Chapitre 1

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Avril était arrivé trop vite à mon goût. Je pressentais une journée longue et ennuyeuse pour ce premier jour dans mon nouveau lycée.

J'ai quitté tôt la maison pour me rendre à la gare. Au moins, à l'avenir, je n'aurais pas à passer énormément de temps dans les transports : l'établissement n'était qu'à deux stations. Quand je suis arrivé, j'ai poussé un long soupir en voyant la multitude d'élèves qui s'était donné le mot pour arriver en avance. Moi qui pensais éviter le bain de foule en arrivant un peu plus tôt... Entre les piaillements des copines qui se retrouvaient et la surexcitation des garçons qui s'imaginaient faire tout et rien au lycée, je n'en pouvais déjà plus.

(Heureusement, ça ne peut pas être pire...)

-Yo, Shûhei !

(J'ai parlé trop vite...)

Yûji aussi avait décidé d'être matinal, on dirait. Sa bonne humeur et son énergie commençaient déjà à me pomper la mienne. Il y a des jours comme ça où j'aimerais tellement fonctionner à l'énergie solaire pour tenir.

(Courage. Ce n'est que pour aujourd'hui. Les jours suivants seront plus calmes...)

J'ai prié pour que la cérémonie de la rentrée des classes ne s'éternise pas.

J'ai reconnu quelques têtes au milieu de ce gymnase que je trouvais trop grand. Aussi bien des têtes que je trouvais sympathiques de loin et d'autres... D'autres. Les garçons et filles portaient le blazer réglementaire, les garçons, un pantalon, les filles, une jupe... Tous s'étaient bien habillés pour le premier jour comme des employés d'une société qui voulaient faire bonne impression.

Un petit mot sur notre lycée. Ce dernier avait bonne réputation, même si ce n'était pas le meilleur de la ville, et regroupait des élèves dont les résultats se situaient au-dessus de la moyenne. À comprendre que ça ne regroupait pas l'élite mais on n'en n'était pas si loin. L'établissement était aussi réputé pour ses équipes masculines et féminines de basket, qui arrivaient régulièrement au niveau national du championnat inter-lycées. D'ailleurs, il me semblait avoir lu un articule sur le net sur l'équipe féminine qui avait atteint les quarts de finale l'an dernier. Une première, selon ce dernier.

Enfin, la cérémonie qui semblait s'éterniser au début se termina et je me suis retrouvé entre les murs de la classe du groupe B des premières années. Yûji était dans ma classe aussi, au cas cela vous intéresserait.

Notre professeur principal répondait au nom d'Abe et se chargeait d'enseigner les maths. Rien de plus à signaler, si on mettait de côté qu'il paraissait jeune et qu'il ne laissait pas indifférent certaines filles de la classe d'après mes observations. Il s'est lancé dans l'explication cliché comme quoi le lycée n'avait rien à voir avec le collège et que nous allions devoir bosser dur si nous espérions décrocher une place dans une bonne université et avoir le privilège d'avoir un bon emploi, blablabla... C'était tellement cliché que je n'étais même pas sûr qu'on ressortait encore aujourd'hui ce type de discours dans les fictions dont le cadre du lycée.

Après cela, il a lancé :

-Bien. Présentez-vous à tour de rôle, à présent.

Les autres étaient un peu nerveux même s'ils s'y attendaient. Chacun notre tour, en alternant les garçons et les filles, nous nous sommes présentés pour débiter le réglementaire « nom, prénom, collège d'origine et autres (hobby, plat préféré, etc... Bref. Des banalités franchement dispensables) ». Certains répondaient avec énergie comme Yûji, d'autres sur un ton plus calme et enfin, ceux comme moi qui ne délivraient que les informations essentielles sans entrain. À peine me suis-je rassis que des chuchotements s'étaient élevés avant que la personne suivante ne se présente à son tour. Dix contre un que des rumeurs sur moi commenceraient à circuler d'ici la fin de la journée... J'ai aperçu le visage de Yûji qui me lançait un regard qui disait « Fidèle à toi-même ». Je lui en ai lancé un lui disant « Et alors ? ». Il ricana un peu.

Alors que je soupirais et m'apprêtait à retourner dans mes pensées pour faire passer plus vite cette journée, mon regard croisa celui de cette fille.

Sa chevelure était d'un brun clair, descendant presque jusqu'à ses épaules. Et son regard... On aurait dit qu'elle voyait l'assassin de ses parents ou quelque chose comme ça. Du moins, c'est l'impression que j'ai eu. Elle m'a fixé un bon moment comme ça avant de se retourner comme si de rien n'était.

J'avais un mauvais pressentiment. Ça n'arrivait pas souvent et je me trompais rarement dans ces cas-là. La dernière fois fut lorsque Yûji avait essayé de draguer une fille dans la rue alors qu'on rentrait chez nous. Dommage pour lui que le petit copain de la fille en question se soit pointé juste après...

Et dire que ce n'était que le premier jour...

Ah, oui. Pour ceux que ça intéresse, des rumeurs ont commencé à circuler à mon propos après.

La première semaine est passée bien vite. On a eu un aperçu du niveau d'enseignement de l'établissement et même si on s'y attendait, ce n'était clairement pas de la rigolade et certains se demandaient s'ils avaient bien fait de s'inscrire ici.

Les groupes d'amis s'étaient déjà formés. Comme vous vous en doutez, j'ai rejoint le groupe « moi, seul dans mon coin ». Comme au collège. Vous vous en doutez aussi, Yûji avait essayé de me « recruter » dans son groupe, mais j'ai poliment décliné l'offre. Surtout en voyant les autres membres me regarder bizarrement comme si j'étais un extraterrestre tout droit évadé de la Zone 51.

La cloche de fin des cours sonna et Abe retourna en salle des professeurs. Les premiers quittaient la classe pour rejoindre leur club et moi, je rangeai lentement mes affaires.

-Yûji ! Shûhei !

Une voix féminine nous interpella. Devant la porte d'entrée de la classe, une belle jeune fille à la longue chevelure d'ébène nous faisait signe de la main.

Koïzumi Sachi. Une amie proche pour Yûji et pour moi, une ancienne camarade de mon ancien club de littérature. Elle n'était pas une grande lectrice de base et avait regretté bien vite de s'y être inscrit à la vue de ses membres, mais elle était quand même restée. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m'a simplement dit qu'elle avait la flemme de chercher un autre club. Je trouvais que c'était une excuse bidon mais j'ai gardé cette réflexion pour moi, à l'époque.

-Vous allez à vos clubs ? demanda-t-elle en s'approchant de mon pupitre.

Tous les regards étaient braqués sur nous. Pas besoin d'être un génie pour deviner qu'ils se demandaient comment un type comme moi pouvait connaître une beauté pareille. Oui, Sachi était jolie mais pas vraiment mon type. De plus, je savais que Yûji en pinçait pour elle depuis l'an dernier.

-Shûhei, tu n'as rejoint aucun club, non ? Pourquoi tu ne t'inscris pas au club de littérature aussi ?

-Je vois que tu fais du recrutement pour eux, mademoiselle la nouvelle recrue...

-J'avoue que j'étais réticente au début, mais après avoir vu la salle... Je pense qu'elle te plaira.

-Et les membres ? lui demanda Yûji avec un air inquiet. Dans le précédent, vous m'aviez dit qu'ils n'étaient pas vraiment sympas.

-Pour l'instant, ça va. Ils ont été accueillants avec moi, mais je mentirais en disant que j'y suis déjà à l'aise.

Ce n'était peut-être que moi mais j'avais l'impression de savoir où elle voulait en venir.

-Pas question que je m'y inscrive juste pour que tu puisses voir un visage familier, ai-je lancé.

-Mais je ne te demande pas ça ! Le club a vraiment l'air bien, ils ont pleins de livres différents et leur canapé est plus que confortable. Avec de la chance, l'endroit sera ton havre de paix ici.

Je grognais un peu. Elle me connaissait trop bien et savait quels mots feraient « tilts » dans ma tête pour que je daigne m'intéresser à quelque chose. J'ai finalement cédé et ai accepté de l'accompagner. Elle me remercia avec un visage radieux comme mille soleils. Finalement, je comprenais pourquoi Yûji en était tombé amoureux...

Ce dernier proposa qu'on aille manger un morceau après nos activités de club, chose que Sachi a de suite accepté en disant qu'elle avait repéré une pâtisserie sympathique qu'elle voulait à tout prix essayer. J'étais sur le point de décliner l'invitation quand les deux se liguèrent contre moi en prétextant qu'on n'avait pas traîné tous les trois depuis un moment et que je ne pouvais pas refuser. Entre la radiance de Sachi d'un côté et l'énergie débordante de Yûji de l'autre, j'avais l'impression d'être un panini coincé entre deux plaques chauffantes. À contrecœur, j'ai finalement accepté.

(Je suis un être faible...)

Je me suis payé une visite au club de littérature. Salle spacieuse, beaucoup d'étagères et de livres, un canapé, une grande table et des chaises... J'ai même été surpris de voir qu'ils avaient un ordinateur assez récent et une imprimante posée sur un bureau.

Le président du club semblait aux anges quand Sachi m'a traîné jusqu'ici. Elle s'était chargée de toute la communication me concernant, alors que j'étais occupé à voir ce qu'ils avaient comme ouvrages, et cela ne dérangea pas le président. La vice-présidente, en revanche... Elle me regardait derrière ses lunettes comme une supérieure hiérarchique s'apprêtant à blâmer le nouvel employé de la boîte pour un travail non fait en bonne et due forme, selon ses critères. Leurs ouvrages étaient intéressants, il fallait bien le reconnaître. Ils avaient même des livres étrangers : j'avais trouvé un exemplaire de L'étranger d'Albert Camus en version originale.

(Il y a vraiment quelqu'un dans ce club qui sait lire le français ?)

En fouinant un peu, j'ai trouvé des manuscrits écrits ou tapés par d'anciens membres. Le président disait avec fierté que certains d'entre eux avaient été publiés. Et en effet, j'ai trouvé aussi les bouquins réalisés à partir de ces manuscrits. La qualité du contenu était variable mais dans un sens, cela méritait le respect d'être parvenu à pondre un récit entier.

Ce qui m'a vraiment décidé à accepter de rejoindre le club fut le canapé. Je ne savais pas où ils se l'étaient procuré mais bon sang ! Je ne m'étais jamais assis dans un canapé aussi confortable !

Le président était ravi que je les rejoigne et me garantit que je ne le regretterais pas. La vice-présidente m'a remis le formulaire d'inscription, m'a froidement dit de le remettre remplis au professeur responsable du club et de revenir demain, quand ce serait fait. Visiblement, mon recrutement ne lui faisait pas très plaisir...

J'ai quitté la salle sans Sachi, qui me dit qu'elle me rejoindrait tout à l'heure. Le formulaire était basique et je n'avais pas envie de me le trimballer jusqu'à chez moi. Je l'ai rempli vite fait et suis allé le donner au professeur responsable du club de littérature.

(Une bonne chose de faite !)

Malheureusement pour moi, Sachi et Yûji en aurait encore pour un moment avant la fin de leurs activités de club. J'avais donc du temps à perdre. Aller à la bibliothèque ne me tentait pas vraiment aujourd'hui et j'avais envie de prendre l'air. J'avais repéré un bel arbre juste à côté du gymnase. J'allais peut-être me faire réprimander pour ça mais j'ai décidé de m'y caler en entendant les deux autres, devant un bouquin que j'avais ramené.

(Ah. C'est presque aussi confortable que le canapé de tout à l'heure)

...

(Non, quand même pas)

Bien installé, j'ai commencé à lire mais bien vite, j'ai commencé à somnoler. Non pas que le livre n'était pas intéressant mais ce coin contre ce tronc était si confortable que j'avais envie de laisser Morphée m'emporter. À moins que ce ne soit l'œuvre d'Hypnos...

(Hmm. Ce qu'on est bien, ici... Je n'ai pas envie de me lever)

Quelque chose me tapotait la joue.

(Je sais pas qui essaie de me réveiller mais qu'il aille se faire voir...)

Les tapotements devinrent plus insistants.

(Si je me réveille par sa faute, je le tue et je fais passer ça pour un accident... Non, mauvaise idée. Avec ma tête, on devinera facilement que je suis coupable.)

Plus de tapotements.

(Enfin la paix...)

Je sentis soudainement quelque chose de légèrement mouillé se coller et se décoller rapidement de ma joue.

-OUAH !

Je me suis réveillé en sursaut pour me retrouver face-à-face avec une fille accroupie à mon niveau. Sans attendre, je m'essuyais les joues dans l'espoir d'enlever ce truc qui s'était posé sur ma joue.

-Tu ne devrais pas dormir ici. Tu vas attraper froid.

Mon attention se dirigea alors sur cette fille. C'était elle. La fille aux cheveux bruns clair.

(Merde ! C'était quoi son nom, déjà ? Ça commençait par Na-quelque chose...)

-C'est Nanahara, si c'est ça que tu cherches. Nanahara Yuna.

(Elle lit dans les pensées ou quoi ?)

-Oui.

Elle sourit légèrement en voyant ma réaction.

-Tu te fiches de moi ?

-Un peu.

Je me suis contenté de grogner et me suis levé. Ce fut à ce moment que je remarquai le maillot de l'équipe de basket dépassant de son sac de sport.

-Tu dors souvent ici ? m'a-t-elle demandé.

-Non. Je voulais juste un endroit tranquille en attendant mes amis...

-Il y a des endroits bien mieux, tu sais.

-Peut-être. Mais je voulais aussi prendre l'air.

-Je vois.

...

On ne disait plus rien depuis une bonne minute. Elle me fixait d'une manière étrange. Je ne savais pas pourquoi mais j'avais l'impression d'être un lapin sur le point de se faire bouffer cru par un lion affamé.

À bien regarder, elle était plutôt mignonne. Ses yeux avaient une belle couleur amande et son corps n'était pas désagréable à...

(Non, non, non ! Je dois me ressaisir ou elle va me prendre pour un...)

-Pervers.

Cette réflexion me ramena immédiatement sur terre, même si j'aurais préféré que ce soit de manière moins violente.

-Je n'ai pas...

-J'ai bien vu où se baladait tes yeux.

(Génial. En plus d'avoir l'étiquette « asocial » sur le dos, on va me rajouter celle de « pervers ». Il n'y a pas à dire, je démarre bien l'année !)

Elle me dépassa par la suite et pris la direction du portail.

(Bah. Ça en fera juste une de plus qui ne peut pas me voir en peinture. La belle affaire...)

Je ramassais mon sac quand j'ai reçu un texto de Yûji pour me dire qu'il n'allait pas tarder. À peine une seconde après, ce fut Sachi qui me texta la même chose. Après ce moment un peu gênant, j'étais prêt à faire n'importe quoi pour oublier. Vu que consommer de l'alcool n'était pas une option à mon âge (je n'avais pas envie de me faire choper...), je me rattraperai par une surconsommation de sucre dans cette pâtisserie.

J'ai décidé de les attendre au portail. Je traversais donc la cour et... Oh non ! Nanahara attendait aussi au portail !

(Elle attend sûrement aussi ses amies ! La poisse !)

Décidément, le sort s'acharnait sur moi. Mes réserves d'énergie sociale étaient presque à plat et voilà que j'allais devoir attendre à côté d'une fille qui, j'en étais sûr, m'accuserait volontiers d'être un prédateur sexuel juste parce que j'avais osé jeter un œil dans sa direction.

Nous étions à présent plantés là, d'un bout à l'autre du portail, à attendre.

-Tu me suis ? demanda-t-elle.

-J'attends mes amis. Ils ne vont pas tarder.

-Ah ? D'accord. J'attends les miennes. Elles finissent de se changer.

-Je vois...

...

(Ouf. Fin de la conversation)

-Tu ne demandes pas si elles sont de l'équipe de basket ?

(Ou pas.)

-Je l'avais plus ou moins deviné.

-Plus plus ou plus moins ?

-C'est quoi, cette question ?

-Comme ça. Pour faire la conversation.

-Tu sais, tu n'es pas obligé de me parler. On pourrait se méprendre si on te voyait discuter avec moi.

-À cause des rumeurs ?

-Mouais...

-Il paraît que tu es toujours seul et que Tanigawa ne traîne avec toi que par pitié.

-Pour vérifier ce dernier point, il faudrait demander à l'intéressé.

-Il paraît qu'en fait, tu traînes avec une bande à la nuit tombée et que vous rackettez les passants et les touristes étrangers.

-Comme si je n'avais que ça à faire de mes soirées...

-Il paraît que tu passes ton temps à lire des livres cochons, même en cours.

-Ces idiots ont beaucoup d'imagination !

-Il paraît...

-Stop ! N'en jette plus ! Entendre autant d'idioties me donne mal au crâne...

Je me massais la tempe : j'avais vraiment un mal de crâne.

-Heu... Nishiyama, c'est ça ?

-C'est maintenant que tu m'appelles par mon nom ?

-Navré. Je ne m'en suis souvenu que maintenant. Il faut dire que tu es plutôt du genre transparent, la plupart du temps. En plus d'être maussade.

-Pourtant, ça ne t'a pas empêché de me fixer, à la rentrée, quand je me suis présenté.

Étrangement, elle souriait. Un sourire de satisfaction comme si elle venait de décrocher une belle victoire lors d'un match face à une équipe coriace. Décidément, je n'arrivais pas à la cerner et ça m'énervait au plus haut point !

J'entendis des voix féminines l'interpeller derrière moi. Ses coéquipières de l'équipe de basket étaient enfin là et j'en ai reconnu une ou deux qui étaient également dans ma classe : il suffisait de voir le regard de dégoût qu'elles me lançaient quand elles me reconnurent, comme si j'étais une moisissure mutante sur pattes douée de parole. Le groupe de basketteuses ne traîna pas plus longtemps dans le coin et partit, mes « camarades » de classe s'étant retournées pour me dévisager une nouvelle fois.

(Oui, oui... Je suis dégoûtant selon vos critères. On a compris. Cassez-vous, maintenant !)

Je remarquai aussi que Nanahara s'était également retournée. Mais elle ne m'envoya pas un regard de répulsion comme les autres. Au contraire, elle m'envoya un beau sourire et me fit un signe de la main avant de crier :

-Bye-bye, Nishiyama. On se voit demain.

À peine avait-elle fini sa phrase que ses amis se mirent à lui parler à voix basse avec un air de réprobation ou craintif. Difficile à dire, elles étaient trop loin pour que je puisse bien voir.

-Oh, môssieur a réussi à sympathiser avec quelqu'un...

-Serait-ce la fin du monde ?

En me retournant, je vis ces idiots me servant d'amis me fixer avec un regard de... de...

-Vous avez vraiment l'air de crétins quand vous tirez cette tronche !

-Allez, les insultes directement..., soupira Sachi. On a dû vraiment te surprendre pour que tu manques à ce point de répartie.

-Preuve qu'il était concentré sur autre chose, fit remarquer Yûji.

-Pas faux. Mais franchement, Shûhei, je ne savais pas que tu aimais les sportives.

-La ferme, ai-je lancé à Sachi sans ménagement.

-Remarque, la fille qui t'a salué est mignonne. C'est qui ?

-Elle s'appelle Nanahara, je crois...

-Oui, Nanahara Yuna, confirma Yûji. Elle est dans notre classe et fait partie de l'équipe de basket. Il paraît qu'elle a reçue une bourse pour pouvoir venir étudier dans notre lycée, afin d'apporter du sang neuf à l'équipe.

Cette fois, c'était Sachi et moi qui le regardions avec un air (oui bon, vous avez saisi).

-Quoi ? J'ai juste un peu discuté avec elle. Ce n'est pas comme si c'était quelqu'un de particulièrement réservé, qui accorde sa confiance qu'après seulement des mois...

-...Pardon, tu t'attendais à ce que j'exprime des remords ou un truc comme ça ?

-Un peu, Shûhei ! Je continue de penser que ce n'est pas sain !

-Et je continue de penser que c'est pas tes affaires...

-Allons, allons, les garçons ! Pas la peine de se disputer pour si peu. Nous savons tous que Shûhei est un cas désespéré...

-La ferme !

-... et là, j'aimerais manger à cette pâtisserie avant qu'elle ne ferme. Alors maintenant, allons-y et au pas de course !

Sur ces mots, elle nous saisit par le bras et courut en nous traînant en direction de la gare. Comment un être avec si peu de muscle pouvait-elle avoir autant de force ?

J'ai finalement classé cette interaction avec Nanahara comme anecdotique et l'ai rangé dans un coin sombre de ce grenier qu'était mon esprit, en allant me coucher ce soir-là.

Nanahara... J'avais l'impression d'avoir déjà entendu ce nom quelque part mais où ? Je n'ai pas le souvenir d'avoir connu quelqu'un portant ce nom...

(Raaah !! Pourquoi ce nom m'est aussi familier !)

Moi qui espérais m'endormir rapidement, voilà que je rageais de pas savoir pourquoi je connaissais déjà ce nom. Pourquoi je me souciais de ça ! C'est juste une fille sans importance dans ma classe !

Un bruit de notification sur mon téléphone me fit oublier ça. Je l'ai ensuite pris pour voir ce que c'était.

(Tiens. Un message. Qui peut bien m'écrire à cette...)

J'ai alors vu le nom de l'expéditeur et le sang m'est de nouveau monté à la tête. Pas le genre de colère explosive lorsqu'on perd une partie de jeu vidéo, mais du genre se rapprochant le plus d'un feu de forêt qui dure depuis des jours.

Je n'ai même pas lu le message. Je me suis contenté de l'effacer directement, de mettre mon téléphone en veille et me suis couché.

Avant que ce foutu marchand de sable se décide à faire son boulot, l'image de Nanahara est passé comme un éclair dans mon esprit. Je me demandais bien pourquoi. Bien sûr, j'allais forcément la croiser puisqu'on est dans la même classe mais cela s'arrêterait là...

À partir de maintenant, rappelez-vous que je suis nul pour prédire l'avenir...

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