J'aimerais oublier de vivre
Quand je vois le ciel de ma fenêtre, je me dis que je pourrais m'en aller, loin d'ici. Si seulement...
Fausse idée. Fausse façon de vivre. On m'a toujours dit de rester dans cette chambre, mon univers, ma prison. De mon lit j'observe ce qui m'entoure. Mon bureau qui est enseveli de papiers, mes croquis, mes mots sans aucunes significations. Cette table qui accueille mes repas, mes jeux, mes pleurs. Cette porte,qui reste toujours fermée.
Je respire, mais pourquoi ?
Je rêve, mais pourquoi ?
J'existe, mais pourquoi ?...
Les jours passent, s'entrelacent. Depuis combien de temps n'ai-je pas entendu des paroles ? Une voix qui aurait le pouvoir de me sortir de cette solitude infinie.
Sans fermer les yeux, j'imagine le monde, celui qui m'entoure et que je ne connais pas.
Cette étendue d'eau, dont j'ai appris l'existence dans un des seuls livres que je possède, se nommant Océan. Elle serait d'une couleur bien plus sombre que le bleu du ciel. J'aimerais bien y plonger, me laisser emporter, puis couler dans ses profondeurs inexplorées.
J'ai peur, je tremble. Tout ce que je connais n'est autre que cette maudite chambre. Je tourne en rond entre ces murs qui entravent mes déplacements. Je contemple les nuages, avec leur apparence moelleuse, s'en allant au loin de moi. Ne pourraient-ils pas m'emmener avec eux ? Pour ainsi, pouvoir me pavaner dans les airs, sous le soleil ardant qui n'a jamais effleuré ma peau de porcelaine.
J'envie la vie que je ne pourrai jamais vivre. La vie que je façonne depuis mon enfance. La folie commence, doucement, à se faufiler dans mon esprit brisé. Mon cœur bat contre ma poitrine, battements qui ne cessent de resonner jusqu'à mes oreilles. Je voudrais qu'il cesse de fonctionner, pour que mes nuits soient plus tranquilles. Non, il continue, me narguant...
Je voudrais oublier d'exister. Tout simplement. Oublier.
Le jour se lève sur la planète Terre. J'ai passé ma nuit à essayer de briser cette vitre avec tout ce que j'avais. Je l'ai à peine fissurée, restant toujours une rempart. Je boue, je craque. Mes hurlements résonnent dans les couloirs de cette haute tour. Je les entends se propager dans tous ses recoins. D'autres cris se font entendre, autres que les miens. Ils sont puissants, désespérément puissants. Combien sommes-nous dans cet endroit ? Je ne suis pas la seule à être enfermée, prisonnière de ces personnes sans visage. Ô que ma peine est grande en comprenant que m'échapper restera une vague idée dans mon esprit. Personne ne peut s'en aller.
Attendre. Encore une fois, attendre. Attendre que ma fin vienne. L'espoir s'en est allé au gré du vent du mois de Mai. Oui, je ne suis qu'une petite parcelle d'un monde dépourvu d'empathie. Fuir m'est impossible, alors je me recouche dans mon lit. Je fixe le plafond, tandis qu'une larme coule avec lenteur sur ma joue.
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