Ma chair,
Je prends du temps – avant que le monde ne s'en aille par delà les portes chronophages – pour t'écrire quelques versatiles douleurs que je ressens en moi.
Tu m'as nourri – durant toute ces années – pour faire de moi, l'accomplisseur de l'enveloppe charnelle. Je n'ai pas pu faire semblant d'aimer les plaies qui décoraient ma peau – celles que tu as tranquillement tailladés dans l'œuvre de l'hiver. Je ne les ai jamais aimé ; car dans ton abnégation à faire de moi un être de sang, tu as oublié de nécroser mon âme !
Les vertiges synaptiques qui me hantent et te fragilisent, sont morts en même temps que mes glaucomes ont apparus... Tu ne pouvais qu'en être l'initiatrice méticuleuse...
J'ai grandi en toi ; sans chercher à te fuir, malgré les acnés – verdoyantes du sébum purulent !
J'aurais voulu te dire – bien avant ton crépitement spongieux – tout l'amour que j'aurais pu – dù – avoir pour toi... Mais l'humiliation obséquieuse que tu m'as jeté en pleine face, m'a arraché des cris de bête...
Aussi, ma chair, je reprendrai ma route sans toi ; larguant au gré du vent, mon âme vaporeuse – brisant mille lames inefficaces, sur la tête des blonds bien portant.
Je nierai ton existence et tracerai la ligne transparente qui me liera au monde des fous chantants.
Voilà, je te transperce de cette tige métallique afin que tu ne puisses plus avoir le temps de m'échapper.
Moi (qui suis toi !)
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