chapitre 25 :
- C’est une sorte de piège ? questionna Charles, visiblement dérouté.
- Pas un piège, une triple date ! s’exclama Octavia dans un sursaut de pétillance. Sans oublier que maintenant que toi et Eléonore êtes presque officiellement ensemble, il est vraiment temps que j’apprenne à te connaitre.
- Elle a un droit de véto, avouais-je. Si elle te déteste…
- Tu dégages ! Donc t’as plutôt intérêt à être sympa.
Mais surtout, pas de pression.
Non sans me jeter un regard en coin, Charles finit par s’asseoir.
- Je suis sympa, déclara-t-il finalement.
- C’est ce qu’on va voir.
Nathan était parti régler nos commandes, et plus le temps passait, plus je me demandais comme ce « triple date » allait se finir. Alexis enchainait les blagues pour détendre l’atmosphère, grand merci à lui. Charles tapotait les touches de son téléphone avec angoisse. Je posai ma main sur sa cuisse, il sembla se détendre.
Octavia n’était pas réputée pour ses idées lumineuses, mais celle là était surement la pire d’entre toutes.
- On a qu'à faire un jeu ! proposa-t-elle avec enthousiasme.
Rectification, elle était toujours capable de faire pire.
Charles détacha les yeux de son écran. Cette proposition semblait l’avoir intéressé.
- Pourquoi pas, répondit-il. Vous connaissez vérité ou vérité ?
Était-il réellement nécessaire que je réponde ?
- Pour faire simple, chacun doit dire une vérité sur lui que personne ne connait. Mais vu qu’on est à une sorte de « date », si j’ai bien compris le principe de ce déjeuner, vous n’aurez qu’à dire une vérité sur votre partenaire.
« Partenaire », mot non utilisé depuis 1970, mais toujours préférable au terme amoureux.
- J’ai bien l’idée, et je ne vais pas rater une occasion de cracher sur Nathan.
A peine eut-elle finit sa phrase que celui-ci réapparut, et toute la tablée laissa échapper un petit rire étouffé. Il ne prit pas la peine de relever.
- Je commence, rétorqua Alexis, et je le remerciai intérieurement d’avoir pris les devants.
Il fit mine de réfléchir, et je vis le visage d’Alex se décomposer derrière son sourire de façade.
- Alex met toujours des chaussettes dépareillées, pas parce qu’il ne veut pas se fatiguer à trouver la paire correspondante, mais parce qu’il les range volontairement comme ça.
Le pauvre avança l’argument de l’originalité pour tenter de se défendre, mais personne ne le trouva recevable.
Fier de ses aveux, Alexis céda sa place à Nathan. Je priai pour que ce qu’il dise n’ait rien à voir avec… ce que je ne voulais pas savoir.
- Quand elle dort…
Pente glissante.
- Octavia met toujours sa main près de sa bouche. C’est trop mignon.
- C’est parce que je suçais mon pouce quand j’étais petite, c’est un réflexe, se dédouana-t-elle. Pour rester dans le thème, Nathan bouge la nuit. Mais pas qu’un peu, notre lit est plus animé qu’un combat de catch !
- T’es sûr que c’est uniquement quand il dort ? railla Alex.
Octavia lui lança un bout de pain. Et moi qui croyais échapper aux allusions sexuelles !
- A mon tour.
Charles avait lâché ces mots entre deux gorgées d'eau, et je sentis mon cœur se liquéfier.
Octavia avança ses coudes sur la table, tout le monde l’écoutait.
- Voyons, Eléonore adore passer par les fenêtres, mais j’imagine que ce n’est pas une chose que vous ignorez.
Alex et Octavia s’échangèrent un regard complice, tandis que Nathan et Alexis firent mine de comprendre.
- Elle est frileuse, sensible…
On avait dit une information, pas une carte d’identité.
- Et elle bouge sa jambe quand elle est stressée, soit très souvent avec moi.
Je jetai un coup d’œil à ma cuisse qui tremblait sous la table. Il n’avait pas tort, mais comment l’avait-il remarqué ?
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