Chapitre 1: l'Adieu à l'enfance
Le soleil déclinait lentement, peignant le ciel de nuances orangées. La forêt chantait doucement, bercée par le murmure du vent dans les feuillages. Elle se tenait près de la rivière, immobile, son regard plongé dans l'eau cristalline qui reflétait son visage. Ses longs cheveux noirs encadraient ses traits délicats, créant un contraste frappant avec sa peau pâle. Ses yeux d'un bleu intense scrutaient leur propre reflet, absorbés par une mélancolie sourde.
Un clignotement étrange traversa ses prunelles. Juste un instant. Une lueur violette, presque imperceptible, se fondit dans le bleu. Elle cligna des yeux, incrédule, mais le phénomène ne se reproduisit pas. Peut-être n'était-ce qu'un jeu de lumière, une illusion créée par le crépuscule.
Un soupir lui échappa. Le poids de la décision alourdissait ses épaules. Quitter cet endroit... Cet endroit qu'elle avait toujours considéré comme son sanctuaire. Là où les arbres l'avaient vue grandir, où elle avait trouvé refuge lorsque le monde des hommes s'était montré cruel.
Le village n'avait jamais été tendre avec elle. Fille de la "sorcière", disaient-ils en chuchotant dans son dos. Des murmures empoisonnés qui l'avaient isolée bien avant qu'elle ne comprenne pourquoi.
Pourtant, sa mère adoptive n'avait rien d'une sorcière maléfique. Elle savait simplement guérir avec des plantes, murmurer aux racines pour en tirer des remèdes, et connaissait les secrets de la forêt comme personne. Mais pour les villageois, cela suffisait à en faire une paria.
Elle se souvenait des regards méfiants, des insultes murmurées, des enfants qui la repoussaient avec dégoût. « Fille maudite. » « Sorcière en devenir. » Des mots qui avaient brisé son cœur avant même qu'elle ne puisse se défendre.
Alors elle avait trouvé refuge ici, dans cette forêt. Loin des jugements, entourée de créatures qui ne voyaient en elle qu'une âme solitaire. Ici, elle n'avait pas besoin de mots pour se faire comprendre. Ici, elle n'était pas une sorcière. Juste... elle-même.
Ses doigts effleurèrent l'écorce rugueuse d'un vieux chêne. Elle se souvenait des jours où elle grimpait sur ses branches, cherchant à toucher le ciel. Les rires qui résonnaient alors n'étaient pas partagés avec d'autres enfants, mais avec les oiseaux et les écureuils qui l'avaient acceptée parmi eux.
Son regard se posa sur le katana rouge sang accroché à sa taille. La seule chose laissée par sa mère adoptive. Son seul lien avec elle. Ses doigts glissèrent sur le pommeau doré orné de rubis, ressentant une étrange chaleur.
La femme qui l'avait élevée... Tout ce qu'elle avait. Tout ce qui la rattachait à ce monde. Et désormais, elle n'était plus là.
Comment avait-elle pu disparaître ainsi, sans un mot ? Pourquoi cette urgence de partir, de tout quitter ?
Les réponses ne viendraient pas en restant ici.
Le vent souffla doucement, emportant avec lui le parfum des fleurs sauvages. La forêt semblait murmurer, comme pour lui dire adieu.
« Merci... pour tout. » Sa voix se brisa, emportée par le vent. « Adieu... à cette forêt... et à mon enfance. »
Elle se retourna sans un regard en arrière. Ses pas résonnaient lourdement sur le sentier. Elle savait qu'elle ne reviendrait pas.
Le soleil disparaissait à l'horizon, baignant le paysage d'une lueur dorée. La forêt restait silencieuse, gardienne de ses souvenirs, témoin de son départ.
Elle ne se retourna pas.
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