Déséquilibres agréés (si c'est là que tout doit se perdre...)
Le voile couvre mon corps – l’éther dans sa bouteille me dévisage !
Je ne vois plus la cène… Le sang bouillonne encore sur le sol !
Je vole – tout autour du bruit et de la sueur qui se dégage !
La tourmente me dévoile son antre ; j'erre dans des courbes folles !
Les prismes de couleurs violentes se déchaînent dans les airs !
La vérité n'existe que dans les tempêtes chronophages !
J'essuie alors ma bouche – un goût acre se colle sur mes chairs !
J'appelle le vent ; les chiens, la lune et les ombres sages…
La chimère flotte devant le miroir ; le ciel est pourpre.
Les êtres sont de retour dans la suie d'orage
Les yeux rouges, salés, s'attrapent, s’enchaînent ;
se baignent et se baisent sans un mot ;
le touché de peau, les cœurs vivants ;
le fluide dans les veines !
Hybride sombre qui cavale et se dérobe,
j'endosse le costume du singe évanescent...
Le groupe est seul... Le groupe est loin...
Les tentations tendues des visages émaciés
empruntent au ciel son regard menaçant ;
le soleil bleu s'enfuit à l'instant !
J'ai la peur qui s'avance, qui serpente ;
qui se glisse dans les corps... Les corps qui chantent.
Où es-tu dans ton monde ? Où vas-tu dans ta vie ?
si c'est là que tout doit se perdre...
Mes synapses font la danse du ventre avec la lenteur et la décadence des fluides -
Les virages sont opérés : l'aventure humaine se transforme et ma tête se déforme…
Je ne comprends pas très bien les résonances qui s'affrontent - se défont et se régulent -
j'ai la matière grise qui vire au noir ! si c'est là que tout doit se perdre...
Je revoie sous la terre, les corps décomposés de nos âmes communes…
Je ressens comme un chien, les morsures du temps sur nos armes amères
je retrace la route, et défonce les côtés des fossés sur la dune
je me jette dans la boue, je bois l'eau des égouts et je pisse des cratères...
La lune qui nous appelle derrière son auréole - l'aréole qui nourrit nos envies de poussières -
je m'entête et je tète la poitrine crevassée
forcément dans la vie nos humeurs libertaires sont déposées la nuit
faut trier, ramasser - de la vitalité - l'or sera bien gardé
si c'est là que tout doit se perdre...
Je renvoie sous nos mères, les cordons qui détiennent l'or de nos âmes qui durent…
Je libère les vapeurs de la machine en plomb sur les dieux endormis.
La place est envahie par les fous qui se taisent et la foule qui hurle
les besoins sont primaires, les pensées délétères font vaciller la nuit.
Les vivants qui appellent sont couchés sur le sol – les pavés dans la terre -
La pulsion est trop forte mais l'audace est légère pour le peuple rageur
forcément dans nos vie nos amours libertaires sont déposées par terre
faut trier, ramasser - de la vitalité - les barons sont à l'heure !
si c'est là que tout doit se perdre...
Annotations
Versions