chapitre 22 :

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- Tu veux vraiment que je passe par la fenêtre ?

- Bien sûr, c’est une étape indispensable pour passer une soirée avec moi.

Je n’en démordrais pas. Il m’avait vu dans des situations honteuses, et il était temps que l’on reparte sur un pied d’égalité. Etrangement, il n’insista pas davantage, et ouvrit en grand les deux battants de plexiglas.

Nous nous trouvions dans une petite salle qui servait d’ordinaire de débarras. Personne ne le verrait, personne hormis moi. Il passa sa première jambe, et se cogna la tête en essayant de faire traverser la deuxième. Après mille et une acrobaties, il finit par arriver de l’autre côté.

- Alors mademoiselle Maurisson, le test est-il réussi ?

J’acquiesçai, non sans laisser échapper un petit rire étouffé.

- A toi maintenant !

Je le regardai un instant, puis sortit de la petite salle et fit le tour par la grande porte. Ma passion pour la défenestration avait tout de même ses limites.

Nous marchâmes longuement dans le parc de mon lycée. Il faisait froid, et cette petite robe ensanglantée ne tenait pas vraiment chaud.

- Tu veux ma veste ?

Avant que je n’aie eut le temps de répondre, il retira le blouson militaire troué qui finalisait son costume de zombie et me le déposa sur les épaules. Il avait son parfum, doux et subtilement sucré. Un parfum que j’adorais.

Derrière les murs qui entouraient l’école, on entendait des enfants réclamer leurs bonbons annuels. Certain hurlaient des injures quand les portes ne s’ouvraient pas, ce qui semblait amuser Charles.

- Tu veux savoir une chose de plus sur moi ? déclara-t-il dans un moment de silence.

J’opinai.

- C’est la première fois de toute ma vie que je fête Halloween. Quand j’étais enfant, mes parents ne prenaient jamais le temps de m’emmener faire le tour du pâté de maison.

- C’est super triste ! déclarai-je spontanément.

Il hocha les épaules.

- Je n’avais aucune idée d’à quoi ça ressemblait, alors elle ne m’a jamais vraiment manqué. Mais maintenant que je l’ai vécu, avec toi, je crains de ne jamais plus pouvoir m’en passer.

- Ce n’est pas la peine. Maintenant tu n’as plus besoin de tes parents pour pouvoir faire la fête.

- Peut-être… mais j’ai besoin de toi pour que ce soit mémorable.

Je m’arrêtai un instant, tentant de digérer ce qu’il venait de me dire.

- Je…

- Je sais, tu n’aimes pas que je te fasse de grandes déclarations. Mais je ne veux surtout pas que tu oublies ce que je ressens pour toi, même si tu ne partages pas mes sentiments.

Cette idée lui courait donc toujours dans la tête. Il pensait que je ne l’aimais pas. Avait-il raison ? Pouvais-je encore me persuader que je ne ressentais rien pour lui ? En avais-je seulement envie ?

- Je n’oublie pas, répondis-je la voix tremblante. En réalité je crois que… je crois que moi aussi je t’apprécie.

Il devrait se contenter de cela. Et il s’en contenta puisque, sous le ciel étoilé, il m’embrassa.

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