Je me lève. Nous sommes au-dessus du brouillard, et la vue est si belle.

La nuit est encore dense, et les lumières de la ville ont disparu, englouties par la brume épaisse. Même les bruits semblent s’être éteints, absorbés par ce manteau cotonneux.

Je t’invite à contempler cette beauté silencieuse à mes côtés. Je pourrais rester des heures ici, enveloppé dans la couette, juste à attendre que le jour se lève, sans rien dire, juste écouter le murmure du silence.

Je veux savourer chaque instant de cette journée, ressentir chaque détail, me laisser imprégner par le moment, car aujourd'hui, tout est précieux.

Je me lève enfin, je m’habille doucement. L’envie de sortir, de marcher dans ce matin encore endormi, me prend soudain.

Enfile ton jogging chaud, un sweat à capuche, un bonnet. La forêt nous attend, il suffit de grimper un peu. Prends ma main, et viens, je vais te montrer la beauté du monde avant le réveil.

La montée est dure et froide, mes joues sont glacées. Mon souffle est plus court que d'habitude, comme si mon corps avait lui aussi besoin de se réveiller lentement. À côté, je t’entends respirer plus profondément ; nos pas bruissent dans les feuilles mortes qui tapissent le chemin.

Autour de nous, la forêt murmure. Elle est bien vivante, contrairement à la ville plongée dans la brume et le sommeil. Chaque bruit, chaque craquement d’une branche, chaque frémissement dans les feuillages, semble nous rappeler que la vie persiste ici.

Après trente minutes d’ascension, nos joues sont rougies par le froid, et nos souffles deviennent des nuages. On passe devant le vieux cimetière, puis à travers un champ, jusqu'à atteindre enfin le sommet, où un banc solitaire nous attend. De là, on domine la ville, les montagnes se dressent, immobiles, comme des gardiens silencieux.

Je m’assois et décide d’attendre ici, patient, le lever du soleil, le moment où le monde ouvrira les yeux. Tu te blottis contre moi, et je sens ta tête s’alourdir sur mes cuisses. Je passe une main dans tes cheveux, doucement.

Lentement, le ciel s’éclaire, la lumière se lève et éclaire le monde qui revient à la vie. Mais toi, tu t’évanouis.

Au fond de mon cœur, une douleur familière se réveille, reprenant sa place.

Aujourd’hui, c’est ton enterrement. La maladie t’a volé la plupart de tes jours. Alors laisse-moi, juste pour un instant de plus, profiter de cette aube. Laisse-moi graver chaque détail de toi, me souvenir de chaque instant, pour ne rien oublier de toi.