5ème partie
Femme : Vous n'êtes pas tendres, messieurs. Je le trouvais plutôt chou et amusant moi, ce jeune Théo. J'ai apprécié ses jeux de mots. Il faut dire que j'ai la tête tellement farcie de vos nombreuses explications, que son one-man-show m'a fait un bien fou (sourire)
Le neurobiologiste : Mmm... Bête comme chou... Un gentil petit gars au fond. Un peu bête mais pas méchant. Une gueule d'ange avec de la douceur dans les yeux, et l'innocence de la jeunesse... Oh ! Rien de bien méchant là-dedans, ne croyez-vous pas monsieur Huicentsoixante ?
Le scientifique : Pfft... Qui fait l'ange fait la bête...
Le neurobiologiste : Mmm... N'est pas bête celui qui pense l'être....
Le scientifique : Plaît-il ?
Le neurobiologiste : Mmm... rien... rien... Continuons...
Femme : Où en étions-nous ?
Le neurobiologiste : Ah oui ! Aux soupes de monsieur Huicentsoixante et à nos grands-parents les singes ! (rires)
Le scientifique : Monsieur Poste, je le vois votre manège. Je vois bien que devant mademoiselle Niouy, vous tentez de me faire passer pour un menteur. Je vois bien que vous essayez de détruire le travail de cent cinquante ans de labeur scientifique, au seul prétexte que vous n'admettez pas l’hypothèse que l’homme ne soit pas la pierre angulaire de la "Création", mais une minuscule brindille dans l’arbre de l’évolution ! Mais redescendez de votre piédestal le soi-disant "élu de Dieu"! Vous n'êtes pas plus sorti de la cuisse de Jupiter que de celle de votre prétendu "grand créateur" !
Le neurobiologiste : Avant que je redescende, allez donc grimper dans votre arbre avec vos amis les singes, si le cœur vous en dit ! Restez-y tant que vous voudrez, sur votre branche. Régalez-vous de bananes avec vos semblables et laissez-nous discuter !
Le scientifique : Vous êtes vraiment tombés sur la tête, les religieux !
Le neurobiologiste : Je vous le confirme, nous sommes fous aux yeux du monde ! Pour vous, c'est selon : soit nous sommes des illuminés, des mystiques, des fragiles qui ont besoin d'une béquille pour avancer ou bien des doux rêveurs... Mais toutes ces dénominations ne sont rien au regard de la persécution subie par notre maître. Ce n'est que peccadilles, comparé au grand nombre de martyrs succombant pour leur Foi. Et puis, l'apôtre Paul nous a mis en garde il y a deux mille ans de cela. Il nous a dit que si quelqu’un parmi nous pensait être un sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou pour devenir sage. Pfft... Oui, nous sommes des fous... Des fous de Dieu...
Le scientifique : Folie ! Vous et vos sectes, vous êtes des fous !
Le neurobiologiste : L'homme animal que vous êtes, ne peut recevoir les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui. Il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge...
Femme : Stop ! Stop ! Stop ! Stop ! Ne repartez pas sur le terrain de la querelle, on croirait deux enfants qui se chamaillent. Messieurs, je vais finir par clore le débat si vous n'arrivez pas à garder votre calme ! Est-ce cela que vous voulez ? Voulez-vous que je prenne mes clics et mes clacs, et que je vous laisse tous les deux ?
Le neurobiologiste : Non... Bien sûr que non. Emporté par ma passion pour la vérité, j'ai manqué de sagesse. Veuillez me pardonner...
Le scientifique : Oui, ce comportement est ridicule. Excusez-moi mademoiselle.
(Ils sont interrompus par un homme ébouriffé, qui arrive essoufflé en marchant vite)
Le chrétien : Ah ! Mademoiselle Niouy, je vous cherchais partout ! J'ai fouillé tous les bureaux et interrogé tous les collègues pour vous retrouver, et voilà que je tombe sur vous alors que je venais pour boire un verre d'eau fraîche ! Il faut dire que j'ai eu chaud à vous courir après ! J'avais très envie de me désaltérer. Et, heureux hasard, c'est à la cafétéria que je vous trouve !
Femme : Il n'y a point de hasard, monsieur Labrosse. Le hasard, dit-on, c'est Dieu qui voyagerait incognito. Enfin... selon Einstein...
Le chrétien : Je vous le confirme mademoiselle ! Je dirais même plus, il n'y a pas de hasards il n'y a que des volontés de Dieu.
Femme : Si vous le dites...
Le chrétien : Messieurs... bonjour...
Le scientifique : Monsieur Hu-I-centsoixante Patrick.
Le neurobiologiste : Monsieur Poste Henri.
Femme : Messieurs, je vous présente Adam Labrosse, un merveilleux collègue de travail et un fervent chrétien. Tous les deux, vous devriez bien vous entendre, monsieur Poste.
Le chrétien : Tiens donc ? Et pourquoi ?
Femme : Monsieur Poste est un croyant lui aussi !
Le chrétien : Ah ! Fantastique ! Je suis heureux de faire la connaissance d'un frère sur mon lieu de travail ! De quelle communauté êtes-vous ?
Le neurobiologiste : Je suis un S.E.F.
Le chrétien : Ah... (Moue désappointée)
Le scientifique : Qu'est-ce donc qu'un S.E.F. ?
Le chrétien : Un "sans église fixe"...
Le neurobiologiste : Oui ! Mais fidèle à Dieu !
Le chrétien : Déçu des églises locales ?
Le neurobiologiste : Plutôt, "disciple itinérant", par vocation... et aussi par anticonformisme...
Le chrétien : Bien... bien... bien... Et que faites-vous dans nos murs ?
Le neurobiologiste : J'avais un rendez-vous.
Femme : Adam ! Puisque vous voilà parmi nous, pourquoi ne pas vous joindre à nous et m'éclairer de vos lumières ?
Le chrétien : De mes lumières ? Mais sur quoi pourrais-je donc vous éclairer, chère Ninon ?
Femme : Je m'interrogeais pour savoir si l'être humain était un animal comme les autres ?
Le chrétien : L'être humain ! Un animal ! Mais quelle abomination ! L'homme est à l'image de Dieu et ne peut être un animal !
Le neurobiologiste : Je m'évertue à leur dire...
Le chrétien : Le 6ème jour, Dieu créa l'homme et lui demanda de nommer les animaux.
Le scientifique : Si je ne m'abuse, votre Dieu a crée l'Adam, mâle et femelle. "Mâle et femelle", ça veut tout dire !
Le chrétien : Oui, dans sa nature charnelle et première, l'Adam était effectivement "mâle et femelle", mais Dieu fit sortir l'Ève, qui symbolise la femme, de sa côte. C'est par cette séparation que l'Adam entra dans son identité d'homme. L'Adam représente le genre humain. Il était à la fois féminin et masculin. à ce couple, Dieu a donné une mission commune : celle de croître, de se multiplier, de remplir la Terre et de dominer sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la Terre et sur tous les reptiles qui rampent sur la Terre. Quant à la part d’animalité présente dans l’Adam, celle-ci nous est transmise par notre corps et par ses besoins charnels. C’est contre cette nature prégnante et instinctive que nous devons lutter pour tendre à Sa ressemblance. (Doigt pointé vers le ciel)
Le scientifique : Dieu ! Dieu ! Dieu ! Vous n'avez que ce mot à la bouche, les religieux ! Ça en devient assommant !
Le chrétien : Religieux ? Mais quel toupet de me traiter de "religieux" ! Je ne suis pas un religieux monsieur ! Je suis un adorateur en Esprit et en Vérité ; un témoin de la Foi ; un disciple ayant une relation personnelle avec son Dieu ; un chrétien sincère et fier de l'être !
Le scientifique : Vos appellations ne me sont d'aucun intérêt ! Que vous soyez "truc ou machin", m'est bien égal. Tout ce que je vois, c'est que la religion formate ses ouailles et qu'elle leur fait répéter les mêmes discours !
Le neurobiologiste : Ah ça ! Parlons-en de formatage ! Vous les évolutionnistes qui formataient les cerveaux de nos gamins par de faux documentaires et par le biais de dessins trafiqués dans leurs livres scolaires, vous avez l'audace de nous accuser de formatage !
Le chrétien : Monsieur Huicentsoixante ! Je ne m'abaisserai pas à répondre à vos attaques ! Que vous méprisiez mes croyances, m'importe peu ! Seulement, en me manquant de respect et en méprisant mes convictions, c'est mon Dieu que vous outragez ! Je n'ai pas à défendre ma cause ! Je laisse mon avocat dans le ciel s'en occuper et me rendre justice ! Je le laisse plaider pour moi ! Tenez-vous le pour dit !
Le scientifique : Oh là là, je tremble (ton ironique)
(Le pers 3 s'écarte. Il va se servir un café tout en psalmodiant un verset à mi-voix)
Le chrétien : Par celui qui dit que l'homme animal ne reçoit pas les choses de l'Esprit de Dieu car elles sont une folie pour lui ; qu'il ne peut les connaître, parce que c'est spirituellement qu'on en juge. C'est lui et lui seul qui me rendra justice ! Oui, car à lui et à lui seul, la rétribution !
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