Je retournais dans ma chambre avec ma trousse de secours, dans laquelle étaient rangés compresses, désinfectant et tout un tas de matériels de premiers soins. Je m’accroupis auprès de Pauline, assise sur mon lit.

- Pauline ? Il faut en parler, on peut pas continuer comme ça. Elle nous persécute même en dehors du lycée maintenant. Ça peut plus durer, lui dis-je doucement en sortant une compresse et en nettoyant son visage tuméfié.

- Non… s’il te plaît Em’, je ne veux pas que ça se sache, mes parents m’enfermeraientt chez moi si ils savaient qu’on me frappe, répliqua-t-elle affolée.

J’observais son visage, elle avait l’arcade sourcilière ouverte et la lèvre fendue, en plus de ça, son nez saignait et un bleu commençait à se former sur sa pommette droite. Elle avait encore été agressée par des jeunes du lycée en venant chez moi, et une fois encore, je n’avais rien pu faire pour la protéger. Je m’en voulais, comme d’habitude, mais quoi que je fasse, je ne pouvais rien y changer. Je sentis la main de Pauline se poser sur la mienne toujours sur sa cuisse, me sortant de ma contemplation.

- Ça va ?

- Bien sûr que non, tu te fais frapper et moi je ne fais rien pour t’aider, je suis nulle ! m’écriai-je alors que des larmes de nerfs coulaient le long de mes joues.

- Calme-toi, c’est pas de ta faute, tu fais ce que tu peux. Emilie, ce n’est pas de ta faute, d’accord ?!

- Hum…

Voyant que je n’étais pas totalement convaincue, elle avança ses mains vers moi et rapprocha mon visage du sien. Je plongeais mon regard dans ses yeux noisette que j’aimais tant. Pauline posa délicatement ses lèvres sur les miennes tandis que je passais mes bras autour de sa taille. J’étais folle amoureuse d’elle, mais cet amour était en train de nous détruire à petit feu, elle comme moi. Soudain nos portables sonnèrent brisant le calme de ma chambre. On se sépara pour récupérer nos téléphones. Je déverrouillais le mien et ouvris le message venant d’un numéro inconnu : « Salut, c’est Nathanaël Courdec, je me demandais si vous étiez partant pour fêter Halloween avec moi ? Je vous rassure, je ne fais pas ça par amitié, je sais que comme moi vous avez quelque chose à reprocher à Lucie Baschet. Je vous propose donc une vengeance, on doit préparer une fête pendant laquelle on lui fera la peur de sa vie. Alors c’est bon pour vous ? Rdv devant le lycée à 18h demain. »

- Emilie ? J’ai reçu un message bizarre…, murmura ma petite-amie en se faufilant dans mes bras.

- Moi aussi, tu crois qu’on devrait accepter ? demandai-je curieuse de connaître le plan de Nathanaël.

- J’n’en sais rien, j’ai peur et si c’était encore un piège. Je veux plus avoir mal, je veux plus souffrir, sanglota-t-elle.

- Eh, je te promets que plus jamais personne ne te fera du mal, et tu sais pourquoi ?! Parce qu’on va aller à cette fête et qu’on va lui faire passer l’envie de nous harceler, ok ?

- Hum, d’accord, chuchota-t-elle.

J’envoyais donc rapidement une réponse positive à Nathanaël, puis je me recouchais à côté de Pauline.

- Em’ ?

- Oui ?

- C’est horrible à dire mais je crois que c’est ce que je voudrais…

- De quoi tu parles Pauline ? Tu me fais un peu peur là, fis-je inquiète.

- Je… j’aimerais que Lucie n’existe pas, qu’elle souffre autant qu’on a souffert, en fait je voudrais qu’elle meure, déclara-t-elle tout bas.

- Oh, t’en fais pas, c’est ce que je pense aussi.

- Vrai ?

- Juré.

Oui, je ne mentais même pas pour la rassurer. Moi aussi je souhaitais la mort de Lucie. Mieux je voudrais la tuer de mes propres mains pour ce qu’elle et ses sbires ont fait subir à Pauline.