chapitre 18 :
- Au bord d’un lac ? En pleine nuit ! Et tu es vraiment tombée ?
Octavia repassait une à une chaque minute de mon escapade nocturne. Je crus un instant qu’elle ne s’en remettrait jamais.
- Ce mec est trop romantique, conclut-elle enfin. Sérieux, on dirait un prince Disney.
- Si j’en suis ta logique, je suis une princesse. Ok, ça me va.
Elle me considéra un instant avec étonnement, puis fini par esquisser un léger sourire.
- Il n’empêche, c'est mignon. Je ne comprends pas pourquoi vous n’êtes pas encore ensemble.
- Je te l’ai dit, je le connais à peine.
En réalité, je commençais à savoir quelques détails sur lui. Des détails uniquement, et des sentiments.
- T’es pas drôle. Vraiment.
Elle marqua une courte pause.
- Question qui n’a rien à voir, mais tu viens à la fête d’Halloween du lycée ?
Je n’y avais même pas encore réfléchi. Notre lycée n’organisait d’ordinaire rien d’intéressant, et cette fête me laissait dubitative.
- J’en sais rien, t’y vas toi ?
- Seulement si tu viens, comme d’habitude.
C’est vrai, j’avais presque oublié cette règle sacrée.
- Nathan n’y va pas ? demandais-je.
- Il attend ma réponse pour se décider, et j’attends ta réponse pour me décider.
- Pourquoi l’organisation de tout le monde doit toujours reposer sur moi !
- Parce que c’est toi la meuf chiante qui n’aime pas les fêtes !
Elle n’avait pas tort.
- Tu sais quoi, j’étudie le problème et je te réponds ce soir.
Octavia acquiesça, puis recommença à griffonner sa feuille d’exercices. Ce cours de maths s’éternisa à n’en plus finir, et je crus un instant que j’allais m’endormir. Octavia avait au moins deux pages d’avance sur moi, et je n’osais plus lui demander de m’attendre. Les minutes filaient à la vitesse d’un escargot mort, et je n’exagérais pas. Quand la sonnerie retentit enfin, ce fut pour moi un cri de délivrance.
Nathan nous attendait à la porte de la salle. Octavia l’embrassa, longtemps, et je les regardai comme la cinquième roue du carrosse. Au bout de quelques secondes, trop longues à mon goût, je choisis le parti pris de commencer à m’éloigner.
- Eléonore, attends-nous ! s’exclama Octavia. Où tu vas ?
- Cherchez des chandelles à tenir, je reviens dans une minute ! répondis-je le sourire aux lèvres.
Nathan rit à ma plaisanterie, et Octavia se retint pour ne pas prendre le risque de me faire plaisir.
La journée se poursuivit comme une journée banale et, à seize heures tapantes, Ivan m’attendait pour prendre le bus. Génial. Je m’engageai donc dans l’allée en sa compagnie, un désespoir faussement dissimulé dans les yeux. Il me posa tout un tas de questions inutiles, auxquelles je répondis de la façon la plus brève possible. Avec lui, engager une conversation était un risque à ne pas prendre.
Je m’apprêtai à monter dans mon bus, lorsque j’entendis quelqu’un klaxonner. Derrière le portail entrouvert était garée une petite voiture que je connaissais bien, et son propriétaire m’appelait avec des grands gestes de la main. Je redescendis tout à coup, et partit dans sa direction. Une soirée de moins passée avec Ivan, c’était un cadeau qu’on ne pouvait pas refuser.
- Votre chauffeur vous attend, mademoiselle, déclara Charles en m’ouvrant la portière.
- Je vais finir par mieux connaître ta voiture que ma maison, tu en as conscience ?
Il sourit, et je pus deviner que cette perspective ne le dérangeait pas.
- Tu as beaucoup de devoir pour demain ? me demanda-t-il soudain.
- Pourquoi, tu comptes les faire à ma place ?
- Non, mais je me disais qu’on pourrait peut-être s’arrêter quelque-part, pour prendre le goûter.
Prendre le goûter ? Je pensais être la seule à encore faire cela à dix-sept ans. Un point marqué pour Charles.
- J’ai pas de DST, alors j’accepte ton invitation.
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