Le craquage
- Tu rigoles ? Mais pourquoi tu ferais ça ?
Ma meilleure amie, Louise, celle que je connaissais depuis l'enfance, celle qui m'accordait toute sa confiance depuis 15 ans, venait de m'appeler, paniquée.
Elle m'avait annoncé qu'elle ne supportait plus d'être cloîtrée avec ses parents qui se battaient à longueur de journée, l'obligeant par conséquent à rester dans sa chambre.
- Tu ne te rends pas compte de ce que je vis depuis 3 semaines ! Je suffoque. Je ne suis pas seulement confinée chez moi, je suis bloquée dans ma chambre de 10m²...
Je l'écoutais sans savoir comment l'apaiser. Que dire à une adolescente de 15 ans qui vous annonce qu'elle va partir de chez elle parce qu'elle "suffoque", quand on est nous-même une adolescente ?
Nous étions priés par le gouvernement de rester chez nous et de ne sortir "sous aucun prétexte". Un virus d'une extrême gravité avait touché le pays faisant plus de morts au mètre carré qu'une guerre ! Bon, j'exagérais certainement, mais ce qui était sûr, c'est que c'était très grave. Ils avaient même fermé tous les établissements scolaires ! ça avait été un choc pour Louise et moi. On avait l'habitude de se voir tous les jours, et pour mon amie c'était une bouffée d'oxygène de venir au collège, à cause de ses parents qui se faisaient la guerre chaque jour !
A l'autre bout du combiné, je l'entendais s'agiter, faire les cents pas dans sa chambre.
- Je suis certaine qu'ils ne se rendraient même pas compte que je ne suis plus là... Murmura-t-elle comme si ces mots ne m'étaient pas destinés.
- Louise, assieds-toi un instant, tentais-je pour la calmer.
Mais elle avait raison, ses parents ne verraient rien.
- J'ai une idée ! Lançais-je, regrettant immédiatement mes paroles. Je l'encourageais dans sa folie, la mettant moi-même en danger ! Mais lorsque je la sentis plus calme, je su qu'elle était pleine d'espoirs. Je ne pouvais plus reculer...
- Bon, écoute. Tu vas remplir une attestation et tu vas venir chez moi.
- Mais... Il n'y a pas de case "pétage de plomb" sur l'attestation...
Nous rîmes toutes les deux à cette bêtise. Retrouver l'innocence de notre âge nous fit un bien fou.
Elle accepta ma proposition. Heureusement, nous n'habitions pas loin l'une de l'autre.
Je prévins mes parents, qui ne furent pas ravis que je les mette devant le fait accomplit, mais acceptèrent malgré tout.
Louise arriva chez moi peu de temps après, et y resta jusqu'à ce que la police nous appelle, prévenue par ses parents qui s'inquiétaient de sa disparition, une semaine après...
Annotations
Versions