chapitre 14 :

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- Allô ?

- Allô trou du cul, c’est Eléonore, faut qu’on parle.

- T’as parlé à Octavia ?

Le fait qu’il ne relève pas l’utilisation de l’expression « trou du cul », à la fois ridicule et blessante, me fit penser que le sujet était encore plus grave que je ne l’imaginais.

- Retrouve-moi sous le préau, maintenant.

A cette heure-ci, le préau était totalement vide. Seul Nathan s’y trouvait, la tête baissée, l’air morose.

- Tu l’aimes encore ?

Il se redressa à l’entente de ma voix.

- Qui ?

- Octavia, abruti.

Cette fois-ci, il se releva totalement. Je n’étais pas du genre petite, mais Nathan faisait presque une tête de plus que moi, et c’était déroutant.

- Bien sûr que je l’aime, répondit-il enfin, plus que tout au monde.

- Alors pourquoi tu n’as pas envoyé de message ?

- J’en sais rien, j’étais… j’étais perdu. Si elle ne voulait pas qu’on le fasse, très bien, mais pourquoi me demander de partir ?

- Parce que… tu la connais, quelquefois elle panique. Elle n’a pas aussi confiance en elle que tu ne le crois, et tu es sa première vraie relation. Sans oublier que deux gémeaux ensemble, il fallait bien que ça fasse des étincelles !

Il esquissa un léger sourire, qui me rassura. Le couple de ma meilleure amie n’allait pas si mal, finalement.

- Montre-lui que tu tiens à elle, je te promets que ça suffira à tout arranger.

Son visage s’illumina. Pour une fille qui n’avait jamais eu de crush, je me trouvais plutôt douée en tant qu’entremetteuse.

- Eléonore, tu es…

- Géniale, incroyable, fantastique, la meilleure pote que le monde eût connue ?

- J'allais dire ma sauveuse, mais si ça te fait plaisir.

Des compliments… sans insulte. Wow, le Nathan triste et perdu commençait presque à me plaire.

Les gargouillements de mon ventre me rappelèrent le délicieux repas qui m’attendait quelques mètres plus loin. En entrant dans la cantine, je découvris que j’avais été remplacée.

- Alex, t’as pas l’impression d’être assis sur ma chaise ?

« La sainte chaise d’Eléonore Maurisson », il avait déjà oublié ? Si l’on s’en fiait à ses mots, il était littéralement en train de commettre un blasphème.

- Ferme-là Eléonore, déclara Charlotte apparemment absorbée par une histoire palpitante, Alex nous racontait comment il avait rencontré son nouveau mec !

Soumise, je partis chercher une autre chaise.

- Ok, tentais-je de m’affirmer, je veux bien passer l’éponge sur ce vol flagrant de bien privé si tu reprends ton histoire depuis le début !

- Il s’avère que hier soir, à la fête d’Octavia, ton ami Charles n’est pas venu tout seul.

« Ton » ? Pourquoi tout le monde désignait Charles comme s’il m’appartenait ?

- Il a amené un de ses amis, poursuivit Alex, un ami gay. Et plus d’être gay, ce qui est déjà une qualité non négligeable, il était canon ! Oui, c’est un détail important. Du coup on a discuté, toute la nuit. Vraiment toute la nuit. Sauf au moment où j’ai aidé Eléonore à passer par une fenêtre, mais ça c’est une autre histoire.

Une histoire qui s’est soldé par un abandon, soit dit en passant.

- Quand Octavia nous a viré pour aller dormir, on est resté dehors à regarder les étoiles.

Dehors ? Le froid et les tueurs en séries, ils ne connaissent pas ?

- Et au lever du soleil, il m’a embrassé.

Charlotte se leva d’un coup, et fit mine de courir en direction des toilettes.

- C’est trop romantique, déclara-t-elle, je crois que je vais vomir !

Elle n’avait pas tort.

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