Chapitre 23 : Avalanche de cadeaux

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Hydronoé n'était pas là et Aymeric décida de se détendre en attendant qu'il revienne ou que le roi le fasse demander. Il repéra quelques livres dans une petite bibliothèque et tira un ouvrage au hasard pour en lire quelques pages. C'était un roman qui racontait les travaux qu'un roi imposait à un chevalier valeureux qui désirait la main de sa fille. L'enfant se laissa embarquer par l'histoire et il le posa presque à regret quand son frère entra dans la chambre.
- Bonsoir, le salua t-il. Tu as passé une bonne journée ?
- Oui, le roi m'a présenté à des personnes que tu devrais bientôt rencontrer toi aussi.
- Quand ça ? Qui est-ce ?
- Je ne dirais rien, c'est une surprise ! E toi, comment ce sont déroulées tes retrouvailles avec ta famille ?
- Comme sur des roulettes ! Nous avons passé la journée ensemble, j'ai hâte d'y retourner demain ! Il se sentit un peu coupable de prononcer ses mots de manière si enjoué face à Hydronoé. Son frère devait s'ennuyer sans lui et peut-être qu'il était jaloux de savoir qu'il s'amusait avec d'autres personnes en le laissant de côté. Le dragon d'eau sourit et dit :
- Tant mieux. Profite d'eux avant qu'on reparte.
- Ça ne te gêne pas ? demanda Aymeric.
- Non, je te vois toute l'année alors je peux bien être partageur. Sans compter que je me suis fait une camarade de jeu donc je ne reste pas tout seul.
- Tu me rassures !
- Au fait, nous dînons avec le roi et sa famille ce soir.
- Avec la reine et la princesse ? s'étonna l'enfant.
- Oui. J'espère qu'on s'amusera plus qu'hier.
Malheureusement pour Hydronoé, le dîner était loin d'être amusant. Les plats étaient délicieux mais l'atmosphère demeurait pesante. Même si le roi essayait d'égayer la tablée en parlant des affaires du royaume, la reine garda le visage de marbre et sa fille l'imita. Pour son plus grand désarroi, le petit garçon se trouvait assis face à elle et depuis le début de la soirée elle ne cessait de lui donner des coups de pieds. Il prenait son mal en patience mais il atteignait bientôt sa limite et envisageait franchement de lui plonger la tête dans son assiette pour lui faire passer l'envie de continuer. Il se retenait uniquement par respect pour le roi. Le monarque protégeait sa famille sans rien lui demander de plus que de faire un bon chevalier dragon, il pouvait bien supporter sa fille quelques heures !
Hydronoé, qui siégeait à côté de lui, voyait bien que quelque chose lui tapait sur les nerfs et comprit rapidement que la cause en était la petite fille qui les foudroyait du regard. Aymeric ne sut pas ce qu'il fit ensuite mais la princesse poussa un cri aigu en sursautant sur sa chaise. Les adultes se tournèrent vers eux et elle dit :
- Rien. J'ai cru voir une araignée.
- Hurler de cette façon, pour un insecte ou non, n'est pas une manière de se tenir à table, la réprimanda la reine.
- Pardon mère, je tâcherai de ne plus recommencer.
- Et vous Aymeric, tâchez de vous tenir droit.
L'enfant obéit à la reine mais le roi intervint :
- Allons laissez le donc se tenir comme il le désire : c'est un invité.
- Ce n'est pas une raison pour bafouer l'étiquette.
- Il n'était pas avachi, le défendit le souverain. Un peu plus et vous lui demandiez de se mettre au garde à vous ! Ils sont déjà très patients et sages pour leur âge alors qu'ils doivent s'ennuyer à mourir, ne leur en demandons pas trop.
La reine acquiesça sèchement et continua de manger dans le silence. De temps à autre, elle regardait Aymeric d'un œil noir et le petit garçon se demanda ce qu'il avait fait pour s'attirer la colère de cette femme. Quand ils terminèrent le dessert, le roi leur donna l'autorisation de quitter la table. Son frère et lui ne se firent pas prier. Ils retournèrent dans leur chambre en toute hâte. Une fois à l'intérieur, l'enfant déclara :
- Quelle peste la fille du roi !
- Je suis d'accord avec toi.
- Qu'est-ce que tu lui a fait pour qu'elle hurle comme ça ?
Un sourire canaille étira les lèvres du dragon d'eau et il dit en agitant sa queue écailleuse :
- J'ai juste un peu agrippé sa cheville pour le tirer mais elle s'est mise à crier dès que je l'ai effleuré.
- En tous cas merci ! Je ne supportais plus qu'elle me donne des coups de pieds !
- Tu aurais dû lui faire pareil.
- Et décevoir le roi ? Pas question. Je dois me comporter comme un apprenti chevalier dragon digne de ce nom.
- Mais elle elle n'avait pas une attitude de princesse, rétorqua son frère.
- Oublions-la. Elle voulait juste se rendre intéressante.
- Tu as raison. J'ai trouvé un jeu de cartes dans un tiroir du bureau. On fait une bataille ?
Ils s'amusèrent jusqu'à ce que les serviteurs du palais entrent avec des bassines d'eau chaude qu'ils versèrent dans la baignoire.
- Votre bain est prêt messieurs, dit l'un d'eux une fois qu'elle fut remplie.
Si Hydronoé ne perdit pas une seconde pour se glisser dans l'eau brûlante, Aymeric prit son temps. Il rangea les cartes et lu un peu avant de rejoindre le dragon d'eau qui était totalement immergé. Il l'effrayait toujours un peu quand il faisait ça : il ne bougeait pas d'un pouce et aucune bulle ne remontait à la surface. Hydronoé aurait tout aussi bien pu être mort. Il se sortit cette image sinistre de la tête et se lava activement, pressé de dormir. Il se glissait sous les draps quand son frère daigna sortir de l'eau en déclarant :
- Le roi a prévu une fête d'anniversaire pour nous demain.
- Une fête ? Pourquoi une fête ?
- Eh bien pour ton anniversaire, déclara Hydronoé, un peu perdu.
- Je sais que j'ai onze ans demain mais pourquoi organiser une fête ?
- C'est la tradition.
- Ah ? On ne mange pas juste un bon gâteau en offrant des cadeaux ?
- Je croyais aussi mais apparemment il faut aussi des décorations, un bon dîner, de la musique et des invités.
- On ne peut pas faire le minimum ? demanda Aymeric.
- Tu ne veux pas t'amuser ?
- Si mais j'ai peur que le roi en fasse trop.
- Je lui dirais demain alors. Je suppose que tu vas retourner voir ta famille ?
- Oui mais j’essaierai de rentrer plus tôt qu'aujourd'hui !
- Mais non, prends ton temps !
Aymeric se sentit reconnaissant envers Hydronoé de l'encourager à passer du temps avec ses frères et sœurs adoptifs. Il espérait de tout cœur que le dragon ne se sentait pas trop seul pendant que lui s'amusait avec les siens. Comme Hydronoé vint dormir avec le sourire, il se dit que non. Mais peut-être le faisait-il exprès pour le rassurer ? Il décida de lui faire confiance et ferma les yeux car il avait hâte d'être demain.
Il se réveilla en sursaut car on le secouait sans ménagement. Il se redressa tous les sens en alerte, craignant une attaque. Mais son frère l'enlaça et lui cria dans les oreilles :
- Joyeux anniversaire !
Aymeric se détendit et dit d'une vois pâteuse :
- Merci. Joyeux anniversaire à toi aussi.
- J'ai un an maintenant !
L'enfant rit et s'exclama :
- J'ai onze fois ton âge !
- Arrête de te moquer ! Ce n'est pas gentil !
- Comment ça se fait que tu sois déjà levé ?
- Moi aussi j'ai hâte de rendre visite à certaines personnes figure-toi ! Tu n'es pas le seul à avoir de quoi faire, fanfaronna son frère.
- Les invités du roi dont tu refuses de me parler ?
- Exactement.
Aymeric essaya d'arracher des informations à Hydronoé pendant qu'ils s'habillaient mais le dragon demeura aussi mystérieux que la veille. L'enfant se rendit à pied vers la maison de sa famille adoptives en se demandant qui étaient ces personnes dont on refusait de lui dire le moindre mot. Comme il arrivait plus tôt qu'hier il atterrit au milieu d'une maison sans dessus dessous à cause des enfants qui partaient à l'école. Ils voulurent se jeter sur lui pour l'étreindre mais Zolan les rappela à l'ordre :
- Pas le temps pour les câlins : vous allez être en retard !
Aymeric les aida à enfiler chaussures et vestes. Ils s'en allèrent tous ensemble en tenant leur cahier sous le bras et leur trousse dans la main.
- C'est toujours la course le matin : un véritable enfer, se plaignit Zolan. Maintenant il va falloir que je lave leurs bols.
- Je vais te donne un coup de main, se proposa le petit garçon.
- Tu me sauverais le vie : je déteste faire la vaisselle !
Ils se mirent à la plonge en bavardant et Aymeric songea qu'Hydronoé adorerait cette tâche : il pourrait plonger les bras dans l'eau mousseuse à volonté. Alors qu'il en venait à bout, l'enfant ne résista pas au plaisir d'éclabousser Zolan. Son aîné lui fit les gros yeux avant de lui rendre la pareille en se fendant d'un sourire. Ils commencèrent une bataille d'eau dans la cuisine qui ne cessa que lorsqu'ils faillirent glisser sur le sol. Ils épongèrent les dégâts en échangeant des grimaces moqueuses puis se séchèrent au coin du feu sans cesser de se taquiner.
- Ça me rappelle quand tu étais encore à la maison, soupira Zolan. Ta présence nous manque.
- Excuse-moi. Je ne t'ai pas consulté avant de m'en aller.
- Oublie ça. Au fond tu as raison : grâce à toi tout va mieux pour nous. Ma seule crainte, c'était qu'on te maltraite.
- Là où je suis, jamais ! Je peux te le jurer sur ma vie.
- Inutile. Les serments ça ne vaut pas grand-chose tu sais. Ce sont des mots et rien d'autres. Au fait, j'ai un petit cadeau pour toi.
Il se leva pour saisir une boîte en bois et la lui tendit.
- Joyeux anniversaire petit frère.
Le petit garçon l'attrapa délicatement et remarqua que son nom était gravé dessus.
- C'est toi qui a sculpté le coffret ? demanda t-il.
- Oui, avec l'aide de mon futur maître en menuiserie. Mais le plus intéressant est à l'intérieur. Ouvre-le !
Aymeric obéit et découvrit onze petites sculptures de dragons d'une dizaine de centimètres, toutes peintes à la main avec des couleurs différentes.
- Est-ce que c'est les dragons démiurges et primordiaux ?
- Oui. C'est moi qui les ai taillé dans le bois mais les petits se sont chargés de leur donner des couleurs. C'est un cadeau de notre part à tous.
- Ils sont tellement réalistes ! Merci Zolan ! Comment tu as eu le temps de faire tout ça ?
- Pour les figurines au départ je pensais juste les jeter : ce n'était qu'un entraînement pour passer le temps. Puis je me suis rappelé que tu aimais les dragons donc j'ai décide de te les offrir. Les enfants les ont coloré hier après le dîner. Elles te plaisent ?
- Énormément ! - Et...tu as déjà trouvé le cadeau mystère ? l'interrogea son aîné sur un ton conspirateur.
- Pas encore. Je pense que je n'en aurai pas cette année.
Ce qu'ils appelaient entre eux le cadeau mystère était un présent déposé devant la porte de leur maison le jour de l’anniversaire d'Aymeric. Il variait d'une année à l'autre : tantôt une montagne de denrées, tantôt des piles de vêtements et ainsi de suite. Cet entassement incroyable s'accompagnait toujours d'une enveloppe avec une carte où il était calligraphié à l'encre rouge foncée : Joyeux anniversaire Aymeric.
Ils n'avaient jamais appris qui leur apportait tous ça. Ce n'était pas faute d'avoir essayer de monter la garde devant la maison ou d'espionner de loin mais alors que la nuit avançait ils finissaient toujours par s'assoupir mystérieusement et en revenant à eux, le présent était là. Zolan pensait que c'était de la part d'une riche personne, peut-être même un membre de la famille d'Aymeric. Son frère pensait l'inverse. Si un proche avait eu vent de son existence il l'aurait tiré de la rue plutôt que de lui offrir des cadeaux, non ? A moins qu'on ne veuille vraiment pas de lui et qu'on lui fasse des présents pour garder bonne conscience mais cette hypothèse était peu probable.
- Pourquoi tu ne l'aurais pas ? s'étonna son frère.
- Peu importe qui m'offre ce cadeau, il ne sait peut-être pas que je ne vis plus au même endroit. Peut-être qu'il ne me trouvera pas. D'ailleurs, je ne l'ai pas eu l'année dernière.
- J'en doute. J'ai l'intuition qu'il te trouvera où que tu ailles.
Cette phrase donna des frissons à Aymeric. Savoir qu'une personne le surveillait dans l'ombre et pouvait le retrouver où qu'il soit...C'était effrayant. Pour passer le temps en attendant le retour des petits, ils allèrent se promener dans les ruelles. Il faisait beau et ils mêlèrent à la foule en discutant. Les yeux du petit garçon s'attardait parfois sur une bourse bien renflée, par réflexe.
Il détournait rapidement les yeux avec une pointe de honte. Que dirait son maître ou Hydronoé en le voyant se comporter de la sorte ? Ils examinèrent des étals dans la rue marchande et Zolan acheta quelques aliments pour préparer le dîner du soir. Ils rentrèrent avec leur course et firent un détour pour que son aîné lui montre l'école des petits. C'était un joli bâtiment de deux étages avec une façade en crépis blanc et un grand jardin attenant où les petits pouvaient de défouler après quelques heures.
En rentrant, ils jouèrent aux cartes et aux dames. Aymeric y jouait déjà avec Zolan auparavant. Leur cartes étaient déchirées, tâchées et cornées, contrairement au jeu neuf que sa famille possédait maintenant. Quant aux dames, il s'agissait de galets peints posés sur un plateau tracé dans la poussière devant leur maison. Son grand frère avait appris les règles en observant des habitués de la taverne y jouer. Ils s'amusèrent jusqu'au début de l'après-midi, où Zolan décida qu'il était temps de préparer le repas pour les petits. Comme la veille, Aymeric l'aida et ils échangèrent des potins sur la capitale.
- Il paraît que le roi a reçu des invités de marque et qu'il prépare une fête, lança son aîné.
Aymeric sursauta et faillit lâcher l'oignon qu'il tenait et dont il enlevait les couches de peau immangeables.
- Vraiment ?
- Oui. Un orchestre s'est présenté au château dans la matinée et une cargaison de produit frais est arrivé peu de temps après. Pour le moment on ne sait rien de plus. Tu as des informations ?
- Pourquoi est-ce que j'en aurais ?
- Ton protecteur est riche et puissant. Peut-être qu'il a été invité.
- C'est possible mais nous ne sommes pas venus pour ça.
- Pour quoi alors ? s'intéressa Zolan.
- Je te l'ai dit : me permettre de vous rendre visite. En récompense pour mon bon travail et comme cadeau d'anniversaire.
Ils changèrent de sujet et cuisinèrent jusqu'au retour des enfants qui se ruèrent dans la salle à manger en piaillant. Aymeric resta avec eux jusqu'à la tombée du jour. Avant de partir, Tiana offrit à tout le monde un «cookie d'anniversaire» et ils chantèrent joyeux anniversaire à Aymeric. Il se sentit heureux comme jamais auparavant et s'attrista un peu au moment de les quitter. Il se réconforta à l'idée de rejoindre Hydronoé et emporta un biscuit pour le dragon.
Il regagna le palais et remonta dans sa chambre. Il découvrit son frère habillé de manière très élégante. Hydronoé portait une longue redingote du même bleu que ses cheveux et à col montant. Ce dernier, ainsi que les manches, était brodé de fil d'or. Un pantalon noir près du corps et des chaussures montantes en cuir sombre avec des talonnettes complétaient la tenue. Il avait relevé ses longs cheveux en haute queue de cheval avec un ruban doré.
- Pourquoi tu as enfilé ça ?
- Pour notre anniversaire ! s'enthousiasma Hydronoé. Il y en a une pour toi aussi sur le lit.
Une tenue identique mais dans les tons bleu clair était en effet déposée sur les draps. Aymeric troqua ses vêtements contre cette dernière et tâcha de plaquer ses cheveux indisciplinés vers l'arrière : mission impossible.
- Il n'y aura que le roi, Gordon, Sandor et quelques conseillers influents en plus de nous. Il y aura de la musique, un dîner, des cadeaux et un gâteau. Ça te va ? demanda son frère.
- Oui, c'est mieux qu'une salle entière pleine d'inconnus.
Ils attendirent que Welson vienne les chercher et les conduisent dans la salle à manger du palais. Le roi, leur maître respectif et des hommes dont ils ignoraient le nom étaient déjà attablés. Le souverain se leva en les voyant entrer :
- Voilà les deux enfants dont je ne taris pas d'éloge depuis le début de la soirée !
Si le petit garçon les salua d'un signe de tête, Hydronoé exécuta une révérence courtoise. Les adultes s'intéressaient surtout au dragon. Ils observaient ses ailes, ses cornes et sa queue écailleuse avec une insistance presque gênante. Hydronoé n'en fit pas de cas et alla s'installer aux côtés de son maître. Aymeric lui fit face, lui aussi sur le siège voisin de Gordon. Si certain des hommes présentaient des rougeurs excessives et remplissaient souvent leur verre, son maître restait sobre. Son apprenti lui glissa :
- Comme c'est mon anniversaire je pense que vous pouvez faire une petite exception. Mais juste cette fois !
Le chevalier arqua un sourcil, un peu surpris mais ne se fit pas prier. Il remplit son verre et but une longue gorgée avec satisfaction.
- Tu as le chic pour choisir de bons vins Alaric, commenta t-il.
- A événement exceptionnel, boisson exceptionnelle, déclara le régent en levant son verre.
Les convives l'imitèrent. Le dîner se déroula dans la bonne humeur. Les conseilles étaient moins à cheval sur l'étiquette que la reine ! Ils s'autorisèrent des blagues grivoises qu'Hydronoé ne comprenait pas et qu'Aymeric se garda bien de lui expliquer. Ils questionnèrent aussi les deux enfants sur l'entraînement et ces derniers répondirent poliment.
Quand arriva le moment des cadeaux, Hydronoé ne tenait plus en place. Des présents emballés dans des tissus furent déposés devant eux. Aymeric laissa son frère ouvrirent les siens en premier. Il déballa celui du roi et découvrit une élégante cape de voyage souple et légère bleu clair avec une large capuche et des manches amples. Un bouton en argent au niveau du cou permettait de l'attacher. Le dragon remercia chaleureusement le souverain puis ouvrit celui de son mentor.
Il s'agissait d'une figurine de la taille d'une main taillé dans la pierre. Elle représentait un dragon bleu aux yeux jaunes avec les ailes repliées dans le dos et le socle imitait des vagues qui partaient de celui-ci.
- Aquibos ! s'exclama le dragon avec ravissement.
Il ronronna de bonheur et Aymeric se demanda pourquoi avant de se souvenir qu'Aquibos était le dragon primordial de l'eau et, par conséquent, le père de son frère. Il était normal qu'il désire avoir une représentation de son paternel !
Le petit garçon s'occupa ensuite de ses propres cadeaux et remarqua qu'il avait un paquet en plus. Il frissonna en découvrant une lettre posée sur un coffret plutôt plat et rectangulaire. Le dirigeant d'Alembras le remarqua aussi et sembla étonné. Aymeric décida de l'ouvrir en dernier. Il s'intéressa d'abord à celui du régent. Il se retrouva avec un gigantesque livre entre les mains. Sa couverture magnifiquement décorées par des motifs complexes et colorés indiquait sa bonne facture. Il l'ouvrit et découvrit que chaque page était décorée de dessins dans les marges.
- C'est un ouvrage sur les légendes de notre continent. Il les contient toutes, même les plus obscures. C'est une copie de l'original qui se trouve dans la bibliothèque du palais. Il te plaît ?
- J'ai hâte de le lire, dit Aymeric en passant les doigts sur la couverture de cuir.
Gordon s'agita et l'apprenti comprit qu'il avait hâte qu'il ouvre son présent. Il ne le fit pas attendre plus longtemps et extirpa un arc et un carquois rempli de flèches du tissu. L'arme était pile à sa taille et un sourire s'épanouit sur son visage. Il banda la corde pour la tester.
- Je ne t'ai pas encore appris comme le tenir et pourtant tu le fais instinctivement, s'étonna Gordon. Aymeric le remercia chaleureusement en examinant les flèches et le carquois de plus près. Un dragon avait été gravé dans le cuir de celui-ci et l'enfant sourit d'avantage.
- Tu as appris à traquer mais maintenant il est temps de chasser, lui glissa son mentor.
Son apprenti acquiesça en couvant l'arc d'un regard fier. Vint le moment d'ouvrir le dernier cadeau. Il le plaça face à lui et le roi demanda :
- D'où vient ce paquet ?
- C'est le cadeau mystère. Je le reçois chaque année pour mon anniversaire mais j'ignore qui me l'envoie. Je pensais que je ne le recevrais plus comme il n'y en avait pas l'année dernière.
Il ouvrit l'enveloppe. Les même mots que les années précédentes s'étalaient en lettres rouges : Joyeux anniversaire Aymeric. Il ôta le couvercle du coffret et retint un cri de surprise. Un poignard au tranchant affûté forgé dans un métal sombre reposait dans un écrin de velours rouge sang. Une bande de cuir rouge entourait la garde et l'arme étincelait sous la lumière du lustre. Aymeric la soupesa. Légère et équilibrée : parfaite pour le combat.
- Elle est d'excellente facture pour ne pas dire parfaite, déclara un des conseillers.
- Même la ligue des assassins n'a pas des armes d'une telle qualité, ajouta un autre.
L'enfant ne les écoutait déjà plus, jonglant distraitement avec l'arme en la faisant adroitement passer d'une main à l'autre. Qui lui envoyait ça ? En tous cas cette personne connaissait bien ses goûts. Il rangea le poignard et le roi appela les cuisiniers qui surgirent avec le plus gros gâteau qu'il avait jamais vu. Trois étages de pâtisserie !
Un éclat de convoitise fit briller les yeux d'Hydronoé qui se lécha les lèvres à la perspective de finir le dîner sur cette note sucrée. Si Aymeric se contenta d'une part, son frère se resservit deux fois. Il aurait récidivé si un regard de mise en garde de la part de Sandor ne l'avait pas stoppé dans son élan.

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