Chapitre 11
Comment ? Comment on en était arrivé là ?
J'étais là, à pleurer, enfermée dans les toilettes.
Shûhei... Il allait partir. Je ne le reverrais plus.
Je pensais pouvoir accepter qui il était, peu importe son passé. Mais l'entendre de sa bouche... Ça m'a fait un tel choc... Je n'ai rien trouvé de mieux que de fuir. Je pensais que j'avais sans doute besoin de temps pour digérer tout ça et que jouer au basket me changerait les idées. Puis, j'ai appris qu'il était à l'hôpital après une violente bagarre. J'ai failli m'effondrer en entendant cela. J'essayais de me convaincre que je devais être forte. Que je devais être à ses côtés le temps de son rétablissement. Mais je n'ai pas pu. Je n'avais même pas posé le pied dans l'hôpital que quelque chose en moi me bloqua. Peut-être était-ce trop pour moi, en deux jours... Si bien que j'ai inventé une excuse pour fuir, une nouvelle fois. Je me disais que peut-être, avec le temps, j'y arriverai...
Mes parents sont allés le voir et m'ont rapporté des nouvelles. Ils m'ont dit ce qu'avait fait son père après l'incident. J'étais outrée par ce qu'avait fait cet homme et mon inquiétude pour Shûhei n'a fait qu'augmenter. Je savais qu'il fallait que j'aille le voir. Mais à présent, j'avais honte de ne pas être venu le voir plutôt. J'avais maintenant honte qu'il me voit.
Encore une excuse...
Quand il est revenu en cours, je n'ai pas osé l'aborder ou le regarder. Je l'aimais toujours et j'avais honte de ne pas avoir été à ses côtés quand il en avait le plus besoin. Et peut-être... Peut-être que j'avais peur de son autre facette de sa personnalité. Peut-être que j'avais peur de Shûra...
Je voulais me trouver le courage de lui parler, de reprendre cette belle relation que j'avais avec ce garçon que j'aimais sincèrement. Mais il n'est jamais venu... Ou plutôt, je ne suis jamais allé le chercher, me trouvant des excuses bidon.
Dans la classe, la rumeur comme quoi je l'avais larguée a vite circulé. Ni lui ni moi n'avons contesté. Je ne lui en voudrais pas s'il décidait que tout était fini entre nous... J'ai pas assuré avec lui, franchement. Setsuna a essayé de nous réunir à plusieurs reprises mais quand ce n'était pas moi, c'était lui qui m'évitait.
La dernière tentative m'a conduit ici, dans les toilettes des filles, enfermée dans une cabine pour qu'on ne me voit pas pleurer. J'avais surpris une conversation entre elle et Shûhei : il allait déménager le printemps prochain, pour Tokyo...
(Idiote ! Si je n'avais pas attendu si longtemps...)
-Yuna !
J'ai relevé la tête en entendant la voix de Setsuna.
-Yuna ! Tu vas bien ?
-Non...
J'ai essayé de me calmer un peu.
-Pardon, Yuna. Je ne savais pas que tu écoutais...
-Ne t'excuse pas...
-Je... Je vais le convaincre de venir te voir jouer !
-Non ! Ne... Ne le force pas. Je le connais, il va encore plus se braquer et refuser encore plus fort.
-Mais... tu aimerais qu'il vienne, n'est-ce pas ?
J'ai laissé échapper de nouvelles larmes.
-Évidement... Mais je sais que j'ai été une petite amie lamentable depuis l'incident. Franchement, je ne lui en voudrais pas s'il ne vient pas.
-Tu peux pas laisser les choses comme ça, Yuna. Surtout s'il part vraiment à la fin de l'année scolaire.
-Je sais, je sais...
J'ai pris quelques minutes pour me calmer puis je suis sortie de la cabine.
-Je... lui parlerai convenablement après le tournoi.
C'était décidé. Lui et moi mettrons définitivement les choses au clair. Peu importait l'issue, il fallait qu'on puisse avancer. J'en étais convaincue.
Quand nous sommes toutes les deux retournées en classe, tout le monde nous regardait du coin de l'œil.
Tous, sauf Shûhei.
Les jours suivants, je me suis concentré sur le tournoi à venir. Le dernier de l'année et le plus important. Encore plus pour les troisièmes années, qui quitteraient le club après, pour se concentrer sur leurs examens.
Depuis l'incident, mon jeu était lamentable mais je me reprenais peu à peu en main. Autant que possible, je perfectionnais mes lancers à trois points pour pouvoir tirer de n'importe où sur le terrain. Notre capitaine m'a même dit que si je continuais comme ça, j'allais me faire remarquer par des recruteurs de meilleurs équipes lycéennes.
Bien que je me donnais à fond dans les entraînements, je ne pouvais m'empêcher de sentir un vide en moi, quand je regardais les gradins.
Même les autres filles disaient que ça leur faisait bizarre que Shûhei ne soit pas là pour les regarder jouer. Certes, deux ou trois garçons venaient maintenant les voir mais Shûhei restait le premier et il manquait un peu à toutes.
Setsuna a encore tenté à plusieurs reprises de le convaincre de venir nous voir jouer à Tokyo, malgré le fait que je lui ai demandé de ne pas insister. Mais elle semblait y tenir, pour moi. Je lui en étais reconnaissante...
Shûhei et moi ne nous parlions toujours pas. Au mieux, on se disait « Bonjour » quand on se croisait. Je ne venais plus le chercher chez lui pour aller ensemble au lycée. Il ne venait plus au restaurant. Mes parents m'ont demandé si on avait rompu mais je répondais toujours à côté, parce que moi-même, je l'ignorais. Et je redoutais le moment où je saurais.
Le week-end avant les vacances. Deux jours de compétitions où suite à cela, la meilleure équipe féminine de basket inter-lycée serait choisie.
Tôt ce matin, l'équipe a embarqué dans le train en direction de Tokyo. Nous étions à la fois excitées et nerveuses. Arriver à ce stade de la compétition n'avait pas été une mince affaire et il y avait encore du chemin à faire pour arriver au sommet.
Notre premier match serait contre Midorino. Le match revanche qu'attendait sûrement Umino Karin, cette fille que je respectais en tant que basketteuse mais pas du tout en tant que personne. Je n'ai jamais aimé la façon dont elle a dénigré Shûhei, lors de notre première rencontre. Elle était déjà très forte à l'époque et avait sûrement encore progressé depuis le temps, mais je ne m'étais pas tourner les pouces et me sentais prête à en découdre.
Si seulement j'étais plus confiante dans d'autres domaines, en ce moment...
On est descendu dans un petit hôtel non loin du stade. À peine on a eu le temps de poser nos affaires qu'il fallait qu'on reparte vers le dit stade. Pas le temps de souffler ni de visiter un peu la capitale.
Ce dernier était immense, capable d'accueillir au moins des milliers de personnes. Les sièges étaient encore inoccupés, mais je m'imaginais déjà les lieux noir de monde et cela m'a un peu plus stressé. Je n'avais jamais joué devant autant de monde. Je n'avais même jamais joué jusqu'à ce stade d'une compétition. J'ai presque failli vomir, tellement j'étais nerveuse. Heureusement que les autres étaient là pour me rassurer, même si elles étaient également nerveuses.
Nous avions déjà commencé à nous échauffer quand l'équipe du lycée Midorino est arrivé à son tour. J'ai croisé le regard d'Umino. Elle comme moi étions déterminé à décrocher la victoire, c'était clair.
Les spectateurs ont commencé à affluer. Je les scrutais, en espérant au fond de moi que Shûhei serait quand même venu. Un instant. J'avais beau me dire qu'il ne viendrait sans doute pas, ça faisait quand même mal de se rendre compte qu'on avait raison.
Une vingtaine de minutes plus tard, le match était sur le point de débuter. Nouvelle titulaire, j'étais prise dans le cinq majeur pour jouer, avec Setsuna. Umino était aussi dans le cinq majeur en face. Tant mieux.
L'arbitre allait siffler le coup d'envoi. Une dernière fois, j'ai regardé dans les gradins dans l'espoir de voir mon Shûhei... en vain. J'eus un instant de tristesse mais je l'ai vite chassé quand le coup d'envoi fut lancé.
Au début, il y eut un parfait équilibre : aucune des deux équipes ne laissait marquer l'autre. Umino me marquait autant qu'elle le pouvait mais j'arrivais à me défaire d'elle, la plupart du temps. La moitié du premier quart temps était passé et le score ne bougeait pas. La défense des deux équipes ne cédaient pas. Mais en termes de possession du ballon, Midorino dominait.
L'équilibre fut rompu quand Umino intercepta une passe du capitaine m'étant destinée, pour aller marque un panier. Les supporters crièrent leur joie de voir l'équipe de Midorino prendre les premiers points. Les filles d'en face se tapaient dans la main, sourire aux lèvres, comme si gagner n'était plus qu'une formalité, à présent. J'ai alors récupéré le ballon et, pour la première fois devant des milliers de témoins, j'ai tiré depuis l'autre bout du parquet. Un silence religieux a régné tout le long où le ballon était en l'air et ne fut rompu que quand ce dernier est rentré dans le filet sans toucher l'arceau. Le buzz validant le panier résonna.
Trois points marqués, retard rattrapé d'un coup.
Nos supporters laissèrent éclater leur joie et m'acclamèrent. Je crois que j'ai même entendu deux ou trois « Je t'aime ! » de garçons. Et de filles. J'étais un peu gênée quand je me suis remis en position pour assurer la défense. Et puis, il n'y avait qu'une personne dont je souhaitais entendre ces mots.
Le deuxième quart-temps s'est finalement terminé sur une égalité. Le niveau de Midorino n'avait plus rien à voir avec celui qu'ils avaient lors de notre match amical.
L'arbitre siffla la mi-temps et nous avons regagné les vestiaires. Le match était éprouvant mais je pouvais encore jouer. Notre coach et notre capitaine nous ont donné les consignes à suivre pour le reste du match : marquer de manière classique contre cet adversaire était compliqué et elles comptaient sur moi et mes trois points. Une manière de montrer que je méritais mon surnom de Magicienne des trois points. Une sacrée pression sur mes épaules, mais Setsuna m'assura qu'elle ferait en sorte de m'envoyer le plus souvent possible le ballon.
La mi-temps allait prendre fin et nous sommes retournés sur le terrain. Mon cœur battait à cent à l'heure. L'idée que la victoire reposerait essentiellement sur moi me faisait un peu paniquer. Il fallait que je me calme... que je me calme... que je me calme...
Setsuna m'a alors tapoté l'épaule et a pointé du doigts les gradins. J'ai levé les yeux et... j'ai cru que mon cœur allait s'éjecter de ma poitrine.
(Shûhei !)
Shûhei était là, assis sur les sièges qui donnait directement sur notre banc ! Il était finalement venu... J'étais si heureuse que j'en aurais presque pleuré. Nos regards sont croisés. J'étais encore mal à l'aise mais je me suis forcé à le regarde en face. Son visage était neutre. Peut-être était-il encore fâché de ce que j'avais fait... Mais...
Je l'ai vue. Il a levé la main et m'a fait un signe. Je lui ai sourit et lui ai fait signe aussi, avec un énorme sourire. Je n'avais pas souri autant depuis longtemps.
Le match reprit. L'équipe comptait sur moi. Shûhei me regardait. Pas question de les décevoir, tous autant qu'ils sont.
Concentrée à fond sur le match, chaque fois qu'on me donnait le ballon, je marquais des trois points. Peu importe ma position sur le terrain, peu importe qui essayait de marquer, je faisais toujours en sorte que le ballon qu'on me donnait marque toujours trois points. Ma concentration était au top. Je n'avais jamais joué comme ça de toute ma vie. Au bout d'un moment, je ne voyais plus l'équipe en face ni mes coéquipières. Il n'y avait plus que moi et le ballon qui évoluions sur le parquet. De mes doigts fins, celui-ci s'envolait en formant de gracieuses courbes avant de se glisser délicatement dans les filets. Rien ne m'arrêtait pour accomplir ma tâche : marquer encore et encore des trois points. Toujours aller chercher le ballon ou me placer de façon à ce qu'il puisse atterrir entre mes mains. Mes pensées ne s'éparpillaient pas. La victoire restait mon objectif. J'étais vive, légère et inarrêtable.
Après un nouveau panier, le coup de sifflet final retentit. C'était comme si je me réveillais d'un rêve. J'ai entendu la foule hurler et mes coéquipières accoururent vers moi en exprimant leur joie. J'ai ensuite vue le tableau des scores : nous avions battus Midorino et largement, en plus. Je ne comprenais pas. Je n'avais pourtant joué que quelques minutes du troisième quart-temps. Du moins, c'était l'impression que j'avais eu.
Nous avons ensuite salué l'équipe adverse et les avons remerciées pour ce match. Umino est venue me retrouver et m'a déclarée que cette fois-ci encore, elle avait perdue et de loin. Mais elle ne semblait pas triste. Au contraire. Elle m'a saluée et a rejoint ses coéquipières.
Dans les vestiaires, nous étions encore folles de joie de notre victoire mais moi, je ne pouvais pas en profiter avec les autres. J'ai subitement senti mes jambes me lâcher et j'ai manqué de tomber au sol. Les autres se sont précipité vers moi et la coach m'a examiné. Selon elle, j'étais juste épuisée d'avoir joué si intensément durant toute cette mi-temps et a annoncé que je resterais sur le banc pour le prochain match. J'étais contre et ai protesté de toutes mes forces, jusqu'à ce que la capitaine me convainque d'écouter la coach, que c'était pour mon bien et qu'on pourrait avoir besoin de moi pour la suite. Ça ne me plaisait pas mais j'ai obéi.
Malheureusement, nous avons perdu le match suivant contre les tenantes du titre. Nous nous sommes bien défendus durant le premier quart-temps mais après, l'écart n'a fait que se creuser. Nous étions toutes très déçue mais notre capitaine a su trouver les mots pour nous redonner un peu le moral et nous encourager à faire mieux l'an prochain, tout en profitant de l'occasion pour nommer la nouvelle capitaine.
Notre tournoi était donc terminé. Les troisièmes années allaient quitter le club. Ça allait faire bizarre de ne plus les voir aux entraînements...
En quittant les vestiaires, des représentants d'autres lycées sont venus à ma rencontre. Apparemment, mes performances sur le parquet les avaient impressionnés et chacun m'avait proposé d'intégrer leur équipe et donc, de changer de lycée. Ma coach trouvait cela inapproprié qu'ils viennent me démarcher devant elle et toutes les filles de mon équipe et s'est énervé contre eux avant de les chasser. Néanmoins, ils me donnèrent tous leur carte de visite pour que je les contacte si j'étais intéressé. Deux ou trois en donnèrent aussi à Setsuna, qui s'était démarqué des autres avec ses passes rapides et fluides, doublés de son analyse du terrain. Au début, je n'ai pas du tout envisagé d'accepter leurs offres, lorsque je vis alors une carte qui retint mon attention.
C'était celle du représentant d'un des favoris du tournoi, qui s'était toujours classés en troisième ou deuxième position durant le tournoi inter-lycée depuis cinq ans maintenant. L'équipe de basket féminin avait un effectif correct et on racontait qu'ils étaient très sélectifs pour le recrutement.
Alors que nous nous dirigions vers la sortie, j'en ai parlé aux autres. D'un côté, je ne voulais pas abandonner l'équipe mais une occasion pareille ne se renouvèlerait sans doute pas... Personne n'osa donner son avis. Sauf notre désormais ancienne capitaine, qui me suggéra d'y aller si j'en avais vraiment envie, qu'avec une équipe plus grande et de meilleurs moyens, je pourrais pleinement exploiter mon potentiel. Elle a aussi ajouté qu'en me voyant jouer aujourd'hui, je pourrais peut-être passer professionnel et que ce lycée m'en donnerait les moyens. Elle conclua en disant que la décision ne regardait que moi et que je devais prendre mon temps. Je la remerciais, elle qui avait été de toujours de si bon conseil.
Tout le monde s'est soudainement arrêté alors que nous venions de sortir du stade. Shûhei était là, à attendre. Les filles se sont précipitées pour le voir, pour le remercier d'être venu et le gronder un peu de ne pas être venu les voir aux entraînements, ces derniers temps. Moi, j'étais un peu en retrait. J'étais contente de le voir mais aussi nerveuse car je ne savais pas comment l'aborder. Ce furent donc les autres qui s'en chargèrent pour moi, en me disant qu'elles rentraient avant moi à l'hôtel. La coach m'a demandé de rester joignable et de rentrer avant la tombée de la nuit. Je me retrouvais donc seul avec mon... petit copain ?
Je ne savais même pas si je devais encore l'appeler comme ça, maintenant. Mais bon, il était temps d'en avoir le cœur net.
-Shûhei... tu... Tu veux bien qu'on aille se balader un peu ?
-Oui..., m'a-t-il heureusement répondu.
Nous avons marché ensemble dans les rues de Tokyo. Je n'y étais jamais venu. Je n'ai vu que des photos ou des reportages dessus. Nous avons visité Akihabara et ses rues noires de monde, avons croisés quelques étrangers qui ont accepté de prendre des photos avec nous.
Nous sommes ensuite allés à Jinbôchô voir les nombreuses librairies qu'on pouvait y trouver. J'ai un peu ri en voyant mon Shûhei être un peu dans son milieu naturel.
Avant de retourner vers mon hôtel et que Shûhei ne reparte en premier dans notre ville, nous avons fait un petit détour pour voir le fameux bâtiment de la Shûeisha, qui publiait le Weekly Shônen Jump que je dévorais chaque semaine.
Dans le train, Shûhei et moi nous sommes tenus la main, comme si rien ne s'était passé. Mais il s'était passé des choses et je ne pouvais pas les ignorer. Je n'y comptais pas...
-Yuna...
Shûhei avait son air sérieux mais j'arrivais à déceler une certaine tristesse.
-Après ce qui s'est passé, je pense que...
-Non !
Je savais ce qu'il allait dire et je l'ai devancé. Je savais qu'il dirait que lui et moi devrions rompre et j'aurai accepté avant aujourd'hui. Mais le fait qu'il soit venu malgré ça m'a conforté dans l'idée que j'aimais sincèrement ce garçon. Le garçon qu'il était aujourd'hui et que j'ai toujours connu.
-Shûhei, je t'aime. Qu'importe qui tu étais avant. J'aime le Shûhei d'aujourd'hui et même si ce sera dur, je sais maintenant que je peux accepter ce tu étais avant. Alors non, je ne veux pas qu'on se sépare. Je veux être ta petite amie, pour toujours.
...
J'ai attendu un moment avant que son cerveau n'imprime ce que je venais de lui dire. J'ai ensuite rougit de honte et ai caché mon visage. J'ai entendu Shûhei rire un peu et a attendu que je sois de nouveau capable de le regarder avant de parler à son tour :
-Ça me touche, merci... Mais... Pour ce qui est de mon départ au printemps...
-Shûhei, j'ai peut-être une solution...
Je lui ai parlé des recruteurs et lui ait montré la carte de visite du fameux lycée... qui était à Tokyo.
-Attends, Yuna ! Tu n'envisages quand même pas de...
-Si. Je veux être avec toi, Shûhei. Et puis, l'équipe de ce lycée est vraiment bonne. Bien sûr, je serais triste de quitter mes amies et d'être loin de mes parents. Mais tant que toi et moi sommes ensemble, je pense que je m'en sortirai.
-C'est pas une décision à prendre à la légère. Tu devrais...
-...prendre le temps d'y réfléchir. Je sais. Et je le ferais. Ce n'est qu'une idée comme ça, pour l'instant.
Nous nous sommes tut. J'ai regardé le paysage urbain de Tokyo défiler à travers les vitres et je trouvai que ça avait du charme.
Shûhei m'a ramené à mon hôtel et devait partir pour la gare pour rentrer dans notre ville.
-Shûhei !
-Oui ?
-Est-ce que... tu es libre, le 24 ? J'aimerai... qu'on le passe ensemble.
Il m'a regardé un instant, sans dire un mot. Puis :
-Je viens te chercher chez toi ?
-Hein ? Heu... Non, je pensais qu'on pourrait se retrouver et...
-Ce sera plus simple que je vienne te chercher. Tu ne veux pas ?
J'ai longuement hésité. Et puis, ce n'était pas comme si c'était la première fois qu'il venait chez moi. J'ai accepté.
On s'est embrassé pour se dire au revoir.
Vivement le 24 décembre.
Le jour J.
J'étais ultra nerveuse !!!
J'ai fait de gros efforts pour être jolie pour notre rendez-vous ! J'ai même voulu me maquiller mais vu la catastrophe qui en a résulté, j'ai laissé tomber. Enfin, non. Pas complètement. Je me suis contenté d'un minimum.
Ma mère m'a annoncé que Shûhei était là. Je suis alors descendu le voir et nous sommes partis en ville. J'étais bluffé de le voir bien habillé et coiffé impeccablement. Lui qui était du genre minimaliste pour son apparence, il avait fait un effort ce jour-là. J'ai souris puis j'ai ris et il est parti, vexé. Je l'ai vite rattrapé en m'excusant.
Nous sommes baladés, sommes allés au karaoké, avons fait un peu de shopping... Bref, nous n'avons pas eu le temps de nous ennuyer.
Le soir, il m'avait emmené dîner dans un restaurant français assez chic. Beaucoup de clients nous ont dévisagé, comme si, selon eux, nous n'avions pas notre place ici, dû à notre âge ou notre style vestimentaire plus modeste qu'eux. Mais je m'en fichais pas mal et Shûhei aussi. Le repas était délicieux et le dessert, à tomber par terre.
Après cela, nous sommes allés voir les illuminations de Noël, qui étaient magnifiques. Shûhei m'avait fait passer une excellente journée. C'était de loin notre meilleur rendez-vous... et je ne voulais pas que cela se termine tout de suite.
-Bien, avait dit Shûhei. Il commence à se faire tard. Je vais te ramener.
Alors qu'il commençait à marcher vers la gare, je l'ai retenu en lui serrant la main, tête baissée et embarrassée.
-Shû... Shûhei... J'aimerai... qu'on reste ensemble plus longtemps.
-Tu veux encore te balader ?
J'ai encore plus rougi puis je lui ai murmuré à l'oreille ce que je voulais.
...
Il lui a fallut un moment pour que son cerveau reçoive l'information. Il était devenu rouge, mais moins rouge que moi. Il a répondu un faible « Ok » puis... nous sommes allés chercher un love hotel.
Shûhei en a trouvé un qui semblait correct et a loué une chambre pour deux heures. Celle-ci n'était pas très grande mais avait l'air confortable. Shûhei était allé prendre une douche pendant que je me préparais psychologiquement.
J'ai de nouveau rougi, ai caché mon visage dans mes mains et me suis mise à rouler sur le lit en marmonnant.
(MON DIEU ! J'ai osé lui demander ça ! J'ai osé lui demander de m'emmener dans un love hotel !!! HIIIIII !!! Je lui ai quasiment demandé de prendre ma virginité !!! Lui, il a de l'expérience mais moi, j'y connais rien du tout ! J'ai peur ! J'ai peur ! Je commence à regretter !!)
J'ai essayé de me calmer en respirant lentement. Non. Je n'allais pas faire marche arrière. Je le voulais. Je voulais qu'il soit ma première fois. Ce que j'avais longtemps refuser de faire avec Ken, j'étais prête à le faire avec Shûhei.
(Je crois...)
Quand il est sorti de la salle de bain, j'y suis de suite entrée prendre une douche. L'eau tiède qui coulait sur ma peau m'a détendue. J'ai un peu traîné pour sécher mes cheveux puis je suis sorti de la salle de bain et une fois que j'étais sèche, je suis venu rejoindre mon Shûhei sous les couvertures. Je me suis alors souvenu de cette fois où j'ai dormi chez lui et que nous nous sommes retrouvés collé l'un contre l'autre. Je lui ai sourit et il m'a un peu souri en retour, l'air un peu gêné.
Nous avons commencé à nous embrasser puis nous caresser. Ses mains semblaient plus douces que d'habitude. J'ai commencé à un peu paniquer quand il m'a agrippé les fesses et j'ai faillit le gifler par réflexe, mais je me suis calmé par la suite. Il a ensuite commencé à m'embrasser le cou. Je ne savais même pas que j'aimais ça !
Je ne m'étais jamais fait tripoter et... j'aimais comment il s'y prenait. En douceur mais pas trop non plus.
J'ai commencé à la toucher aussi. Avec ses mains, il a guidé les miennes. C'était la première fois que j'étais contre un garçon nu et la première fois que j'avais sa... - enfin, vous voyez quoi, entre les mains. C'était étrange... mais ça avait un côté excitant.
Je ressentais des choses que je n'avais pas l'habitude de ressentir. C'était mes premières préliminaires, quand même ! Je me trouvais maladroite, malgré m'être « documenté » avec les DVDs que cachait mon frère dans son ancienne chambre.
J'avais redouté me servir de ma bouche pour lui faire plaisir mais c'était définitivement lui qui m'a envoyé au Septième ciel avec la sienne.
Pourtant, nous étions loin d'avoir fini.
Les choses sérieuses ont alors commencé après qu'il ait enfilé un préservatif. Il a promis d'y aller doucement au début et je ne vais pas mentir, j'ai eu un peu mal lorsqu'il m'a défloré. Mais la douleur a ensuite fait place peu à peu au désir, à l'excitation. Au fur et à mesure qu'il allait et venait en moi, je ne pouvais m'empêcher de gémir et de le serrer plus fort contre moi. Je ne voulais pas qu'il s'en aille. Je ne voulais pas qu'il s'arrête. Ses lèvres étaient plus douces que d'habitude. Ses lèvres me firent frissonner au contact de ma poitrine.
Après un agréable moment, lui comme moi avons jouis ensemble. Pour une première fois, je n'étais absolument pas déçue.
-On... a pas fini, m'a-t-il soufflé à l'oreille alors qu'il était essoufflé.
Le temps d'enfiler un nouveau préservatif puis nous avons remis le couvert. Autant dire que nous avons bien rentabilisé nos deux heures...
Quand il m'a ramené à la maison, il était tard mais nous ne regrettions rien. Surtout moi. Enfin, je le pensais. Nous avons attendu jusqu'à minuit devant chez moi et il m'a souhaité un joyeux Noël avant de m'embrasser. Baiser que je lui ai bien rendu.
Nous sommes quitté là et il a promis de m'appeler pour qu'on aille ensemble au temple souhaiter la nouvelle année.
Avant de me coucher, j'ai envoyé un message à mon Shûhei :
J'ai passé une merveilleuse journée et une nuit tout aussi superbe. Mais je ne savais pas que tu étais si... expérimenté dans la chose. Tu cachais bien ton jeu *rire*
Merci pour tout, Shûhei. Merci d'être devenu mon petit ami. Merci d'être resté mon petit ami.
Merci pour tous ces bons moments que tu m'as offerts et que tu m'offriras sans doute à l'avenir.
Je me demande ce qui nous attends mais ce que je sais, c'est que je les vivrais avec toi.
Je t'aime.
Je rougissais de gêne d'écrire ça mais c'était vraiment ce que je pensais. J'ai ensuite envoyé le message puis me suis couchée.
(Merci encore, Shûhei, pour tout ce que tu m'as offert.)
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