chapitre 29 :
Les fêtes passèrent avec une banalité déconcertante. Un mois de janvier en courant d’air et nous voilà aux portes de la Saint Valentin. Au lever, aucun message. Je n’avais jamais fêté cette fête autrement qu’avec Octavia, un pot de glace à la main. Mais cette année, j’aurais aimé que les choses soient autrement. La matinée passa, et vint l’heure de se rendre au lycée.
Dans les bras de Nathan, Octavia était rayonnante. Elle tenait une rose, et portait un collier qu’il devait lui avoir offert. Un coup d’œil à mon écran, toujours rien. La journée passa avec une monotonie déconcertante. Tous les couples qui s’embrassaient me donnaient la nausée, plus encore que les autres années.
- Il ne t’a toujours pas appelée ? demanda Octavia.
- Toujours pas, il doit avoir oublié.
- Pas possible, pas s’il tient à conserver ses couilles.
Sa réflexion me fit sourire, mais je ne pouvais pas m’empêcher de penser que mon hypothèse était la plus crédible.
- Nathan n’a jamais oublié ?
- Ça ne fait que deux ans qu’on est ensemble, mais il n’a plutôt pas intérêt. T’inquiète pas, je suis sûre que Charles va donner signe de vie.
Un espoir qui ne se concrétisa pas jusqu’à ce que sonnent les seize heures. Je sortis les mains dans les poches, comme si mon cœur s’était éteint. A peine eus-je franchis la cabane du gardien, que je l’entendis tenter de me rattraper.
- Mademoiselle Maurisson, hurla-t-il, attendez ! Quelqu’un a déposé ça pour vous !
Il me tendit une lettre scellée d’un petit sceau doré.
Je la décachetai, et y découvrit un message rédigé de la main de Charles. Il n’y avait rien écrit de plus que : « Est-ce que tu aimes jouer ? », accompagné d’une carte de la ville.
Une croix rouge marquait ma première destination, la maison de Floriane. Là où nous étions rencontrés. Accroché à sa boite aux lettres, un coquelicot dansait. Je saisis le mot qui l’accompagnait.
« Je savais que tu étais joueuse, tu me l’a prouvé ce soir-là. C’est pour cela, entre autres, que je t’ai aimée ».
Seconde destination, le gymnase de mon lycée. Cette fois-ci, une jonquille m’y attendait, étrange en cette saison.
« Tu avais passé la soirée à m’éviter, mais même derrière ton masque, je ne voyais que toi. Merci à Mango de nous avoir rapprochés. Merci à toi de m’avoir embrassé. ».
Il avait soigneusement écrit chacun des mots de la déclaration qu’il m’avait faite ce jour-là.
Troisième destination, devant chez Octavia, où il avait planté une orchidée.
« Cette soirée, où tu t’étais endormie dans mes bras, jamais je ne l’oublierai. Comme jamais je n’oublierai cette image de toi traversant une fenêtre. »
La quatrième destination me força à prendre deux bus, pour me retrouver devant le lac où il m’avait, un soir, emmené.
« Cet endroit, c’est une partie de moi, tout comme toi ».
Cinquième destination, le café sorti des années 50.
J’y entrai, et la serveuse me tendit un bouquet de jacinthes.
« Quand je suis passé te chercher ce jour-là, je ne pensais pas que tu accepterais de me suivre. Puis j’ai découvert tes goûts affreux en matière de milkshake ».
Même quand il était mignon, il ne pouvait pas s’empêcher de critiquer.
Sixième destination et retour au lycée, devant la cantine où s’était déroulée notre fête d’halloween.
« Ce soir-là, tu avais cru que je ne viendrais pas, puis tu avais avoué ne pas me détester. ».
La septième me mena au restaurant du « triple date ».
« Un midi spécial, je dois l’admettre, mais je n’ai jamais eu autant l’impression d’entrer dans ta vie que lorsque je me suis retrouvé au milieu de tes amis ».
Enfin, la dernière destination fut la grande place du marché de Noël. Il s’y tenait, debout au milieu de la foule, une tulipe dans la main.
Je m’approchai de lui et, avant de m’embrasser, il m’avoua que j’étais la fille qui lui avait fait découvrir ce que signifiait aimer.
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