ORAGE (Brassens)

6 minutes de lecture

« Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps
Le beau temps me dégoûte et m'fait grincer les dents
Le bel azur me met en rage
Car le plus grand amour qui m'fut donné sur terr'
Je l'dois au mauvais temps, je l'dois à Jupiter
Il me tomba d'un ciel d'orage »

Nostalgie
Guillaume aime écouter cette radio. Elle le berce de chansons qui lui rappellent un autre temps…
Il approche de la cinquantaine.

Putain de pluie !

Il rentre chez lui. C’est la fin de la journée.

L’orage qui menaçait a fini par craquer et des trombes d’eau s’abattent.
En ce moment, il ne trouve pas, comme Brassens, que ce soit une bénédiction.

Pauvres piétons !

Guillaume, bien protégé dans sa voiture, observe avec amusement les personnes qui courent pour gagner un abri. Elles sautent pour éviter les flaques, font des écarts pour esquiver les projections des voitures.

Des éclairs strient le ciel, suivis de coups de tonnerre de plus en plus rapprochés.

Pourtant la matinée a été belle. Un magnifique soleil.
Une belle journée de mai qui s’annonçait.

Et l’atmosphère est devenue lourde dans l’après midi.

C’était trop beau.

Prudent, Guillaume a ralenti l’allure.
Il observe au passage ces naufragés qui ce matin sont partis pour leur journée dans des tenues plutôt légères.

Imprévoyance.
Optimisme.

Non, ces tenues étaient des sourires à la vie.

Et maintenant tous ces vêtements pleurent lamentablement.

Dans le champ balayé par les essuie-glaces apparaît une forme qui lui est familière.

Tiens, la fille des voisins !

Elle s’abrite sous son sac, en courant.
Illusoire protection.

Guillaume s’arrête à sa hauteur et baisse la vitre coté passager.

« Stéphanie, monte vite, je vais te laisser chez toi »
Bon samaritain

« Je vais mouiller votre voiture »
« Pas grave. Ca séchera »

La fille ne se fait pas trop prier. Le temps n’est pas propice aux assauts de politesse.

« Merci »
Elle s’assoit au bord du siège, évitant de s’adosser pour limiter les dégâts.

Mini jupe en jean, léger débardeur orange. Elle avait parié, elle aussi, sur un soleil radieux pour la journée.
Insouciance de la jeunesse.

Quel âge peut-elle bien avoir ? 18, 19 ans ?

Elle pose son sac sur ses cuisses et croise ses bras sur sa poitrine.
Elle frissonne.
Ses cheveux inondent son cou.

« Tu reviens du lycée ? » Guillaume cherche à alimenter la conversation par une banalité.
Je suis con. Elle ne revient pas du supermarché !

Il la tutoie. Le privilège de l’âge.
Une dizaine d’années qu’il la connaît. Depuis que ses parents se sont installés à côté de chez eux.
C’était une enfant alors.
Quand elle était petite, Il lui est arrivé de la déposer à l’école pour rendre service à ses voisins.
Elle est aussi venue chez lui pour jouer avec ses propres enfants. Ils sont un peu plus âgés.

Relations de voisinage, somme toute assez classiques.

C’est en regardant les autres que l’on mesure le temps qui passe !

« J’ai voulu rentrer du lycée à pied avec une copine. Mauvaise pioche ! »

Le trajet est court. Pas le temps de refaire le monde.
Guillaume la laisse devant chez elle.
Elle se précipite au dehors de la voiture et court tête baissée vers la maison.

Il jette un petit regard machinal sur ses fesses, apprécie, et poursuit son chemin pour quelques mètres.

Portail automatique.
Porte de garage automatique.

Le progrès a du bon !

Il s’apprête à répéter des gestes quotidiens.
Aller dans le frigo, prendre un bière, se couper quelques tranches de saucisson et s’asseoir dans le fauteuil du salon quelques minutes…

Mais déjà quelqu’un sonne.

Qui peut bien venir m’emmerder ?

Il ouvre la porte d’entrée.

Waouh !

« Monsieur Rolland, je peux attendre mes parents chez vous ? J’ai oublié la clé de la maison et mes parents ne sont pas arrivés »

Stéphanie est devant lui, dégoulinante.

Mais la pluie lui a moulée le buste de façon impudique et laisse apparaître une petite poitrine ferme retenue par un soutien gorge à fleurs.
Et la jupe, emportée par le poids, découvre le haut d’un string.

« Par un soir de novembre, à cheval sur les toits,
Un vrai tonnerre de Brest, avec des cris de putois,
Allumait ses feux d'artifice.
Bondissant de sa couche en costume de nuit,
Ma voisine affolée vint cogner à mon huis
En réclamant mes bons offices. »

Guillaume, sans s’en rendre compte sifflote l’air de « l’orage » de Brassens, et reste médusé quelques secondes avant de réagir.

« Bien sûr Stéphanie, entre »
La fille, toute occupée à se protéger des gouttes n’avait pas encore réalisé les effets avantageux de la pluie.
Effets avantageux pour qui sait regarder et apprécier.

Guillaume est un amateur éclairé.

Le regard appuyé de son voisin qui la détaille de haut en bas lui en fait prendre conscience.

Elle est gênée tout à coup, hésite à rentrer.
Pas la peur, non.
Elle s’est déjà retrouvée nue avec des camarades. Elle a déjà couché avec son copain du moment.
Mais justement, avec des jeunes de son âge.
La normalité.

Mais là, c’est un vieux ! Un voisin. Un ami de ses parents.

D’accord, il est gentil, il a de l’humour. Il n’a pas l’air de se prendre la tête.

Mais quand même ! Stéphanie a de la pudeur.

C’est vrai aussi qu’elle lui trouve du charme avec ses cheveux grisonnants et son sourire enjôleur.

« Bon Stéphanie, tu attends que le vent te pousse à l’intérieur ? »

« Je suis seule et j'ai peur, ouvrez-moi, par pitié
Mon époux vient d'partir faire son dur métier
Pauvre malheureux mercenaire
Contraint d'coucher dehors quand il fait mauvais temps
Pour la bonne raison qu'il est représentant
D'un' maison de paratonnerres »

Cet air continue de résonner dans la tête de Guillaume.

J’ai un paratonnerre qui pousse entre les jambes. Mais il ne protège pas contre les coups de foutre.

« Te voilà bien arrangée. Va dans la cuisine je vais chercher de quoi t’essuyer »

Guillaume sent aussi que des ailes lui poussent. Il va prendre la fille en main.
Pas de temps à perdre.

De retour dans la cuisine, d’autorité il couvre les cheveux de Stéphanie d’une serviette et frotte énergiquement.

Elle rit.

« Allez, débarrasse-toi de ce débardeur » Mais sans attendre il prend l'initiative et le fait passer par-dessus sa tête.

La surprise laisse Stéphanie sans réaction.

Guillaume en profite pour faire sauter l’attache du soutien gorge, et il commence à essuyer son dos.
Ses gestes sont plus doux.

Le cou, les épaules.
Il prend son temps.

Stéphanie crispée dans un premier temps finit par se détendre et commence à trouver la situation excitante.
Si dans un premier temps elle avait retenu son soutien-gorge par devant, elle finit par le laisser tomber sur le sol.

Doucement elle se laisse aller.
Elle se laisse envahir par une douce chaleur.

Et puis, et puis…

La serviette devient prétexte.
La serviette devient jouet.

Les seins se réchauffent au contact des mains.
Les seins pointent toujours, mais maintenant pour montrer leur plaisir

Stéphanie n’a plus de doute sur les intentions de son voisin. Il veut la baiser.
Stéphanie n’a plus de doute sur son envie de se faire baiser.

La jupe et le string glissent le long de ses jambes.

Stéphanie est en attente, les sens en éveil.
La serviette essuie, frôle, caresse. La serviette s'échappe.
Les mains frôlent, caressent.


Un doigt ouvre sa fleur. Elle est mouillée et la pluie n’y est pour rien.
Une langue la fouille et se désaltère.

« J’ai un copain… » Stéphanie tente sans y croire et sans le vouloir d’arrêter l’histoire.

"En bénissant le nom de Benjamin Franklin
Je l'ai mise en lieu sûr entre mes bras câlins
Et puis l'amour a fait le reste
Toi qui sèmes des paratonnerr's à foison
Que n'en as-tu planté sur ta propre maison
Erreur on ne peut plus funeste"

Allongée sur la table elle se fait baiser par Guillaume et elle aime, elle aime.

Une queue cinquantenaire, mais une queue qui a du doigté.

Elle est à la fois la caresse qui fait vaciller et le pieu qui emporte.

Elle alterne la lenteur qui attise et la vitesse qui enflamme.

Stéphanie jouit avec Guillaume.

« Quand Jupiter alla se faire entendre ailleurs
La belle, ayant enfin conjuré sa frayeur
Et recouvré tout son courage
Rentra dans ses foyers fair' sécher son mari
En m'donnant rendez-vous les jours d'intempérie
Rendez-vous au prochain orage »

...
Mais elle n'est pas revenue

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