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Lucas repensait souvent à ces derniers mois. Une des choses qui l’étonnait le plus était sa frénésie sexuelle. Chaque jour, il avait plusieurs rapports. La plupart se déroulaient avec Corentin, car ils faisaient l’amour en se revoyant, en se couchant, parfois le matin. Ce qui n’empêchait pas d’autres occasions, saisies avec joie. Ses partenaires les plus fréquents étaient ceux du club. Kevin était devenu un habitué. Avant de se quitter, Lucas aimait jouer au rodéo sur un Jean-Eu allongé et maintenant à la dévotion de son ancienne victime. Avec Sébastien et Li, une belle accolade achevait leur soirée de service.
Lucas passait autant de temps qu’il le pouvait, c’est-à-dire très peu, avec Samuel. L’étudiant le fascinait par ses connaissances, à croire qu’il avait tout lu. Il aimait ce temps passé ensemble, car une grande complicité était présente. C’était simple, facile. Ils se tenaient la main, se caressaient, s’embrassaient à l’arrivée et au départ, mais jamais n’avaient couché. Lucas était tenté, ne s’en cachait pas, mais Samuel semblait préférer rester platonique, malgré leurs contacts poussés.
Curieusement, Lucas n’avait dragué aucun de ces camarades d’école de théâtre. Arrivé le dernier, il s’était fait remarquer. Une forme de timidité lui avait fait prendre une posture réservée. Il était impressionné par ces jeunes qui voulaient, comme lui, monter sur les planches et qui lui paraissaient bien plus doués. Malgré cela, la plupart des filles tournèrent autour de lui. Il avait oublié son attrait pour la gent féminine. Pour simplifier leurs rapports, il s’affirma clairement en gay. Un des garçons s’alluma alors et l’approcha sans détours, puisque partageant la même orientation. Il n’était pas vilain garçon, mais Lucas ne ressentit aucune attirance pour lui, ni sentimentale ni physique, même pas un peu de sympathie. Il était trop viril, trop poilu, trop mâle dominant. Il l’écarta gentiment. En revanche, il perçut le trouble d’un autre. Sa particularité était un effacement dans la vie et une présence étonnante dès qu’il entrait dans un rôle.
Malgré sa faible convivialité à l’école, préférant la camaraderie de l’équipe du club et la chaleur de Corentin, Lucas restait intrigué par ce garçon. Il avait tenté de l’approcher, curieux de le connaitre, ne voulant pas montrer une attirance physique, mais sans parvenir à établir la moindre relation. Il fallut un hasard, neuf mois plus tard, pour qu’il parvienne à percer la carapace de Thibaud.
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