut Corentin ! Et salut, Valentin, euh… Lucas ! Qu’est-ce que vous venez foutre ici ? Ce n’est pas votre soir !
— Nan ! On est venu voir Kevin, rapport à une embrouille hier soir.
— Laquelle ? Ah, tiens, le voilà justement !
— Salut les petites tapettes ! Mais qu’est-ce qui font là, la fiotte et le petit puceau.
— Eh, Jean-Eu, tes expressions à la con, tu peux te les foutre au cul, comme nous tous.
— Calme ! C’est de l’humour !
— T’es vraiment un sale con de pédé homophobe !
— Tiens, petit puceau qui aboie !
— Kevin, malgré ta connerie, je suis venu m’excuser pour hier !
— Ah, il faut que je vous raconte ! Ce petit merdeux est venu foutre le feu à la queue de tout le monde, alors que ce n’était pas son jour !
— Ce n’était pas une raison pour essayer de me violer ni pour me racketter !
— Tout de suite les grands mots ! Je t’ai dit que je voulais jouer à te faire peur.
— J’y ai cru ! Car tu as vraiment essayé de me violer, alors que je me refusais. Bon, c’est vrai que j’ai déconné en allumant tout le monde. Je suis désolé !
— Tout en parlant, Lucas s’était approché de Jean-Eu. Sur ses dernières paroles, face à lui, il fit un dernier pas, saisit la tête de Jean-Eu et lui roula un baiser. Jean-Eu, surpris, se laissait faire. À son tour, il saisit la tête de Lucas pour la presser contre la sienne. Le genou de Lucas remonta brutalement pour venir écraser les parties du violeur. Ce dernier recula sous la douleur, se prit les pieds dans une chaise et s’écroula par terre.
— Ne recommence jamais à jouer avec moi. Maintenant, rends-moi le fric.
Le winner, peu habitué à une opposition, se releva, prêt à défoncer ce jeune con. Matthieu et Loïc étaient debout, face à lui.
— C’est vrai ?
— Mais, putain, c’était un jeu !
— Continue de jouer et rends-lui le fric !
— Le fric, il avait dit qu’il le filerait à l’équipe de service…
— C’est vrai, j’ai dit ça ! Mais tu as tout empoché, sans même partager avec Corentin et Sébastien. Tu es une belle enflure ! Tu profites de ta grosse bite pour jouer le chef. Tu es un minable. Rends le fric !
Jean-Eu sortit des billets et les balança vers Lucas. Après les avoir ramassés, ce dernier tendit la main.
— Jean-Eu, je suis désolé pour cette dispute. Je te trouve sympa, c’est dommage de commencer ainsi. Alex m’a dit tes performances, et le plaisir que tu donnes. Ça me laisse rêveur ! On s’embrasse ? En bons camarades, cette fois !
Jean-Eu se laissa amadouer, sentant dans les mains de Lucas sur ses fesses une promesse de bonheur prochain.
— On vous laisse bosser !
Dans l’escalier, Corentin s’exclama :
— Mais comment t’as fait ?
— Je m’étais écrit un scénario adapté à la situation. Après, ce n’est qu’un jeu !
— Mais tu lui as promis…
— Rien du tout ! De toute façon, maintenant, c’est lui qui va attendre !
— Mais…
— Allez ! Viens, je t’invite ! Après, tu me feras l’amour, s’il te plait ?
— Tu as faim ? Moi, j’ai faim, mais de toi.
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