Clarisse et les enfants
– Ah…
Ah ? Quoi maintenant ? Je vois Viviane se retourner.
– C’est là, Maman ?
– Mais oui, vas-y, ma puce.
– Papa ! Papa !
Je n’ai pas le temps de paniquer que Jules et Chloé se pressent déjà sur moi avec des sourires luisants…
Zoé, Stan, pas Chloé !
– Bonjour mes chéris !
Je les serre contre moi en les embrassant comme je peux, sur le côté, l’un après l’autre. Ils me dévisagent avec les yeux du bonheur et je fonds… Tes enfants, Rémi… Tes enfants, Stan. Mon cœur s’emballe.
– Zoé… Jules…
Viviane et Raymond s’écartent pour laisser passer Clarisse. Elle aussi me sourit. Elle voit mes yeux humides et s’approche de moi. Ma poitrine va exploser. Un instant je vois Nelly…
– Bonjour, mon amour, soufflé-je, en pressant mes lèvres contre les siennes.
Qu’est-ce que tu fais, Stan ?
– …Bonjour, mon chéri… Ça va mieux ?
Je hoche la tête. Elle s’écarte et s’assoit près de moi. Quelque chose dans ses yeux. De l’amour… Un sourire… Une larme… Comme une surprise… Putain, elle m’a vu ! Elle sait.
Mais non, comment pourrait-elle savoir ?
Peut-être que Rémi ne l’appelle pas « mon amour », peut-être qu’elle est gênée à cause de ses parents. Et Nelly, alors ? Quoi, c’est juste un jeu, comme au théâtre et au cinéma, non ? Les acteurs s’embrassent bien dans les films… Tu es Rémi. Je joue Rémi.
– Alors, t’es bien réveillé cette fois, papa ?
Et les enfants, ils jouent, eux ?
– …Mais oui, ma chérie, pourquoi tu dis ça ?
– Bah parce que tu te souvenais pas de comment je m’appelle hier, répond Zoé, avec un rire gêné de petite fille.
Gloussements embarrassés. Je souris. Je sens une légère tension dans la pièce. Je vois que tous les yeux me regardent. Regardent Rémi.
– Je suis désolé, ma puce. Tu sais, papa ne savait pas très bien où il était quand il s’est réveillé la première fois, la rassuré-je en caressant ses cheveux roux. Il a fait des mauvais rêves et il avait oublié plein de choses…
– Même le prénom de maman, tu sais, ajoute Clarisse, en posant sur moi un regard à demi-amusé.
J’ai la tête qui tourne… Tu l’as appelée Clara, Stan. J’ai demandé à voir Nelly… Mais elle ne va quand même pas s’imaginer que Rémi avait une aventure ?
– Et moi, papa, t’avais oublié mon nom ?
– Mais non, Jules, je ne t’ai pas oublié ! Viens-là, mon chéri que papa te fasse un câlin…
Je suis Rémi. Je suis papa…L’atmosphère se détend.
– Au moins tu as pu partir du travail assez tôt ce soir, Clarisse, reprend la mère de Rémi pour faire la conversation.
– Oui, j’ai eu de la chance, ma dernière réunion a été annulée. Cécilia est allée chercher les enfants à l’école, je suis passée les prendre juste après et on est venu directement de la maison.
– C’est bien… Au fait, Jules, raconte à papa ce que tu as appris aujourd'hui, poursuit Viviane.
– J’ai appris à écrire les deux premières lettres de mon nom.
– De ton prénom, Jules.
– De mon prénom…
– C’est bien, mon grand ! Il va falloir que tu me racontes tout ce que tu as fait à l’école pendant que papa dormait, hein ? Et toi aussi, Zoé.
– Ouais, c’est super fastoche, moi je sais écrire mon nom et mon prénom, d’abord.
– Oui, mais toi t’es plus grande, ma puce, intervient Clarisse.
– Jules, c’est encore un bébé !
– Zoé !
– Je suis pas un bébé ! Papa, dis-lui !
– Zoé, sois gentille avec ton petit frère. Et fais attention à ma jambe, s’il te plaît. Papa a encore mal au genou, tu sais…
Voilà la parfaite photo du bonheur. Le papa enfin réveillé après son accident, entouré de sa jolie femme, de ses deux adorables enfants et de ses parents… Tout est parfait dans le meilleur des mondes… Tu serais heureux, Rémi, je te jure.
Et toi, Stan, tu es heureux ?
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