7ème partie
(Le jeune livreur refait une apparition)
J-homme : Z'êtes encore là m'sieurs-dame ? Ben dites-donc, vous z'en avez drôlement des choses à vous raconter !
Femme : Et vous, Théo ? Que faites-vous encore dans nos locaux ?
J-homme : Les colis que j'devais récupérer, sont toujours pas prêts, alors j'tourne et j'vire dans les couloirs en attendant. Pis, j'me suis dit qu'un p'tit café s'rait pas de refus, et me revoilà revenu ici. Quelqu'un aurait-il un p'tit euro pour un béta comme moi ? Le café, c'est pas gratis, hein !
Le scientifique : Ah ça ! Jeune homme ! Je dois dire que vous êtes un beau spécimen de ce qu'est l'homme-animal ! Vous feriez un excellent modèle pour nos expériences !
(Pers 1 a un rire tonitruant)
J-homme : Oh, calmos ! Pour vous, j'suis p't'être qu'un benêt, un analphabète, ou le livreur bébête qui fait le bêta pour vous faire rire, mais ça veut pas dire que j'suis un rat de laboratoire ! J'suis pas volontaire pour me faire analyser et disséquer ! Et pis, hé ! Ho, hé, me regardez pas comme ça, les savants fous ! Vous me faites peur avec vos têtes bizarres ! Faites gaffe, vous approchez pas trop près, hein ! Y a une bête féroce qui sommeille en moi !
(Le jeune homme serre les poings et les lève à hauteur de son torse.)
Femme : N'ayez crainte Théo, personne ne vous veut de mal ! Ces messieurs sont juste un peu nerveux. Ils défendent becs et ongles leurs points de vue, mais ce ne sont pas des méchants.
J-homme : P't'être bien m'dame, que malgré leur grand savoir, il leur manque quand même l'amour...
Femme : Peut-être... Peut-être.... L’amour ? Est-ce que nous-mêmes, n’en manquons pas ? Sommes-nous dignes de notre humanité ? Qu’en pensez-vous Théo ? Qu’en pensez-vous, vous qui sous vos airs de garçon simple et amusant, semblait avoir beaucoup de discernement ? Pouvons-nous encore nous prévaloir de notre identité d’humain, quand l’amour et la compréhension de l’autre, font défaut ?
J-homme : Ben m’dame, j’dirais que c'est pas parce qu’y en a certains qu’ont une langue de vipère et que d'autres ont une haleine de cheval, que c’est des bestioles ! Tenez, moi par exemple, on dit que j'suis têtu comme un âne et doux comme un agneau. Ben, c'est pas pour ça que j'suis un animal ! Et vous m'dame, avec vos yeux de biche et vos jolies jambes de gazelle, vous n'êtes pas non plus un animal ! Non... Au contraire... (Yeux séducteurs à la femme, qui flattée, rougit et entortille ses doigts). Non, on n'est pas des bêtes, on est juste bêtes de plus savoir aimer...
Femme : Probablement... Probablement....
J-homme : Et vous le scientifique ! Bien que vous ayez une tronche de vieux loup de mer et que vous gueuliez comme un putois, vous z'êtes pas pour autant un animal ! Ben ouais ! Qu'on soit jeunes, vieux, riches, pauvres, intellos ou pas, on est des hommes avant tout ! On est des humains qui squattons la même Terre et qui doivent tout faire pour y vivre ensemble en bonne intelligence !
Le scientifique : Gueulez comme un putois ? Mais, qui vous permet ? Je ne gueule pas comme un putois !
J-homme : Ben si, vous gueulez comme un putois ! Ça fait dix minutes, que j'vous entends brailler depuis le couloir. Dix minutes que j’vous entends vous bouffer le nez ! Alors, j'ai pensé... Ben ouais... parce qu'un bête comme moi, ça pense des fois... Un pense-bête...??? Vous saisissez ou vous êtes trop calés pour comprendre mes bêtes jeux de mots ? Ok, ça vous détends pas les zygomatiques. Pas grave... Ouais, donc, j’me demandé à quoi servait d'avoir des kilos de connaissances pour se parler comme des chiens ? Hein ? A quoi, ça vous sert, m'sieurs?
(Silence)
J-homme : Vous savez, m’sieurs-dame, moi j'suis pas une lumière. J'ai pas inventé la poudre ni le fil à couper le beurre. Hein ! J’suis p't'être juste un p'tit gars avec des ambitions plus grandes que lui, mais j’suis aussi un gars qui se demande pourquoi des gens aussi cultivés que vous, ça cherchent toujours à avoir le dernier mot. Hein, ça sert à quoi de savoir qui a tort ou qui a raison ? Et si pour une fois, l'amour l'emportait sur la raison ? Vous en pensez quoi ? Et si on disait que la sagesse obligerait le savoir à se taire, pour une fois ? Et si l'respect de l'autre devenait plus important que d’savoir qui dit vrai ou qui dit faux ? Hein, m’sieurs ? Vous en penseriez quoi, bande d'humains que vous êtes ?
Femme : Comme cela est bien dit. Et si, au fond l'humain avait perdu son statut d'homme en perdant aussi le respect ? C’est vrai que la notion de respect se perd de plus en plus... Cela m’amène à une autre question. Peut-on continuer à se prévaloir de notre statut d'homme, lorsqu'on ne sait plus respecter notre prochain, la création animale, la Terre qui nous porte et nous nourrit ? Et si l'humain était devenu un animal pire que les autres ?
J-homme : Allez ! Sur ces bonnes paroles, j’arrête de vous embêter et j'retourne bosser. Faut bien, si j'veux réaliser mes rêves de monter un jour sur les planches ! Allez, salut la compagnie ! Et oubliez pas de vous respecter !
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